Sahara: comment la presse algéro-polisarienne a réagi à la résolution du CS

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Revue de presseLa résolution adoptée par le Conseil de sécurité a été accueillie de façon mitigée par la sphère politique algérienne. En revanche, côté Polisario, c’est la déception totale. La résolution n’a pas été du goût des séparatistes.

Le 02/05/2016 à 21h07

Visiblement, la presse algérienne est pressée de qualifier de «victoire» la résolution 2285 adoptée vendredi 29 avril, par le Conseil de sécurité. Le quotidien «L’Expression», faute de mieux, reproduit un communiqué du ministère des Affaires étrangères selon lequel «l'Algérie accueille en particulier avec satisfaction la décision du Conseil de sécurité de reconduire le mandat de la Minurso pour une période d'une année et de reconnaître l'urgente nécessité pour cette mission d'être rétablie dans la plénitude de ses fonctions».

Sous le titre: «la bataille perdue de Mohammed VI», l’auteur de l’article soutient que «le renouvellement du mandat de la Minurso est une victoire incontestable pour le Front Polisario. Il entretient l'espoir d'indépendance du peuple sahraoui».

Pour étayer cette lecture du texte, il reprend pour son compte le commentaire d’un dirigeant du Polisario selon lequel le texte de la résolution votée et adoptée par le Conseil de sécurité «envoie un message, fort et clair, que le statu quo est inacceptable, et que le Maroc ne sera pas autorisé à entraver la mission de l'ONU au Sahara occidental, ni d'anéantir le droit des Sahraouis de participer à un référendum d'autodétermination pour décider de leur avenir politique» (sic).

Quelques jours auparavant, «Le Quotidien d’Oran» n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur la France, sans épargner les Membres permanents du Conseil de sécurité.

Pour ce quotidien, très hargneux, «les Membres permanents ne sont pas en faveur de la naissance d'un nouvel Etat dans le Maghreb susceptible de réveiller les nombreuses velléités indépendantistes, encore vivaces de par le monde, y compris au sein de pays Membres Permanents. La France veille, tout particulièrement, à ce que cela n'advienne pas dans le Maghreb».

On nous vend des illusions

A l’inverse, le magazine «Sahara futuro», très déçu et frustré, écrit «on nous vend des illusions, après la résolution du Conseil de sécurité». Cette publication phare du Polisario constate qu’«après une longue attente, alors que les deux parties étaient sur les nerfs, voilà que la résolution du Conseil de sécurité tombe et le moins que l’on puisse dire est qu’elle est décevante».

La publication considère qu’elle «ne peut attendre mieux et plus d’un Conseil dont les résolutions sont concoctées suivant les humeurs des 5 grandes puissances». Et ce, du fait, lit-on, qu’«on était convaincu que la France ne laissera jamais passer aucune résolution de nature à faire pression sur le Maroc».

L’auteur de l’article espérait au moins que «le Conseil de sécurité exige le retour immédiat de la composante civile de la Minurso sans conditions ni retard, et qu’il condamne aussi l’attitude du Maroc qui constitue un affront à la communauté internationale».

Mais, «c’est tout le contraire qui s’est produit», ajoute cette publication, soutenant que la résolution du Conseil de sécurité répond aux caprices du Maroc, en allongeant d’un an le mandat de la Minurso. Cette dernière, comme le voulait le Maroc, a vu sa mission réduite à un simple gardien du cessez-le feu, au lieu de superviser l’organisation d’un référendum.

La publication note que la résolution s’est limitée à la nécessité du retour urgent de la Minurso pour poursuivre sa mission. Une formulation que la publication qualifie de «trompeuse, ampoulée et ambiguë».

La résolution, ajoute la publication, n’a pas précisé le délai du retour de la Minurso. Elle s’est contentée de demander au Secrétaire général du Conseil de sécurité de faire un rapport dans les trois mois qui suivent sur le retour ou non de la Minurso.

Le reste du contenu de la résolution, constate la publication, est resté identique aux résolutions précédentes. Mais, la publication ajoute, par dépit, que «la résolution n’a nullement mentionné le mot référendum». Le texte fait mention, tout simplement, des «dispositions conformes aux principes des Nations unies» ; une expression vague, confuse et qui se prête à plusieurs interprétations, commente cette publication qui traduit bien la tendance générale : un camouflet pour le Polisario et son sponsor algérien.

Par Abdelouahed Kidiss
Le 02/05/2016 à 21h07