Vidéo. Autoroutes: les dessous d'une crise sociale qui perdure

Le360

Le 01/06/2017 à 13h01

VidéoConfronté depuis plusieurs mois à un important mouvement social, Anouar Benazzouz, DG de la société des Autoroutes du Maroc, révèle pour la première fois devant la caméra de le360 son point de vue sur la situation. Il s'exprime aussi sur la vente d'ADM et les futurs chantiers. Les détails.

Cela fait maintenant plusieurs mois que la société des Autoroutes du Maroc est confrontée à un important mouvement social. Plusieurs grèves ont été organisées au niveau des péages et ont coûté cher à la société.

Jusque-là, la direction générale d’ADM, bien que pointée du doigt par les syndicats, s’était refusée à réagir. Aujourd’hui, elle joue le jeu et répond aux questions de le360.

Ainsi, pour Anouar Benazzouz, directeur général d’ADM, cette crise sociale chez le prestataire en charge de la gestion des péages pourrait s’expliquer, d’abord, par les craintes que peuvent avoir les salariés sur la pérennité de leur emploi.

En effet, dans un contexte où la société des Autoroutes du Maroc a enclenché une vaste stratégie de modernisation et de l’exploitation du réseau, qui s’est traduite par exemple par l’introduction, puis la généralisation, du télépéage, il y aurait aujourd’hui des craintes chez les employés des péages de perdre leur poste. Or, à en croire le top management d’ADM, il n’a jamais été question de remplacer les employés des péages par un système automatique. De plus, «nous travaillons aujourd’hui de manière à faire bénéficier ces employés de formations devant leur permettre de s’ouvrir à d’autres métiers liés aux autoroutes et d'élargir leur horizon professionnel», explique Anouar Benazzouz.

Ensuite, il y a le problème du non-respect d’une convention collective que ADM aurait signée et que les syndicats brandissent dans le cadre de leurs revendications. A ce sujet, le DG d’ADM est on ne peut plus clair. «ADM n’a pas signé de convention collective et n’a d'ailleurs pas le droit de le faire». En fait, les employés protestataires sont avant tout des salariés d’une société prestataire de services engagée par ADM. La logique voudrait donc que si convention collective il y a, elle doit être conclue entre le prestataire et le salarié. ADM est, pour sa part, une partie tierce au contrat de travail de ces salariés, et ne peut par conséquent, selon le DG d'ADM, être partie prenante à la convention collective.

Pourquoi alors les syndicats accusent-ils Autoroutes du Maroc d'avoir signé une convention sans pour autant respecter les engagements qui y figurent? Selon nos informations, il y aurait bien eu une réunion sur cette convention collective dont le PV a bien été signé par un représentant de la société des Autoroutes du Maroc, chose que les syndicats considèrent comme une ratification de ladite convention.

Il reste alors à savoir pourquoi c'est Autoroutes du Maroc qui supporte aujourd'hui les conséquences d'une crise sociale chez un de ses prestataires. En effet, la logique voudrait que ce dernier soit tenu par des obligations de résultat envers ADM. Or, aujourd'hui, avec les grèves répétées au niveau des péages, c'est bien Autoroutes du Maroc qui en paie la facture. «Il ne faut pas oublier qu'il y a là un caractère social à prendre en considération, vu notre statut d'entreprise publique», explique Anouar Benazzouz. C'est donc pour cette raison qu'ADM se retrouve impliquée de fait dans ce problème.

Quoi qu’il en soit, les pouvoirs publics s’activent pour mettre un terme à cette tension sociale. En effet, une commission interministérielle, constituée en 2014, a été récemment réactivée en vue de mener les discussions avec les syndicats et de trouver une solution qui arrangerait toutes les parties. D’ailleurs, les mesures décidées devraient faire partie du prochain cahier des charges qui sera imposé à la société prestataire de ces services afin de garantir leur application aux employés.

Sur un autre registre, plusieurs rumeurs ont circulé ces dernières semaines sur d’éventuelles «négociations secrètes» avec une entreprise étrangère en vue de lui céder la société des Autoroutes du Maroc. «C’est complètement faux. Seul l’Etat a la prérogative de pouvoir négocier la privatisation d’une entreprise publique comme ADM, et ce n’est pas le cas actuellement», insiste Anouar Benazzouz. En fait, cette rumeur serait née lorsqu’un représentant de la société Vinci, groupe français qui a accompagné techniquement ADM dans la mise en place du télépéage, s’est rendu dans une station de péage pour s’enquérir de l’état d’avancement du projet. Sa présence sur le terrain a été interprétée comme une visite des lieux en marge de négociations qui auraient été entamées dans les coulisses en vue d’une privatisation d’ADM. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Par Younes Tantaoui et Khalil Essalak
Le 01/06/2017 à 13h01