Vidéo. Les fausses alertes minent le moral des pompiers

Le360

Le 15 est le numéro de la protection civile. Pour composer ce numéro, il faut être témoin d’un incendie ou d'un accident. Sauf que des plaisantins ne l’entendent pas de cette oreille et passent leur temps à faire des farces d'un très mauvais goût aux sapeurs-pompiers. Reportage.

Le 25/03/2017 à 18h03

Nous sommes le mardi 21 mars, il est 17 heures. A la caserne des pompiers située derrière la wilaya du Grand Casablanca, règne un calme apparent. Pas pour tous. A n’importe quel moment, un appel peut retentir, annonçant un incendie dans un district de la métropole. Les agents de la protection civile sont en état d’alerte. Un état inhérent à leur mission : celle de sauver des vies et d’éteindre le feu. C’est là un travail difficile, mais leur mission l’est encore plus lorsqu’ils ont affaire à un manque de civisme qui rend leur tâche très pénible.

Entre 17 heures et 3 heures du matin, le standard du centre d’appel n'a pas arrêté de sonner. Il y a toujours un agent qui a le combiné pendu à son oreille. Il a très souvent au bout du fil un homme ou une femme dont l’objectif premier est de lui faire perdre son temps en s’amusant, en le harcelant et parfois même en proférant des insultes.

Parmi une centaine d’appels, seuls quatre étaient de vraies alertes d’incendies. Les autres, des plaisanteries. «Nous sommes obligés de supporter insultes et gros mots de plusieurs personnes faisant partie de différentes catégories socioprofessionnelles», nous confie un agent à la caserne, tout en précisant qu’avec le temps ils apprennent à discerner les vraies des fausses alertes, sans toutefois se permettre de ne pas enclencher l'alarme en cas de doute.

Plusieurs personnes ivres ou sous l’effet d’une addiction quelconque composent le 15, et font semblant d’être témoins d’un incendie. Ce qui est pour eux un simple amusement est vécu comme un calvaire par les agents de la protection civile. «Les parents doivent sensibiliser leurs enfants à la gravité de ces agissements», conseille notre source. Et d'ajouter: «Cela nous empêche de faire notre travail dans des conditions normales».

Durant cette nuit de mardi, sur 2000 appels, 1800 étaient faux! Cela signifie qu’il y a un pourcentage de 90% de fausses alertes sur les communications reçues par le centre d'appel de la protection civile, comme a pu le constater l’équipe de le360 qui a suivi le travail des sapeurs-pompiers.

Les auteurs de ces fausses alertes ne sont pas sanctionnés. Car contrairement à la sûreté nationale, il n’y a aucun texte qui permet d’arrêter ces irresponsables qui dérangent et perturbent le travail des sapeurs-pompiers, comme le précise un agent de la protection civile. La seule solution, selon lui, étant de supprimer la gratuité des appels au 15 pour réduire au maximum le nombre de fausses alertes et soulager les agents de la protection civile. Une solution qui porte en elle le risque que des personnes en danger ne puissent pas atteindre les sapeurs-pompiers.

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Par Miloud Shelh et Mohamed Chafii
Le 25/03/2017 à 18h03