Vidéo. Fès: comment on tue sauvagement un sanglier

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Une vidéo publiée, mardi, montre un groupe d'une dizaine de personnes qui s'acharnent d'une façon sauvage sur un sanglier. Ces personnes rouent de coups l'animal, qui crie toute sa douleur, jusqu' à la mort. Ames sensibles s'abstenir.

Le 26/10/2016 à 17h01

Les images d’un sanglier sauvagement battu par un groupe de personnes à Fès sont choquantes. Diffusée par la web TV du journal Anza 24 basé à Agadir, cette vidéo fait le tour de la toile.

Contactée par le360, une source au sein de ce journal digital précise que la vidéo a été transmise par courriel par une chaîne youtube basée à Fès et appelée: «le réseau des choses rares et autres étrangetés».

Rappel des faits. Lundi 24 octobre, vers 11h, un sanglier se déplace de Rass El Maa jusqu’au Douar Bensouda.

Trajet confirmé par Haddou Choubani, chargé de la chasse à la direction régionale du Haut- commissariat aux Eaux et forêts de Fès. Il explique qu'un «un homme d’une coopérative agricole, ayant souhaité garder l’anonymat, a informé la direction régionale du Haut-commissariat aux Eaux et forêts à Fès. Mais malheureusement, une fois sur place, les forestiers se sont rendus compte que l'animal a été tué».

Un membre d’une coopérative agricole locale de Fès confie à le360 avoir été alerté par des membres de sa famille. "Ils m'ont rapporté qu'ils avaient vu passer le sanglier de la région de Rass El Maa vers Zouagha et Bensouda", indique-t-il.

«Tout le monde avait peur. C’était la panique. J’ai donc aussitôt contacté les autorités concernées», lance-t-il. Il n’en dira pas plus.

Haddou Choubani, ajoute avoir donné ses instructions aux agents forestiers par téléphone afin qu'ils dissuadent les citoyens de s'attaquer au sanglier. «Je leur ai dit d’informer la population locale de rester à l’écart et, qu’une fois sur place, nous allions le capturer», précise-t-il.

Notre source au sein du département régional du Haut-commissariat ne peut s'empêcher de manifester un sentiment de tritesse. Elle déplore la manière avec laquelle le sanglier a été abattu. Mais, il ne manque de relever que: "heureusement que cela s’est passé de la sorte. Lorsque un sanglier est blessé, il devient très dangereux. Il aurait pu y avoir un massacre". Une déclaration qui peut naturellement choquer.

Un avis partagé par son supérieur hiérarchique, Abdeladim El Hafi, le Haut- commissaire aux Eaux et forêts. «Lorsqu’un sanglier est touché, il devient très dangereux. Mais cela ne justifie pas la sauvagerie. Il y a d’autres moyens de se comporter. Il ne faut pas le faire souffrir. Il faut l’abattre dans les règles de l’art. La loi punit la maltraitance des animaux», nous lance-t-il.

Abderrahim Bouhmidi, avocat inscrit au barreau de Rabat, renchérit dans ce sens. Il explique que le Code pénal punit la maltraitance des animaux. «Une amende est prévue, mais il doit y avoir une plainte. Qui va déposer plainte? Les Eaux et forêts peuvent rédiger un procès-verbal. Mais ce n’est pas une plainte. En plus, dans ce cas bien précis, les habitants étaient face à un danger. Le sanglier est un solitaire. Et tous les solitaires sont très dangereux», précise-t-il.En droit commun, la maltraitance animale est régie par des dispositions. Les sanctions peuvent aller de six jours à six mois de prison.

L'article 602 du Code pénal stipule que "quiconque, sans nécessité, tue ou mutile l’un des animaux mentionnés au précédent article (montures, bête de somme ou bétail) ou tout animal domestique, dans les lieux, bâtiments, enclos et dépendances ou sur les terres dont le maître de l’animal tué ou mutilé est propriétaire, locataire ou fermier, est puni de l’emprisonnement de deux à six mois et d’une amende de 120 à 250 dirhams".

Les spécialistes relèvent que l'on assiste à une surpopulation de sangliers. "Les sangliers prolifèrent aujourd’hui dans le monde car le prédateur naturel du sanglier n’existe plus. Les lions, les chacals et même les chiens errants sont les prédateurs naturels du sanglier. Ces derniers ont disparu de la forêt", précise Abdeladim El Hafi, le Haut- commissaire aux Eaux et forêts et d’ajouter: "il n’y a pas de solution. La seule alternative demeure la battue réglementée de sangliers".

En France, ce sont pas moins de 500.000 sangliers éliminés par an. Et au Maroc, on compte entre 18.000 à 20.000 bêtes ciblées durant les battues de régulation.

Toutes ces données ne peuvent justifier la sauvagerie avec laquelle les habitants de Fès ont mis à mort le sanglier.

Par Qods Chabaa
Le 26/10/2016 à 17h01