Vidéo. Tout ce qu'il faut savoir sur l'Aïd al-Adha à crédit

Le360 : Adil Gadrouz

Le crédit s’impose comme mode d’achat du mouton pour nombre de personnes à revenu moyen. Si les intérêts bancaires sont interdits par la religion, l’emprunt est toutefois envisagé. Qu'en pensent les citoyens et les oulémas? Eléments de réponse.

Le 26/08/2017 à 13h20

Au Maroc, les familles à revenus modestes ont chacune leurs propres astuces pour financer le mouton de l'Aïd al-Adha. Si plusieurs institutions proposent des offres très alléchantes, plusieurs citoyens rejettent le crédit et attendent plutôt une action charitable de leurs proches qui en ont les moyens.

C’est ce que nous révèlent des propos recueillis par le360 à Casablanca. Sur les témoignages pris, certains disent ne trouver aucun inconvénient à recourir au crédit. Un cadre bancaire en fait partie. «L’entreprise nous propose des facilités de paiement. On le paie en plusieurs tranches», a t-il en effet exhorté. Nombre de citoyens à faible revenu abondent dans le même sens. Faute de choix, sûrement. D'autant plus que l'Aïd al-Adha coïncide cette année avec la rentrée scolaire.

Le crédit délivré par ces institutions est en effet presque l’exclusivité de ceux qui travaillent et ont un salaire régulier. «Nous ne savons pas comment nous allons financer le mouton cette année. Nous sommes très pauvres et nous espérons que comme l’année dernière une âme charitable, un mécène veuille bien nous gratifier d’un mouton» nous lance cette femme septuagénaire, croisée dans une des ruelles de Casablanca. Le scepticisme à l’égard du crédit se ressent et l’interdit religieux est souvent avancé.

Dans un entretien accordé à le360, Lahcen Sguenfel, le président du Conseil local des oulémas de la préfecture de Skhirat-Témara, rappelle que «le crédit avec intérêt est certes déconseillé. Mais ceux qui sont contraint à acheter le mouton peuvent toujours emprunter. Mais le plus simple serait de rembourser le prix du mouton et non pas rembourser l’achat du crédit» explique celui qui est aussi Imam dans une mosquée à Temara.

Selon Lahcen Sguenfel: «on ne doit pas oublier l’aspect social. Souvent, on remarque au Maroc que les enfants supplient le père de famille pour acheter le mouton. Et même s’il refuse parce qu'il n’en a pas les moyens, il se trouve acculé d'acheter son crédit ».

Mais la bonne nouvelle, c’est que les textes de la Chariaä stipulent que les personnes à revenu très modeste et qui n’ont pas les moyens d’acquérir un mouton, sont épargnés. «Cela se justifie dans la religion à travers l’histoire et le comportement du prophète qui a toujours sacrifié deux moutons, un pour lui et un pour les démunis» déclare le président du conseil local des oulémas de Skhirat Témara.

Par Qods Chabaa et Adil Gadrouz
Le 26/08/2017 à 13h20