Sénégal-Maroc-Espagne: la nouvelle route de l’immigration clandestine

DR

Revue de presseKiosque360. L’arrestation d’un Sénégalais près de Saragosse a permis à la police espagnole de découvrir qu’il est le chef d’un réseau international de passeurs de migrants entre le Sénégal, le Maroc et l’Espagne.

Le 16/09/2018 à 23h06

Les services de sécurité marocains traquent, depuis quelque temps, un réseau international de passeurs de migrants soupçonnés d’aide à l’immigration clandestine entre le Sénégal, le Maroc et l’Espagne. Les investigations de la police européenne ont révélé l’existence d’une organisation criminelle au Maroc qui fut à l’origine de la plus grande vague d’immigration entre le nord du royaume et le sud espagnol depuis le début de ce siècle.

Ses responsables attirent les candidats à l’immigration clandestine avant de les transporter dans des embarcations de fortune vers le sud de l’Espagne. La direction générale de la police espagnole a arrêté un passeur soupçonné d’avoir organisé, en avril dernier, une traversée sur une barque vétuste qui a chaviré, causant la mort de 11 personnes. L’enquête a montré que cette «expédition de la mort» a quitté Tanger à destination d’Algesiras avec à son bord des migrants en provenance d’Afrique subsaharienne. Malgré l’intervention de la marine espagnole pour éviter cet énième drame, seul un candidat à l’immigration a pu être remonté à bord vivant.

Le quotidien Akhbar Al Youm rapporte, dans son édition du lundi 17 septembre, que le chef présumé de ce réseau a été arrêté dans la région de Saragosse et poursuivi pour crimes contre les étrangers et homicide involontaire. Le mis en cause est un Sénégalais qui organisait le déplacement des candidats et s’occupait de leur hébergement à Tanger où il résidait avant de décider de rejoindre l’Espagne en juillet dernier. La police espagnole a découvert chez le passeur sénégalais des portables et des documents qui démontrent l’existence d’un réseau criminel. Les enquêtes sont toujours en cours en collaboration avec les polices marocaine et sénégalaise pour appréhender les autres membres de cette cellule.

Les premières investigations ont permis de découvrir que les migrants ne paient que 5000 dirhams pour traverser avec cette organisation, une somme dérisoire comparée à celle exigée par les passeurs qui se servent de bateaux pneumatiques très rapides. Avant d’entamer leur traversée à partir de la plage de Tanger, les candidats sont cachés dans un appartement appartenant au réseau de passeurs.

Le pire, c’est que contrairement aux autres réseaux, cette cellule criminelle oblige ces pauvres gens à monter dans une embarcation sans pilote, les condamnant ainsi à voguer vers la mort. Ces criminels se servent ainsi d’embarcations de fortune munies d’un moteur de faible puissance afin que les migrants soient interceptés par la marine espagnole et non pas pour qu’ils atteignent la terre ferme. Selon l’agence de presse espagnole EFE, les autorités marocaines ont récupéré, samedi 15 septembre, le cadavre décomposé d’une migrante africaine sur une plage de Nador.

La vague d’immigration clandestine continue d’enfler. Rien que samedi dernier, plus de 500 migrants ont été sauvés d’une noyade collective. Selon l’agence de presse EFE, 60 d’entre eux ont été entassés dans une embarcation de fortune en provenance de la région «Bouyafer» près de Nador. La même source indique que la barque était en train de chavirer quand la marine espagnole a procédé au sauvetage vers 10 heures du matin.

Par Samir Hilmi
Le 16/09/2018 à 23h06