Le Conseil national de la presse: un projet mort-né

Mohamed El Brini.

Mohamed El Brini. . DR

Revue de presseKiosque360. La Fédération des éditeurs a décidé de geler sa contribution à la constitution du Conseil national de la presse (CNP). Une décision en soutien au premier membre du CNP, qui a présenté sa démission. La constitution du Conseil est donc déjà compromise.

Le 22/07/2018 à 20h52

Avant même d’avoir pu se tenir sur ses pieds, le tout nouveau Conseil national de la presse connaît déjà son premier blocage. En effet, prenant tout le monde de court, la Fédération des éditeurs (FMEJ) a décidé de geler sa contribution au processus de constitution du CNP, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 23 juillet. Cette décision, explique le journal, vient en soutien à Mohamed El Brini, fondateur d’Al Ahdath Al Maghribia et 8e membre désigné par les éditeurs, qui vient de démissionner du Conseil.

Les éditeurs ont donc tranché, poursuit le journal qui cite un communiqué de la FMEJ, en attendant le redressement du processus et l'assainissement du climat, afin de faire du Conseil national de la presse «une partie de la solution et non pas du problème».

Le Conseil national de la presse traverse actuellement une phase très difficile, rapporte pour sa part le quotidien Al Akhbar, notamment à cause de nombreuses difficultés d’ordre légal qui ont poussé l’ancien éditeur d’Al Ahdath Al Maghribia à présenter sa démission.

De plus, note le journal, l’Union des écrivains du Maroc, l'UEM, également sujette à de graves problèmes organisationnels, n’est actuellement pas en mesure de nommer son représentant. Le pire, ajoute Al Akhbar, est qu’au lieu de s’ériger en force morale capable d’assainir et rationnaliser la profession, le Conseil a été utilisé pour distribuer les postes de responsabilité parmi ses membres. Al Akhbar évoque également des contestations et des recours en justice des membres du syndicat national de la presse (SNPM), qui a réagi au déroulement des élections des représentants des journalistes au sein du CNP. Cela vaut aussi bien pour la sélection des candidats à ces élections que pour l’établissement de la liste qui a finit par les remporter. 

Par ailleurs, des membres du SNPM ont initié un mouvement de redressement et de réforme du syndicat, ce qui n'est pas pour assainir les tensions. Un appel a été lancé à une réunion extraordinaire du Conseil national fédéral, pour exiger une reddition des comptes des actuels dirigeants. Il est même question, souligne le journal, d’un éventuel gel des responsabilités du président et du numéro deux du syndicat, en attendant la tenue du prochain congrès. 

Pour sa part, Al Ahdath Al maghribia, qui s'intéresse également au sujet dans son numéro de ce lundi, publie l’intégralité de la lettre de démission de son fondateur et ancien directeur de publication. Lettre dans laquelle Mohamed El Brini dépeint le climat «lourd, dégradé et pourri» qui marque le secteur de la presse depuis le début de l'opération de constitution du CNP. «Le climat qui règne dans le paysage médiatique depuis le lancement de l’opération de constitution du Conseil national de la presse vient aggraver une situation déjà empreinte de lourdeur, de dégradation et de pourrissement. Ce climat, hélas, n’a fait que consacrer l’image négative de la presse nationale auprès de larges franges de citoyens et menace de priver le Conseil de toute crédibilité et autorité morale avant même son installation», regrette l’ancien éditeur d’Al Ahdath Al Maghribia dans sa lettre de démission.

Par Amyne Asmlal
Le 22/07/2018 à 20h52