UA: les six points forts du discours de Mohammed VI à Addis-Abeba

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Mardi, dans son discours devant les chefs d'Etats et de gouvernements africains, à Addis-Abeba, au lendemain du retour du Maroc à l'Union africaine, le roi Mohammed VI a expliqué pourquoi le retour historique du Maroc au sein de l'UA profitera à l'Afrique. Les six raisons d'y croire.

Le 31/01/2017 à 22h49

Un discours à la fois de l'émotion et du pragmatisme, celui que vient de prononcer le roi Mohammed VI à Addis-Abeba, au lendemain de la réintégration historique du royaume à l'UA, entérinée hier à la quasi-unanimité des chefs d'Etats et de gouvernements africains.

"Il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence ! Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé ! L’Afrique est Mon Continent, et Ma maison", s'est ému le souverain, sous un crépitement d'applaudissements dans une salle (presque) totalement acquise. "Je rentre enfin chez Moi, et vous retrouve avec Bonheur. Vous M’avez tous manqué", a encore affirmé le souverain, se félicitant du "soutien franc et massif que le Maroc a recueilli" pour retrouver sa place naturelle au sein de l'Union africaine. Un soutien qui "témoigne de la vigueur des liens qui nous unissent", a fait valoir Mohammed VI.

À toute chose malheur est bon! "Le retrait de l'OUA était nécessaire: il a permis de recentrer l'action du Maroc dans le continent, de mettre aussi en évidence combien l'Afrique est indispensable au Maroc, combien le Maroc est indispensable à l'Afrique", a encore relevé le souverain, expliquant que jamais le Maroc ne s'est senti autant africain que quand il a quitté l'Union africaine, en 1984, multipliant, d'année en année, les preuves de son inscription agissante et solidaire en faveur du développement et du bien-être du continent. "En effet, malgré les années où nous étions absents des instances de l’Union Africaine, nos liens, jamais rompus, sont restés puissants, et les pays africains frères ont toujours pu compter sur nous: des relations bilatérales fortes ont ainsi été développées de manière significative", a fait valoir le souverain, mettant le cap désormais sur le multilatéralisme, via le sens du partage et de la générosité que le Maroc a toujours témoignés à l'égard des pays africains.

En voulez-vous des preuves? En voilà.!

Un millier d'accords avec les pays africains"Depuis l’an 2000, le Maroc a conclu, dans différents domaines de coopération, près d’un millier d’accords avec les pays africains", a chiffré le souverain, dans un discours qui s'inscrit sur le mode de la rupture avec ceux, démagogiques et idéologiques ambiants, à la faveur d'une nouvelle génération de leaders africains pragmatiques et soucieux du progrès de leurs nations.

"A titre de comparaison, savez-vous qu’entre 1956 et 1999, 515 accords avaient été signés, alors que depuis 2000, il y en a eu 949, c’est-à-dire près du double?", a encore argumenté le souverain, qu a veillé personnellement sur la concrétisation de ces accords . "Pendant ces années, J’ai Moi-même souhaité donner une impulsion concrète à ces actions, en multipliant les visites dans les différentes sous-régions du Continent. Au cours de chacune des quarante-six visites, que J’ai effectuées dans vingt-cinq pays africains, de nombreux accords dans les secteurs public et privé ont été signés".

Le transfert du savoir-faire marocain, l'autre engagement africain du royaume"Notre action s’est particulièrement attachée à la question de la formation qui est au cœur de notre coopération avec les pays frères. Ainsi, des ressortissants africains ont pu poursuivre leur formation supérieure au Maroc, grâce aux milliers de bourses qui leur ont été accordées", a en effet mis en exergue le souverain, dont l'action méneée sur le terrain des pays visités a été tant appréciée et saluée, autant par ses homologues que par les peuples africains frères.

On est loin en effet de la coopération Nord-Sud, à travers le prisme de laquelle l'Afrique n'a jamais valu que comme un "gisement d'opportunités" à exploiter, conformément à une vision colonialiste aujourd'hui vivement décriée par les pays africains, dirigeants et peuples inclus.

