Vidéo. Bab Sebta: Les "femmes-mulets" témoignent de leur calvaire

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Le 29/01/2018 à 11h31

VidéoLes décès récents de «femmes-mulets» au passage de la frontière de Sebta mettent de nouveau le projecteur sur le calvaire que vivent ces femmes. Témoignages.

Le360 s’est rendu sur place et a rencontré plusieurs de ces femmes qui n’ont d’autre choix que de mettre en péril leur vie pour traverser la frontière chargées de marchandises. Selon les témoignages recueillis, elles gagnent quotidiennement entre 100 à 300 dirhams. Mais certains jours, elles ne gagnent rien.

Devant la caméra de Le360, elles racontent aussi ce qu’elles doivent endurer à chaque passage, souvent obligées de passer la nuit dehors, qu’il pleuve ou qu'il vente. Tout cela, disent-elles, parce qu'elles n’ont pas d'autre moyen de subsistance. 

Les conditions de vie et de travail sont à la limite du supportable. «Nous venons de loin et devons payer le transport depuis Tétouan et sa région ou prendre un loyer à Fnideq. C’est une charge supplémentaire qui pèse sur nos revenus. J’en arrive à marcher de Sebta à Castillejos (Fnideq) rien que pour éviter les dix dirhams de taxi et pouvoir ainsi économiser», nous raconte cette dame.

Ce qu’elles gagnent? «C’est selon: parfois 250 dirhams, parfois 150, parfois rien», explique une autre. «Les gens parlent de contrebande et nous accusent de tous les maux. Mais trouvez-nous autre chose parce que ce n'est pas un métier que nous avons choisi. C'est notre seul moyen de subsister plus ou moins dignement», s'insurge-t-elle, en colère.

Les restrictions d’accès à Sebta, limité à deux fois par semaine pour les hommes et autant pour les femmes, précarisent davantage cette catégorie. «Comment voulez-vous que je m’en sorte avec de telles limitations», témoigne cette femme, divorcée avec une fille de trois ans à charge.

A 80 ans passés, cette vieille femme dit préférer de loin travailler en tant que femme-mulet plutôt que de tendre la main. «J’exerce ce métier depuis peu, à peine cinq ans, puisque je n’ai personne pour m’apporter un seul dirham. Et mendier, je n’ai pas pu», dit-elle, un brin fière. Mais à quand une solution?

Par Said Kadry
Le 29/01/2018 à 11h31