Affaire Bouachrine: le cri du coeur de Ouidade Melhaf, une des victimes

Taoufik Bouachrine, directeur d'Akhbar Al Yaoum.

Taoufik Bouachrine, directeur d'Akhbar Al Yaoum. . DR

Réagissant au verdict jugé trop clément à l’égard de Taoufik Bouachrine, l'ancien directeur d’Akhbar Al Yaoum condamné à 12 ans de prison, Ouidade Melhaf, une des victimes, dénonce son «bourreau», mais aussi tous ceux qui le protègent. A commencer par un certain "prince rouge".

Le 15/11/2018 à 13h04

Les propos sont poignants et c’est là un véritable cri du coeur que lance sur Facebook Ouidade Melhaf, une des victimes de Taoufik Bouachrine, l'ancien directeur d’Akhbar Al Yaoum, notamment accusé de viols et de traite d’êtres humains. Aussi bien le concerné que ceux qui cherchent à le protéger y trouvent leur compte, selon Ouidade Melhaf. 

«Sois une victime et tais-toi. La justice a dit son mot. Les partisans du criminel ont dis le leur bien avant…Tu n’est qu’une prostituée et tu n’as nullement de droit de défendre ton honneur. Tais-toi…Etouffe», s’écrie ainsi Ouidade Melhaf.

Elle s’attaque d’abord à son «bourreau». «Tais-toi parce qu’il s'agit d'une plume et parce qu’il disserte sur les grands principes, la démocratie et les droits de l’Homme et que (partant, ndlr) il peut se permettre de faire commerce d’êtres humains, du corps de celles qui n’ont aucun pouvoir».

Cette victime de Toufik Bouachrine revient également sur ceux qui ont défendu son bourreau, «menés par un prince rouge, qui ne rougit pas… Quand l’agression sexuelle est ainsi légitimée». «Tais-toi, parce que la solidarité est portée par une organisation sans frontières et qu’elle n’a pas de frontières…Les victimes, elles, ne sont que de pauvres marocaines, d’un pays pauvre et arriéré et où les droits des femmes ne sont pas une priorité…»

Pour Ouidade Melhaf, la justice à tranché, mais le jugement ne saurait réparer le tort subi. «Alors tais-toi…Tu n’es finalement qu’une victime», écrit-elle.

Rappelons qu’après plus de six heures de délibérations et au terme d’un procès qui aura duré près de huit mois avec un total de 74 séances tenues pour la plupart à huis clos, le verdict est tombé tard dans la nuit du vendredi à samedi dernier.

Le directeur du quotidien Akhbar Al Yaoum a été condamné à 12 ans de prison ferme, assortis d’une amende de 200.000 dirhams. Bouachrine a également été condamné à verser des dommages et intérêts à un certain nombre de ses victimes et à publier l’énoncé du verdict dans une publication nationale. Il devra ainsi verser à la partie civile un montant de 500.000 dirhams à Asmaa Hallaoui et 300.000 dirhams pour les trois autres plaignantes: Naïma Lahrouri, Sarah El Mers et Khouloud Jabiri.

Bouachrine a été poursuivi pour traite d’êtres humains, pour l’exploitation d’une situation de vulnérabilité ou de besoin et le recours à l’abus d’autorité, de fonction ou de pouvoir à des fins d’exploitation sexuelle, ou le recours à d’autres formes de contrainte, commis à l’encontre de deux personnes en réunion, d'attentat à la pudeur avec violence et viols et de tentatives de viols. Les peines pour ces crimes sont prévues dans les articles 448-1, 448-2, 448-3, 485, 486 et 114 du code pénal.

L’accusé a également été jugé pour des délits de harcèlement sexuel, de recrutement d’individus en vue de la prostitution dont une femme enceinte, l’usage de moyens qui permettent de photographier, de filmer ou d'enregistrer ces actes dont les peines sont prévues dans les articles 498,499 et 503-1 du même code, lesquels actes auraient été commis sur huit victimes, qui ont été filmées à l’aide de séquences vidéos. Ce sont ainsi près de 50 films qui ont été enregistrés sur CD et autres supports numériques.

Par Leïla Driss
Le 15/11/2018 à 13h04