Sahara. Réactions: l’Algérie et le Polisario sonnés par la résolution du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Conseil de sécurité de l'ONU. . DR

Le Polisario et l’Algérie font une lecture biaisée du rapport du Conseil de sécurité sur le Sahara marocain. Ils cachent leur déception en se focalisant sur la seule reconduction de la mission de la Minurso pour «seulement» six mois et font l’impasse sur tous les sujets qui les fâchent.

Le 28/04/2018 à 11h19

Dans un communiqué publié hier vendredi, le Polisario exprime, non sans peine, sa satisfaction quant à la reconduction par le Conseil de sécurité de la mission de la Minurso pour «seulement 6 mois». C’est la seule et maigre consolation dont doivent se contenter les séparatistes qui y voient, avec Alger, un levier susceptible de faire pression sur le Maroc en vue d'engager des négociations. Mais à part cela, les séparatistes regrettent tous les points qui figurent dans la résolution 2414 du CS.

Ils sont tellement décontenancés qu’ils ont reproché dans un communiqué à l’ONU d’avoir «donné de la crédibilité aux allégations mensongères du Maroc». Et d’argumenter que «Bir Lahlou n’a jamais été dans la zone tampon» et que la direction du Polisario et son «armée» s’y trouvent «depuis toujours», au même titre que «dans d’autres parties libérées de nos territoires». Et c'est ainsi que les dirigeants du Polisario réagissent au paragraphe de la résolution qui les somme de ne rien changer à la situation de Bir Lahlou, tout comme il leur interdit de transférer des bâtiments administratifs sous peine de déstabiliser la région.

L’Ambassadeur du Maroc à l'ONU, Omar Hilale, leur rappelle la vérité qu’ils ne veulent pas entendre: «le Conseil de sécurité a ordonné aux séparatistes du Polisario de s’abstenir de transférer leurs soi-disant structures administratives des camps de Tindouf en Algérie à Bir Lahlou, à l’Est du dispositif de sécurité, manœuvres qu’il (le CS, NDLR) a qualifiées de déstabilisatrices de la région». Il leur a également rappelé que l’ONU «enjoint au Polisario de se retirer immédiatement de la zone tampon de Guergarate».

L'Algérie, elle, affirme à travers le porte-parole du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, «prendre acte de la nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental qui prolonge de six mois seulement le mandat de sa mission d’observation du cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario». Une réaction sommaire et embarrassée, aux antipodes de la logorrhée de commentaires dont nous gratifiat l'agence officielle algérienne APS. Une fois n'est pas coutume, celle-ci se tient cette fois-ci au minimum syndical dans le traitement de cette actualité. 

Comment peut-il en être autrement quand la responsabilité d'Alger est bien soulignée dans la résolution du CS? Comme l'a rappelé Omar Hilale, «un autre motif de satisfaction du Maroc par rapport à la résolution du Conseil de sécurité est la demande additionnelle et pressante à l’Algérie d’assumer pleinement ses responsabilités imprescriptibles et de premier plan dans le différend régional du Sahara». Le diplomate cite en cela un autre paragraphe de la résolution qui demande à l’Algérie de «hausser son engagement dans le processus de négociations et de remplir son rôle spécial et essentiel pour appuyer le processus politique».

Autre signe qui ne trompe pas, et sous couvert d’anonymat, des responsables du Polisario sont montés au créneau dans la presse séparatiste pour dire très haut que le statut de Bir Lahlou est une «ligne rouge» et ne «peut être l’objet de débat au Conseil de sécurité». Le fait est que non seulement ce statut a été l’objet de débats au Conseil de sécurité, mais il est couché noir sur blanc dans une résolution qui enterre définitivement les espoirs du tandem Alger-Polisario de créer un nouvel ordre de choses à l’Est du dispositif de sécurité. Cela, tout le monde le sait désormais.

Par Hassan Benadad
Le 28/04/2018 à 11h19