Tourisme: un parlementaire appelle à réduire le volume des appels à la prière

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Revue de presseKiosque360. Y a-t-il corrélation entre les décibels que crachent chaque matin les haut-parleurs des mosquées et l’affluence de touristes dans les plus grandes villes du Maroc? Oui, répond un parlementaire, qui demande ainsi de priver le muezzin de ses amplis lors de la prière d'al-fajr.

Le 07/08/2017 à 21h24

Un conseiller à la seconde Chambre du parlement, appartenant à l’actuelle majorité gouvernementale, vient d’exiger qu’on bannisse l’usage de haut-parleurs dans les mosquées lors de l’appel à la prière. Cette interdiction serait, selon lui, limitée aux seules villes touristiques et à la seule prière d’al-fajr (aube).

Le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son numéro du mardi 8 août, précise que l’honorable conseiller a justifié sa proposition par le fait que les puissants haut-parleurs des mosquées «dérangent fortement le sommeil des touristes étrangers». Et d’ajouter que cette «pollution sonore» serait derrière le faible taux de retour enregistré chez les visiteurs étrangers du Maroc, particulièrement au niveau de ses grandes villes touristiques.

On l’a compris, ce débat a marqué une réunion de la Commission de l’agriculture et des secteurs productifs, réunion à laquelle assistait Mohamed Sajid, ministre du Tourisme, du transport aérien et de l’artisanat, et où de virulentes critiques, souligne Assabah, ont été décochées par les conseillers en direction de l’Office national marocain du tourisme et ses responsables, tous accusés de laxisme et de frein à l’expansion du tourisme marocain. Mohamed Sajid est finalement resté de marbre face à toutes ces critiques, et surtout, on l’aura compris, à la proposition du conseiller concernant les appels à la prière d’al-fajr et autres déclamations, non moins bruyantes, qui l’accompagnaient.

Même si le conseiller auteur de ladite proposition n’a pas été nommément cité par Assabah, il faut surtout rappeler que c’est l’ancienne ministre de la Famille et du développement social, Nouzha Skalli, dirigeante au sein du Parti du progrès et du socialisme, féministe et militante des droits humains, qui est la pionnière en la matière. En 2008, elle avait exigé, en Conseil de gouvernement, s’adressant à son collègue des Affaires islamiques et des Habous, de trouver une ligne médiane entre les bruyants appels à la prière aux environs des établissements touristiques et le respect du repos des hôtes étrangers du Maroc. Prise comme cible par plusieurs imams de mosquées qui ont prédit sa «paralysie» voire sa «mort imminente», Nouzha Skalli avait alors rétorqué: «Il n’est pas interdit de soulever ce genre de questions et je n’ai jamais eu l’intention de remettre en cause l’appel à la prière d’al-fajr».

Par Mohammed Ould Boah
Le 07/08/2017 à 21h24