Un gouvernement à deux têtes? La réaction d’El Othmani et d’Akhannouch

Les chefs des six partis formant la majorité, lundi 19 février, lors de la signature de la charte gouvernementale.

Les chefs des six partis formant la majorité, lundi 19 février, lors de la signature de la charte gouvernementale. . PJD

Revue de presseKiosque360. Se voulant rassurants, les chefs respectifs du PJD et du RNI ont affirmé avoir enterré la hache de guerre et vouloir travailler comme un seul homme au sein de la majorité gouvernementale. Mais…

Le 20/02/2018 à 20h52

S’il est une actualité qui a fait la Une de tous les journauxde ce mercredi 21 février, c’est bien la signature, lundi 19 du même mois, de la charte gouvernementale, un document se voulant comme un pacte regroupant des directives et des axes de travail que l’hétéroclite gouvernement El Othmani est censé respecter. La finalité n’étant autre que de s’assurer que tous les membres et les départements composant l’actuel Exécutif vont dans la même direction.

Mais si le document fait autant jaser, ce n’est guère par son contenu, mais par le risque de voir émerger deux polarités au sein du gouvernement. L’une, conservatrice et islamiste, représentée par le PJD. L’autre, libérale, menée par le RNI.

«El Othmani tente de faire entrer le RNI dans les rangs de la majorité avec un pacte abstrait», titre ainsi Akhbar Al Yaoum, qui évoque le risque de voir le gouvernement en sortir finalement avec deux têtes et rappelle les récentes activités d’Aziz Akhannouch, patron du RNI, «qui donnent l’illusion qu’il incarne le rôle d’un chef du gouvernement bis». Le quotidien, au demeurant proche du PJD, parti de Saâd-Eddine El Othmani, rappelle la phrase avec laquelle ce dernier a entamé la cérémonie marquant la signature de la charte. «Il n’existe pas de gouvernement à deux têtes. Un chef de l’Exécutif, il n’y en a qu’un seul et il a été désigné par le roi. Si un autre a été désigné par une autre autorité, nous ne l’accepterons pas», a rassuré El Othmani.

Akhbar Al Yaoum, qui souligne que le pacte a vu le jour dix mois après la constitution du gouvernement, ne manque pas souligner qu’Akhannouch s’est gardé de revenir sur la polémique née après les propos incendiaires d’Abdelilah Benkirane, l’influent ex-SG du PJD, à son égard. Tout comme il a évité de commenter la rumeur d’un boycott des ministres de son parti de l’avant-dernier Conseil de gouvernement.

C’est à Assabah que le président du RNI a, par contre, préféré se confier, affirmant que la page des différends et des discordes était tournée et que sa formation politique était pleinement engagée au sein de la majorité. «Le principal est que ce gouvernement réussisse à mettre son programme en pratique», a-t-il déclaré. Assabah rappelle cependant la série de conflits ayant précédé la signature de cette charte. «Au point que les chefs des six partis signataires n’arrivaient même pas à se serrer la main correctement et qu’il fallait plusieurs essais pour pouvoir réussir la photographie immortalisant cet instant», lit-on.

Mais la vraie surprise de la soirée a été signée par le pourtant discret secrétaire général du Mouvement populaire, Mohand Laenser, qui, contre toute attente, a assumé le fait d’avoir menacé de quitter le gouvernement, relate à son tour Al Massae. «Oui, je l’ai dit samedi et je prends toutes mes responsabilités: il est impossible pour nous de continuer à travailler encore quatre ans au sein d’une majorité éclatée et dont les membres ne cessent de s’entretuer», a affirmé Laenser, cité par la quotidien. De l’eau semble avoir coulé en grande quantité sous les ponts depuis.

Par Youssef Bellarbi
Le 20/02/2018 à 20h52