Réforme de l’enseignement: des responsables mis au banc des accusés

Le360 : Adil Gadrouz

Revue de presseKiosque360. Le Programme d’urgence de l’Education nationale, qui a englouti 47 milliards de dirhams, refait surface dans l’enceinte du Parlement. Plusieurs responsables gouvernementaux sont mis au banc des accusés pour corruption, clientélisme et opacité dans l’octroi des marchés publics.

Le 24/07/2018 à 20h41

L’affaire d’un responsable gouvernemental qui aurait indûment bénéficié d’un marché juteux dans le cadre du Programme d’urgence de l’Education nationale, revient sur le tapis à la Chambre des représentants. C’est le groupe du PJD qui, lors d’une séance consacrée aux questions adressées au chef du gouvernement, lui a demandé de dévoiler les dossiers relatifs à ce programme épinglés pour corruption, clientélisme et opacité dans l’attribution des marchés publics. Plusieurs bureaux d’études sont mis à l’index, dont celui appartenant à un ministre du gouvernement actuel qui a décroché un marché, par entente directe, d’un montant de 25 millions de dirhams, en contrepartie de quelques auditions.

Selon notre confrère Al Massae dans son édition du mercredi 25 juillet, l’octroi de ce marché aurait été facilité par un ex-ministre du secteur. Ayant compris que les critiques du PJD visaient l’un des leurs, des membres du PAM ont réagi en exigeant l’ouverture d’une enquête sur tous les marchés inhérents à ce Programme et la publication de ses résultats, pour mettre un terme à toutes ces allégations. Le PJD avait affirmé, auparavant, que tous les plans et programmes initiés depuis 1957 pour réformer le système d’enseignement national ont échoué dans l’élaboration d’une véritable stratégie de développement. Le dénominateur commun de toutes ces tentatives réside dans une approche qui encadre l’élève sans jamais arriver à le cerner. Ces plans ont, par ailleurs, éludé l’évaluation des ressources humaines et n’ont pu sensibiliser la société à l’importance de l’école.

Hassan Adili n’y est pas allé avec le dos de la cuillère: «Malheureusement, ces programmes de réforme de l’enseignement n’ont servi à certains responsables qu’à dilapider l’argent public. L’exemple du Programme d’urgence est édifiant quant à l’ampleur des malversations et des détournements: marchés publics douteux dans l’achat des équipements didactiques, le recours à des sociétés de sécurité et de gardiennage, des cabinets d’études et autres. L’opinion publique nationale attend toujours que la vérité sur ces scandales soit rendue publique et que les responsables soient traduits devant la justice.

Le groupe du PJD devant la Chambre des représentants a mis l’accent sur l’absence d’une volonté et d’une vision claire de réforme, ajoutant que le budget de l’enseignement constitue 25% du budget de l’Etat. Du coup, tout le monde s’accorde à dire que le Maroc n’a pas dépassé les problèmes structurels dans lesquels patauge le système d’enseignement et de de formation. Autrement dit, concluent les PJDistes, les moyens financiers ne suffisent pas, à eux seuls, à réaliser la réforme escomptée depuis des décennies.

Le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, n’a pas non plus manqué d’évoquer la responsabilité de certaines parties dans les dysfonctionnements qu’a connus le Programme d’urgence de l’Education nationale. Il a, par ailleurs, annoncé que le gouvernement consacrerait un budget de 30 milliards de dirhams à un projet de généralisation de l’apprentissage. El Othmani a, malgré tout cela, loué l’efficacité de l’école publique: «Nous devons être fiers de l’enseignement public qui a formé des élites qui réussissent dans des concours à l’échelle internationale. C’est vrai qu’il existe des carences mais il ne faut pas, pour autant, minimiser le rôle que joue cette école. Nous avons aujourd’hui une vision stratégique de réforme et non pas des semblants de réformes temporaires destinées à calmer les esprits.»

Par Samir Hilmi
Le 24/07/2018 à 20h41