Retour des Daechiens: voici pourquoi le Maroc a bien fait de les rapatrier

DR

Revue de presseKiosque360. La décision du Maroc de rapatrier certains de ses concitoyens qui ont combattu dans les rangs de Daech en Syrie s’inscrit dans un cadre pragmatique, sécuritaire, mais aussi humanitaire. C’est du moins l’avis de l’expert en questions militaires et stratégiques, Abderrahmane Mekkaoui.

Le 12/03/2019 à 20h25

Contrairement à plusieurs pays, notamment européens, le Maroc, sans pression de qui que ce soit, a décidé souverainement de récupérer un bon nombre de ses concitoyens qui combattaient dans les rangs de la nébuleuse terroriste de Daech, en Syrie. Selon le professeur universitaire Abderrahman Mekkaoui, expert en questions militaires et stratégiques qui s’exprime dans les colonnes d’Assabah pour son édition du mercredi 13 mars, ce rapatriement entre d’abord et surtout dans la stratégie globale de lutte contre le terrorisme. Ces djihadistes marocains, faits prisonniers par les combattants kurdes syriens, alliés des forces américaines, sont pour la plupart blessés et souffrent malnutrition ou de maladies mentales, précise Mekkaoui. Et d’ajouter que ce sont les Etats-Unis et le Qatar qui se sont chargés de la logistique de leur rapatriement au Maroc.

La solution du retour est d’autant plus judicieuse que ces éléments, désormais sous contrôle, seront jugés et ne pourront plus ni rejoindre, ni être exploités par les groupuscules armés de la filière terroriste ou par des Etats ennemis du Maroc. D’ailleurs, la dangerosité de ces djihadistes marocains aurait été plus grande s’ils étaient restés entre les mains des Kurdes syriens, qui auraient pu finalement les relâcher dans la nature, faute de moyens matériels pour entretenir une horde de milliers de prisonniers de différentes nationalités.

A la question de savoir quel sort sera réservé à ces revenants d’un autre monde, le professeur Mekkaoui estime que le Maroc dispose d’un arsenal juridique complet en matière de pénalisation du terrorisme pour juger ces Daechiens. Ils seront bien évidemment soumis à des interrogatoires poussés, sous la supervision du parquet général, car ils constituent une mine d’informations sur le terrorisme. Ils risquent aussi de lourdes peines de prison et de grosses amendes pécuniaires en vertu de la loi marocaine antiterroriste qui punit sévèrement «le fait de rallier ou de tenter de rallier, individuellement ou collectivement, dans un cadre organisé ou non, des entités, organisations, bandes ou groupes terroristes, quels que soient leur forme, leur objet ou le lieu où ils se trouvent, même si leurs actes terroristes ne visent pas à porter préjudice au Royaume du Maroc ou à ses intérêts…» (art. 218).

Quant aux craintes liées au retour de ces Daechiens, dont le rapatriement a été bien étudié et préparé selon Mekkaoui, elles sont tout simplement injustifiées. Ils ne constituent aucun danger pour la sécurité du Maroc et ses citoyens, du fait de l’efficacité et de la vieille constante des services chargés de la sécurité intérieure et extérieure du pays, conclut Mekkaoui.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 12/03/2019 à 20h25