Nos sorcières contre leurs vampires

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ChroniqueJe ne donne pas cher de la peau (fripée) de leurs vampires face à la fureur de nos seharates.

Le 24/01/2018 à 15h14

Jusqu'à la dernière minute, je croyais rester sans voisin dans le train. Dans ce cas, on s’étale, on occupe le siège voisin, on rabat la tablette et on y dépose son Opinel et son saucisson, c’est tout juste si on ne fout pas le feu à son samovar pour se faire quelques litres de thé et en abreuver tout le wagon en clamant des poèmes pleins de mélancolie.

Franchement, je ne sais pas pourquoi je commence ainsi ce billet, on se croirait dans un roman russe d’il y a cent ans, il ne manque plus qu’un air de balalaïka et une Natacha de qui s’amouracher en rêvant d’une isba dans la taïga -alors que c’est du Malawi que je voulais vous parler.

Mais oui, du Malawi.

Reprenons. Lundi dernier, dans le Thalys en partance de Paris vers Amsterdam à 10.25, je me croyais sans voisin quand surgit, au dernier moment, une géante blonde (j’apprendrai plus tard qu’elle mesure 1m86 sous la toise) qui jette négligemment son sac à dos dans le porte-bagage au-dessus de nos têtes.

Après quelques minutes, et à l’occasion d’un cahot plus vif que d’autres, la conversation s’engage et il appert que l’aimable géante est une étudiante en médecine qui vient de faire un stage de médecine tropicale dans ce pays lointain et exotique qui a nom "Malawi".

C’est là que je dresse l’oreille. Il me revient que notre beau pays cherche par tous les moyens à faire ami-ami avec le Malawi pour que ce dernier revienne sur sa reconnaissance inconsidérée de l’évanescente république sahraouie.

Que fait chaque Marocain qui se respecte lorsqu’il rencontre à l'étranger de l’indigène, fût-il blond? Eh bien, il fait de la diplomatie parallèle. J’apprends donc à l'étudiante que le Malawi m'intéresse pour les raisons sus-indiquées et j’en profite pour lui dire quelques vérités en ce qui concerne ce stupide conflit qui empêche, hélas, le Maghreb de se faire. Et voilà qu’elle me révèle quelque chose de très intéressant: le grand problème, en ce moment, au Malawi, ce sont les vampires.

Vous avez bien lu: les vampires. Le peuple est saisi de frayeur, il voit des vampires partout, des lynchages s’ensuivent, la police est dépassée.

Et soudain je vois comment nous pourrions nous attirer les bonnes grâces du Malawi. Ils ont des vampires, nous avons des seharates, des sorcières, des jeteuses de sorts. Je propose donc ici, dans ces colonnes, que nos ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères unissent leurs efforts pour rafler toutes nos sorcières, de Tanger à Lagouira, de Settat à Zagora, les entasser dans des biplans de l'armée de l'air et aller les larguer sur le Malawi avec, tatouée sur leurs fesses, cette fière proclamation: "DON DU PEUPLE MAROCAIN AU PEUPLE MALAWI".

Je ne donne pas cher de la peau (fripée) de leurs vampires face à la fureur de nos seharates. Débarrassé de cette plaie (et nous de la nôtre), le gouvernement de ce valeureux pays deviendra notre plus fidèle allié en Afrique australe.

Au suivant !

Par Fouad Laroui
Le 24/01/2018 à 15h14