Voilà pourquoi l’association «Racines» a été dissoute

Des membres de Racines au local de l'association.

Des membres de Racines au local de l'association. . DR

Revue de presseKiosque360. La justice vient d’ordonner la dissolution de l’association «Racines» pour avoir autorisé le tournage, dans ses locaux, d’une émission-web portant atteintes aux institutions et à la religion. Les détails.

Le 30/12/2018 à 21h26

L’Association «Racines» a été dissoute, mercredi dernier, sur demande du gouverneur de la préfecture d’Anfa (Casablanca) et d’après une ordonnance du Parquet, pour avoir abrité, dans ses locaux, le tournage de la web-emission «1 dîner 2 cons», rapporte le journal Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 31 décembre. D’après le journal qui relate les détails de l’affaire, l’association a reçu, pour la première fois, une convocation du tribunal le 28 novembre dernier pour assister à une audience programmée pour le 12 décembre.

C’est en se présentant à cette audience que les responsables de l’association ont pris connaissance de l’existence d’une demande du Parquet, datée du 13 novembre, visant sa dissolution. Le ministère public s’est basé sur une demande du gouverneur de la préfecture d’Anfa, faite en ce sens, un peu plus d’un mois plus tôt, c’est-à-dire le 9 novembre. 

Dans sa demande, le gouverneur note que les responsables de l’association ont organisé, le 5 août, une activité comportant des dialogues au contenu attentatoire aux institutions et à la religion musulmane et diffamatoire envers les institutions organisées et les fonctionnaires de l’Administration. Ces derniers ont d’ailleurs été accusés de corruption, notamment dans le cadre des programmes de l’INDH. Lors de cette émission, poursuit le journal, ont également été exprimées des opinions politiques qui ne cadrent pas avec les objectifs affichés de l’association et qui en sont même très loin.

Le journal a également évoqué des agissements durant ce tournage pouvant heurter les sentiments des spectateurs, notamment la consommation d’alcool par certains invités au cours de ce débat diffusé sur une chaine Youtube le 24 août. Ce qu’Akhbar Al Yaoum, citant la demande du gouverneur, considère comme une atteinte aux mœurs et aux valeurs sociales mais aussi contraire aux objectifs notifiés dans les statuts de l’association. C’est pour tout cela, note le journal, que le gouverneur a demandé aux autorités judiciaires de procéder à la dissolution de cette association, tout en joignant à sa demande deux CD de l’émission.

Après avoir visionné l’enregistrement, le Parquet, reprenant presque mot pour mot l’argumentaire avancé par ce dernier, a sollicité du juge d’ordonner la dissolution de l’association. Dans son réquisitoire, le ministère public a également repris certaines déclarations des invités, notamment celles d’un jeune journaliste qui a affirmé que «l’Etat marocain est un régime policier, basé sur l’asservissement et sur beaucoup de valeurs archaïques et contraires aux principes de la démocratie et des droits et libertés».

De même qu’un autre invité, dans un extrait de l’enregistrement remis au tribunal, n’hésite pas à qualifier de «criminel tout juge qui ajourne un procès ne serait-ce que d’un mois». L’ordonnance du Parquet, souligne le journal, a également relevé des propos attentatoires à la religion et des insultes envers des personnes et d’autres propos dénigrant les institutions et diffamant les fonctionnaires de l’Administration. 

Par Amyne Asmlal
Le 30/12/2018 à 21h26