Allemagne: stigmatisés depuis la nuit de la honte, les Marocains de Cologne racontent leur calvaire

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Cette infâme nuit de la Saint-Sylvestre qui a connu l'agression de plus de 500 femmes par des réfugiés et des immigrés en situation irrégulière, dont plusieurs Marocains, a modifié en profondeur le vécu jadis paisible de la communauté marocaine établie à Cologne.

Le 31/01/2016 à 09h34

Le journal allemand Die Welt est allé à la rencontre de Marocains installés de longue date à Cologne. Mohammed Aljannai, 47 ans, barbe fournie, regard penaud, témoigne devant le perron d'une mosquée. «Ce qui est arrivé est une honte, ces comportements animaliers et barbares sont le fait de criminels qui n'ont rien à faire ici».

Aljannai s'inquiète des répercussions de la nuit de la Saint-Sylvestre sur les résidents marocains de Cologne. «Le pire, dit-il, c'est que nous sommes à présent tous des suspects potentiels».

Aljannai travaille comme agent de collecte des déchets à Cologne, il est également le président de la communauté marocaine du district de Humboldt. Plus de la moitié des habitants de cette partie de la ville sont des migrants. Le taux de chômage y est largement supérieur à la moyenne nationale et l'ambiance depuis les incidents de la Saint-Sylvestre est devenue glaciale. De fait, plusieurs descentes de police dans des quartiers à forte minorité musulmane ont été constatées. Les interpellations sont devenues monnaie courante.

La police de Cologne dispose d'une base de données de 17.000 suspects maghrébins auxquels plus de 21.000 crimes sont attribués, précise le journal susmentionné dans son édition du vendredi 29 janvier.

Dans le nord de la ville, on retrouve Kouider Zaghi et son épouse Christine. Ce couple mixte tient un salon de thé du nom de «Café Casablanca». Tous deux déplorent un climat de «suspicion généralisée», depuis Noël dernier.

« Ce n'est pas juste d'être stigmatisé de la sorte, confie Kouider à "Die Welt", des escrocs et des voyous, on en trouve partout». Et d'ajouter : « ceux qui ont commis ces actes ignobles sont de jeunes maghrébins qui se sont fait passer pour des réfugiés, ils n'ont rien à voir avec nous ».

Kouider promet de faire de son mieux pour lutter contre les stéréotypes et améliorer l'image des Marocains à Cologne. Il compte organiser une petite rencontre dans son café afin qu’Allemands et Maghrébins retissent des liens de bon voisinage autour d'un bon thé à la menthe.

Par Khalid Mesfioui
Le 31/01/2016 à 09h34