Les prisonniers, premières victimes du plan d'austérité

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Revue de presseKiosque360. La commission parlementaire de la Justice fait le point sur la situation des prisons au Maroc. Le constat est loin d'être rassurant.

Le 05/11/2013 à 20h25

"Le secrétaire général de l'administration pénitentiaire, Thami Oulbacha, fait état du faible budget dont dispose son département". Ce titre en Une de Al Khabar résume la présentation qui a été faite lundi devant la Commission parlementaire de la Justice et dont une partie de la presse à paraître ce mercredi 6 novembre se fait l'écho. "Six cas de suicides, 94 cas de décès, 1.341 dealers de drogues, 5.926 détenus surpris en train d'utiliser un téléphone portable... ", fait savoir Al Khabar. Et ce n'est pas tout ! A en croire le journal, les prisons marocaines comptent en moyenne un gardien pour huit détenus.

Plus loin, on lira également que pas moins de "3.451 détenus souffrent de troubles mentaux ou psychiatriques". Une situation loin d'être des plus réjouissantes et face à laquelle Oulbacha tire la sonnette d'alarme : "le budget 2013 n'est pas suffisant". Selon les explications du responsable, "le nombre de personnes incarcérées a accusé une croissance de 26% entre 2009 et 2013. Résultat, le budget alimentaire par détenu est passé de 14 DH/personne/jour à 11 DH/personne/jour". C'est d'ailleurs sur ce point précis que Akhbar Al Yaoum titre son article sur le sujet. Selon le journal, "les détenus sont les premiers à avoir souffert des mesures d'austérité du gouvernement". Lors de son plaidoyer devant la commission parlementaire, Oulbacha a déclaré qu'à "l'heure où son département cherchait les fonds pour financer les projets sur lesquels il s'était engagé, à savoir la construction de nouveaux centres de détention et l'aménagement des anciens, le gouvernement a décidé de réduire le budget d'investissement, ce qui a tout chamboulé", rapporte le journal.

Manque de moyens

Le responsable explique également qu'en dépit du fait que son cabinet soit parvenu à dépasser les problèmes fonciers, l'administration pénitentiaire n'est pas parvenue à programmer la construction des prisons locales prévues à Nador, Sefrou et Asilah. Le manque au niveau des ressources humaines a également été relevé lors de cette intervention. C'est d'ailleurs pour cette raison, enchaîne Akhbar Al Yaoum, que l'administration pénitentiaire n'a pu faire fonctionner les prisons des Oudayas à Marrakech, de Moul El Bergui à Safi, ou encore d'Azrou et de Benslimane.

Si la surpopulation carcérale influe sur le bon fonctionnement des prisons, la réduction des budgets du département pénitentiaire n'arrange en rien la situation. Les prisons du Maroc comptent actuellement 72.800 détenus, une densité "anormale", comme l'a clairement expliqué Oulbacha qui est loin de favoriser ou de simplifier la "réinsertion" sociale et professionnelle qu'essaie de mettre en place l'administration des prisons du Maroc. Un objectif d'autant plus primordial que la population carcérale est constituée à 80% de personnes condamnées à moins d'un an de prison ou en détention préventive. Le passage à la case prison dans certains de ces cas peut alors s'avérer d'autant plus traumatisant et agir sur le comportement de ces détenus "temporaires".

Par Sophia Akhmisse
Le 05/11/2013 à 20h25