Terrorisme: quand Benkirane se laisse déborder par ses «Sgou3a»

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Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement désigné, a un long chemin à faire pour raisonner ses bases. Les «Sgou3a» (imbéciles) comme il les appelle refont parler d’eux et de la pire des manières en faisant l’apologie du terrorisme. Aujourd’hui, il est temps qu’il s’en explique de manière ferme.

Le 25/12/2016 à 08h58

Il y a quelques jours, l’ambassadeur russe à Rabat était reçu, en audience et à sa demande, au ministère des Affaires étrangères pour protester contre les propos de Abdelilah Benkirane quant à l’intervention russe en Syrie. Un incident diplomatique a été évité de justesse à cause d’un chef de gouvernement qui continue à confondre sa position d’homme d’Etat et celle de patron d’un parti.

En début de semaine, l’ambassadeur de Russie en Turquie a été froidement assassiné lors d’un point de presse. Indignation générale dans le monde entier et condamnation, dans les termes les plus fermes, par la plus haute institution du Maroc. Sauf que, au moment où le monde entier compatissait avec la famille, la petite comme la grande, du diplomate abattu, les bases du PJD ont applaudi son assassinat.

Sur les réseaux sociaux, les «Forsane» (Chevaliers) du parti islamiste se sont lâchés pour se féliciter du meurtre de l’ambassadeur russe. Les ministres de l’Intérieur et de la Justice ont été dans l’obligation de signer et publier un communiqué conjoint pour dire que saluer la perpétration d’un acte terroriste, quels qu’en soient le lieu et les auteurs, constituait une infraction aux lois nationales et en particulier la loi antiterroriste qui punit l’apologie de crimes terroristes.

Avant-hier, le BCIJ était intervenu pour appréhender à Ben Guerir l’un des responsables de la jeunesse du PJD (naguère présidée par le ministre Aziz Rabbah et actuellement par son ex-dir cab). Il lui est reproché d’avoir estimé «juste» et «légal» (aux yeux de la loi divine), l’assassinat du diplomate russe en Turquie. L’affaire est entre les mains de la justice. Mais cela nous ramène au point de départ: Abdelilah Benkirane est-il incapable de faire entendre raison à ses bases ou alors serait-il indulgent ou impuissant devant leur propension à emprunter les voies populistes, y compris quand elles conduisent à l’apologie du terrorisme?

Abdelilah Benkirane, qui aime tant à inviter les représentants de l’Internationale islamiste à ses raouts (cela va du Hamas au Hezbollah en passant par les plus extrémistes qui rêvent du grand soir dans les monarchies du Golfe), semble veiller à une savante et triste répartition des rôles. Quand ce n’est pas lui qui prend la parole, quitte à débiter des propos qui mettent le royaume dans l’embarras, il délègue à ses frères le soin de s’en charger: un Abdelaziz Aftati (Député et responsable PJD à Oujda), Jamaâ Moätassim, son dir-cab ou bien Abdelali Hamieddine (membre dirigeant du PJD), grand théoricien du «Tahakkoum» (autoritarisme).

Se plaindre des agissements des «Sgou3a» (imbéciles) sans prendre les mesures qui s’imposent pour arrêter leurs dérapages ne suffit pas à décréditer le chef du gouvernement désigné. Aujourd’hui, le PJD compte parmi ses responsables des personnes qui se réjouissent ouvertement de l’assassinat de l’ambassadeur russe en Turquie. Cela s’appelle faire l’apologie du terrorisme. Et l’apologie du terrorisme est un crime grave, sévèrement puni par la loi marocaine. Benkirane le sait très bien de même que le pijidiste, Mustapha Ramid, à la tête du département de la justice.

Il y a un pas très dangereux de franchi par les irréductibles du PJD, ceux qui maintiennent le contact avec les bases du parti. Rien, absolument rien, ne peut justifier que des responsables au sein de ce parti fassent l’éloge du terroriste qui a abattu le diplomate russe en Turquie. Benkirane ne devrait pas donner l’impression de cautionner ceux au sein de son parti qui flirtent avec le terrorisme. A trop ménager les bases d’un parti, on ouvre la voie aux pires interprétations. En homme d’Etat, Benkirane devrait condamner de façon très claire ceux parmi son parti qui se réjouissent de l’assassinat de l’ambassadeur russe.

Par Mohammed Boudarham
Le 25/12/2016 à 08h58