Un kidnapping "hollywoodien" raté à Tanger

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Revue de pressekiosque 360. Dans le Nord du pays, les enlèvements ont tendance à augmenter depuis quelques années. La plupart sont motivés par des demandes de rançons, mais pas tous. Celui qui s'est produit mardi dernier avait plus un air de règlement de comptes.

Le 21/01/2015 à 23h30

Un homme d'affaires originaire de la région de Béni Ahmed, dans le pays des Jbalas relevant de la province de Chefchaouen, a été l'objet mardi matin d'une tentative d'enlèvement sur l'Avenue Ibn Katir, en plein centre de Tanger, révèle Al Akhbar sur sa Une du 22 janvier courant.

Trois individus à bord d'une Peugeot 301 de couleur grise ont en effet essayé de kidnapper l'homme d'affaires à la sortie de son bureau, dans une artère fortement fréquentée. Qualifiée par les témoins de «hollywoodienne», cette tentative s'est donc faite en plein jour et devant témoins. Les ravisseurs ont molesté la victime et l'ont menacée avec une arme à feu. N'eût été le grand attroupement généré par l'agitation qu'ils ont causée, souligne Al Akhbar, les ravisseurs auraient pu réussir leur coup, mais l’importante assistance les a un peu refroidis. ils ont alors pris la poudre d'escampette vers une destination inconnue.

Un coup préparé minutieusement

Avant de partir, les kidnappeurs ont arraché le portable de la victime. Selon les sources du quotidien Al Akhbar, aussi bien la façon dont s'est déroulée l'agression que l'immobilisation de la victime et la manière dont les malfaiteurs ont pris la fuite, indiquent qu'ils ont bien étudié et préparé l'enlèvement puisqu'ils ont encerclé la victime près de son bureau. Ces sources estiment que cette opération a été étudiée avec minutie et que les déplacements et les habitudes de la victime ont fait l'objet d'une surveillance. Revenu du choc de l'agression, l'homme d'affaires, qui vient de recouvrer la liberté après une longue peine passée en prison, s'est dépêché d'aller déposer plainte auprès de la Police judiciaire, l'après-midi du jour même. Sur ordres du Procureur du Roi près la Cour d'appel, une enquête judiciaire a été ouverte pour élucider ce crime avorté. Al Akhbar, d'après ses sources, n'exclut pas que cet enlèvement raté ait un

rapport avec un litige en suspens avec la victime.

La mafia pourrait être derrière ce coup

Cet épisode de grand banditisme où une arme à feu a été utilisée rappelle, écrit Al Akhbar, la série d'affaires où des armes à feu ont été utilisées en 2014 dans la capitale du détroit, en particulier le vol, le 24 février 2014, d'un fourgon blindé sur l'Avenue Moulay Abdelaziz, où un des convoyeurs avait été blessé par des coups de feu tirés à bout portant après avoir résisté aux braqueurs. Les voleurs avaient dérobé plus de 5 MDH. Aussi bien le mode opératoire, le sang-froid que la détermination des voleurs prouvent qu'ils s'agit de membres de la mafia, notamment étrangère. Jusqu'à présent, cette affaire n'a pas été élucidée, ni l'argent retrouvé. Malgré le dispositif mis en place par la police et la gendarmerie pour arrêter les auteurs du braquage, ces derniers ont réussi à passer entre les mailles du filet. La série d'incidents avec usage d'armes à feu a généré un vaste mouvement au sein des forces de police à Tanger. Le Préfet a été démis de ses fonctions avant de bénéficier de la retraite anticipée et des mutations ont eu lieu dans les rangs de la police et des Renseignements généraux.

Aujourd'hui, à cause du trafic de drogue, des veilles armes héritées de la lutte contre l'occupant et du trafic d'armes provenant des arsenaux libyens, la circulation d'armes à feu devient préoccupante.

Réservées uniquement pour les narcotrafiquants, les armes commencent à défrayer de plus en plus la chronique aussi bien dans le cadre de querelles domestiques, que de conflits tribaux ou règlements de compte mafieux.

Par Amine Haddadi
Le 21/01/2015 à 23h30