Le pari sur des projets stratégiquement et multilatéralement avantageuxPoint d'orgue de la stratégie africaine du royaume du Maroc, le projet de de Gazoduc africain Atlantique, "que J'ai eu le plaisir d'initier, avec mon frère son Excellence monsieur muhammadu Buhari, président de la République fédérale du Nigeria", s'est en effet félicité le roi Mohammed VI. "Ce projet permettra naturellement l’acheminement du gaz des pays producteurs vers l’Europe. Mais, au-delà, il bénéficiera à toute l’Afrique de l’Ouest", a encore expliqué le souverain, en égrenant, une à une les retombées multilatéralement avantageuses de ce projet-phare sur toute la sphère ouest-africaine. Ce projet "contribuera, en effet, à structurer un marché régional de l’électricité, et constituera une source substantielle d’énergie au service du développement industriel, de l’amélioration de la compétitivité économique et de l’accélération du développement social (...). Ce projet sera créateur de richesses, pour les pays et les populations riveraines, créant un mouvement décisif d’impulsion et entraînant l’émergence et le développement de projets parallèles. De plus, il permettra d’établir des relations, bilatérales et multilatérales, plus apaisées, et fera ainsi naître un environnement propice au développement et à la croissance.

La dimension humaniste au coeur de la stratégie africaine du royaumeSi le pragmatisme est le socle de la stratégie africaine du Maroc, le royaume n'a toutefois pas sacrifié à un choix profondément humaniste qu'il a toujours fait sien, élevant la dimension sociale au rang de priorité absolue. Pour preuve, cette politique migratoire exemplaire initiée par le royaume en faveur des frères africains que la précarité a menée au royaume de l'humanisme. "Nous agissons pour que les couples, en particulier les couples mixtes, composés de Marocains et de conjoints subsahariens, ne soient pas séparés (...). Toutes ces actions constructives, en faveur des immigrés, ont ainsi justement conforté l’image du Maroc et renforcé les liens que nous avions d’ores et déjà constitués.

"Certains avancent que par cet engagement, le Maroc viserait à acquérir le leadership en Afrique. Je leur réponds que c’est à l’Afrique que le Royaume cherche à donner le leadership", a précisé le souverain, en réponse à certains milieux résolument hostiles au retour du Maroc au sein de sa famille africaine.

Paix et stabilité, le rôle leader du MarocA contrario des théruféraires faussement pacifistes, le Maroc a toujours donné la pleine mesure de son engagement en faveur de la stabilité en Afrique, le traduisant par une action effective sur les théâtres d'opération. Est-il encore besoin de souligner que "le Maroc, comme l'a si bien affirmé le souverain, contribue à six opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique? Que "le Maroc déploie près de 5.000 hommes dans les différentes théâtres d'opération: les troupes marocaines étant, encore aujourd'hui, déployées en RCA et RDC"?

Et ce n'est pas tout! "Le Maroc mène des médiations ayant permis d'avancer substantiellement la cause de la paix, notamment en Libye (Accords de Skhirat) et dans la région du Fleuve Mano"?

Le roi Mohammed VI est porteur d'une vision inclusive et pragmatique, tournée vers l'avenir et axée sur l'efficacité.

Plaidoyer royal pour une Afrique confiante en elle-même"L’Afrique peut être fière de ses ressources, de son patrimoine culturel, de ses valeurs spirituelles et l’avenir doit porter haut et fort cette fierté naturelle !", a exhorté le souverain, invitant à surpasser "un certain tropisme" colonialiste et envisager l'avenir de l'Afrique avec confiance et sérénité, en comptant sur ses propres richesses et les "bras" de ses citoyens.

"N’est-il pas l’heure de faire cesser ce tropisme ? N’est-il pas l’heure de nous tourner vers notre continent ? De considérer ses richesses culturelles, son potentiel humain ?", s'est demandé le souverain, appelant un travail d'autocritique, loin des discours tiers-mondistes qui n'ont jamais rien apporté à l'Afrique, servis à tout vent par de faux leaders sans être en mesure de proposer le moindre "modèle de croissance".

"Il est temps que les richesses de l’Afrique profitent à l’Afrique", a conclu le roi Mohammed VI, dans un discours qui fera certainement date.

Par Ziad Alami
Le 31/01/2017 à 22h49