Yatim et Hakkaoui sur un siège éjectable

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Revue de presseKiosque360. Les deux ministres ont mis le chef du gouvernement dans une situation peu enviable, et pas seulement pour leurs faux-pas éthiques et politiques. Les départements respectifs de ces deux ministres font également état d’un bilan peu reluisant.

Le 10/10/2018 à 20h31

L’étau se resserre de plus en plus autour des deux ministres islamistes, Mohamed Yatim, ministre du Travail et de l’insertion professionnelle et Bassima Hakkaoui, ministre de la Famille et de la solidarité. Les deux ministres sont désormais sur un siège éjectable pour leurs erreurs morales et politiques, mais également pour le maigre bilan de leurs départements et le relâchement dont ils ont fait preuve face aux problèmes de leurs secteurs, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 11 octobre.

D’après le journal, qui cite des sources bien informées, le ministre du Travail pourrait être éjecté du gouvernement à tout moment. Il faut dire que le chef de l’Exécutif ne supporte plus que des dirigeants de son parti et des membres de son gouvernement fassent l’objet de critiques, que ce soit de la part des partis politiques ou des citoyens. C’est que, explique le journal, à chaque fois que le chef du gouvernement parvient à faire oublier un scandale politique provoqué par l’un des membres de son équipe, un autre surgit de nouveau. Et ce genre de problèmes, certes, indisposent le chef du gouvernement, mais fragilisent également sa majorité et nuisent au travail de ses ministres, soumis à des tensions.

Cette situation a poussé le chef du gouvernement à convoquer le ministre Mohamed Yatim pour lui passer un savon, ajoute Assabah. El Othmani lui aurait ainsi exprimé sa désapprobation, Yatim ayant quitté son épouse pour se marier à une femme plus jeune que lui de 32 ans.Mais ce n’est pas la seule chose qui a valu au ministre une admonestation du chef du gouvernement. Yatim n’a, en effet, rien fait pour défendre les droits des travailleuses agricoles ayant fait l’objet d’agressions sexuelles en Espagne. Il n’a pas non plus pu mettre en place un plan régional d’incitation à l’emploi pour tirer les jeunes du chômage puisqu’il est, semble-t-il, occupé ailleurs, ironise le journal.

Concernant la ministre de la Femme, de la famille et de la solidarité sociale, le quotidien affirme que le chef du gouvernement l’a bien contactée après le décès du jeune non-voyant qui se trouvait en sit-in dans les locaux de son ministère. Cependant, il semble qu’El Othmani hésite encore quant à l’attitude à adopter face à cette situation. Il n'empêche, souligne le journal, que la ministre assume pleinement la responsabilité politique de ce qui se passe dans son département. Le journal relève d'ailleurs que plusieurs secteurs dépendants de ce ministère connaissent d’énormes problèmes.

Mais la ministre ne s’est pas non montrée assez ferme, poursuit le journal, pour imposer l’application, au niveau de l’administration publique, du décret portant application d’une loi promulguée en 2016 et réservant 7% des postes d’emploi dans la fonction publique aux personnes à besoins spécifiques. Si cette loi avait été appliquée, sur les 23.768 postes d’emploi créés par le Budget 2017, pas moins de 1.663 emplois auraient dû revenir à cette catégorie de citoyens. Or, seule une cinquantaine de postes leur a été effectivement attribuée cette année.

De même, sur les 19.257 emplois créés dans le cadre de la Loi de finances de 2018, ce sont 1.347 qui devaient être réservés aux personnes à besoins spécifiques. Cette année encore, seulement 80 nouveaux fonctionnaires se trouvant dans cette situation ont été recrutés. Ce qui, d’après le journal a débouché sur plusieurs drames, le dernier étant justement la mort accidentelle de ce jeune non-voyant qui se trouvait en sit-in avec ses camarades sur la terrasse du ministère.

Par Amyne Asmlal
Le 10/10/2018 à 20h31