Sebta: les assauts de migrants vus par la presse espagnole

Le360 : Adil Gadrouz

Revue de presseKiosque360. Les deux derniers assauts massifs aux frontières de Sebta ont fait les choux gras de la presse espagnole. Chacun y va de son interprétation personnelle en fonction de son obédience politique. Tour d’horizon.

Le 21/02/2017 à 23h06

En 72 heures, plus de 850 migrants subsahariens ont forcé la frontière de Sebta. Cette information a été relayée de diverses manières par les journaux espagnols. Et certains n’y sont pas allés du dos de la cuillère. Le journal ABC, de tendance droite conservatrice, a ainsi critiqué, mardi, la "passivité" du Maroc face aux assauts de migrants survenus ces derniers jours sur la frontière avec le préside occupé de Sebta.

«La passivité du Maroc, irrité par une sentence de justice européenne contraire à ses prétentions sur le Sahara, a rendu possible les derniers assauts massifs sur la barrière de Sebta», estime le journal dans un éditorial intitulé "Rabat joue avec nos frontières".

ABC qualifie de geste "inamical et déloyal" le comportement des autorités marocaines dans cette affaire, relevant que cette position "n’est pas digne d’un partenaire".

Le journal digital 20 minutes abonde dans le même sens en accusant "la main de Rabat" d'être derrière ce deuxième assaut de migrants à Sebta. Le site va même jusqu'à parler de négligence du Maroc dans l’entrée de quelque 359 migrants.

El Diaro Vasco, dans son édition du mardi 21 février, s'interroge également dans un article intitulé: "Pourquoi les avalanches d’immigrés ont repris à Sebta?" Et de prétendre également que "la main de Rabat" tente de faire ainsi pression sur l’Union européenne.

El Imparcial, le journal de la droite conservatrice, fondé par des anciens de l’ABC, titre à son tour: "Les entrées massives confirment la menace du Maroc". Et de renvoyer, on l’aura compris, la déclaration de Aziz Akhannouch, le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, en réaction à la polémique autour de l’Accord agricole. “Toute entrave à l’application de cet Accord est une atteinte directe à des milliers d’emplois d’un côté comme de l’autre, dans des secteurs extrêmement sensibles, ainsi qu’un véritable risque de reprise des flux migratoires que le Maroc, au gré d’un effort soutenu, a réussi à gérer et à contenir", avait t-il ainsi déclaré à l’agence espagnole EFE. Plusieurs journaux ibériques ont d'ailleurs repris cette déclaration interprétée comme une menace du Maroc.

D’autres journaux ont préféré ne pas céder à cette thèse et évoquent la responsabilité de Madrid, ou plutôt une sorte de pacte entre Rabat et Madrid pour faire pression sur l’Union européenne. C’est ainsi que sous le titre "Le couloir de Sebta ravive les suspicions à propos d’un pacte entre Rabat et Madrid pour faire pression à l’UE", le journal El Espanol soutient la thèse de cette "complicité". "L’Espagne est d’accord pour laisser passer les migrants et soutient le Maroc pour faire changer l’avis de Bruxelles", peut-on lire dans cet article daté du 21 février.

La Razon, quant à lui, déclare que "le ministère de l’Intérieur étudie la possibilité de surveiller le territoire à l’aide de drones et de caméras thermiques et décide de ne pas dépendre du Maroc".

Du côté de la presse locale, El Faro de Ceuta cite, dans son dernier article sur le sujet, le maire de Sebta, Juan Vivas, qui loue le travail de la Guardia Civil espagnole pour la défense de l’Europe. Il insiste sur la nécessité d’une politique européenne commune en matière de migration.

Par Qods Chabaa
Le 21/02/2017 à 23h06