Sahara, Polisario, Algérie, Hezbollah... Bourita dit tout

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. 

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale.  . DR

Aucun être sensé ne peut croire que la question du Sahara marocain peut être réglée sans l’Algérie, a affirmé le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale Nasser Bourita, notant que le discours de l’Algérie sur cette question a un côté autiste et obtus.

Le 13/05/2018 à 09h32

"Aujourd’hui, le discours de l’Algérie sur la question du Sahara marocain a un côté autiste et obtus: reniement de la réalité extérieure et compulsion obsessionnelle à dire que le conflit du Sahara ne concerne que le Maroc et le Polisario", a relevé Nasser Bourita dans un entretien accordé à l’hebdomadaire international Jeune Afrique à paraître dimanche.

Concernant le rôle de l’Algérie dans le conflit du Sahara marocain, un paragraphe a été ajouté dans la dernière résolution du Conseil de sécurité pour appeler ce pays voisin "à contribuer davantage au processus politique" et à "renforcer son engagement dans le processus de négociation", a rappelé Bourita, ajoutant que l’Algérie et le Polisario sont acculés devant la légalité internationale et la dernière résolution du Conseil de sécurité.

"Tels que nous les connaissons, ils vont certainement créer d’autres problèmes dans la région et au-delà", a estimé Bourita, rappelant qu’Alger, comme à son habitude, s’emploie à induire en erreur l’opinion publique algérienne et internationale, en martelant dans les médias que la résolution lui est favorable, alors qu’elle est on ne peut plus claire.

Le ministre a en outre affirmé que le régime algérien, qui est confronté à une grave crise institutionnelle, politique, économique et sociale, n’a survécu jusque-là que grâce aux problèmes et tensions qu’il a lui-même générés ou qu’il a l’intention de créer, afin de détourner l’attention des Algériens de leurs véritables préoccupations. Sinon, il n’y aurait pas de frontières fermées entre les deux pays frères, comme l’a martelé SM le roi lors de plusieurs grandes occasions et depuis plusieurs années, a-t-il expliqué, notant que SM le roi et le gouvernement marocain ont toujours insisté sur la nécessité de la réouverture des frontières, indépendamment de la question du Sahara marocain, qui continue de fragiliser la région.

Concernant les liens entre le Polisario et le Hezbollah, épaulé par l’Iran, le ministre a relevé qu’outre sa bénédiction, l’Algérie a apporté couverture, soutien et appui opérationnel, précisant que certaines réunions entre le Polisario et le Hezbollah se sont tenues dans une "planque" algéroise bien connue des services algériens, concédée en location à une certaine "D. B.", Algérienne mariée à un cadre du Hezbollah, et convertie en agent de liaison du Hezbollah, notamment avec le Polisario.

L’Algérie est tentée aujourd’hui de commettre l’erreur stratégique de pousser le Polisario hors des camps de Tindouf, juste pour se dédouaner politiquement et ne plus être pointée comme le pays qui abrite ces séparatistes, au risque de déstabiliser gravement la région, de compromettre définitivement le cessez-le-feu et d’anéantir toute chance de relance du processus politique, a-t-il dit, notant que permettre l’implication du Hezbollah s’inscrit dans cette même logique de donner l’impression que l’Algérie n’est pas l’unique soutien au Polisario.

Bourita a expliqué que cette attitude est loin d’être nouvelle, rappelant que l’Algérie acceptait déjà entre 1975 et 1992 que des armes soient livrées aux séparatistes par certains pays comme la Libye et Cuba.

"Ce qui est nouveau en revanche, c’est cette tendance de l’Algérie à renier sa propre politique. Il fut un temps où Alger avait des positions bien plus claires et assumées, et qui sont encore enregistrées dans les archives de l’ONU", a encore dit le ministre.

"Dans un passé pas si lointain, le représentant de l’Algérie reconnaissait devant l’Assemblée générale de l’ONU que "l’intérêt de l’Algérie, qui se fonde sur des considérations géopolitiques évidentes […], ne saurait être ignoré dans toute recherche de règlement du problème du Sahara". Ce même représentant déclarait au Conseil de sécurité: «l’Algérie est une partie concernée ou intéressée, comme vous voudrez, au problème du Sahara […] »", a-t-il noté.

"Ignorer l’Algérie me paraît une opération un peu difficile. Renier ces positions ne relève pas de la «prescription», mais de l’amnésie", a-t-il fait observer.

Le 13/05/2018 à 09h32