Diapo. Les Chiliens de Palestino, fierté de tous les Palestiniens du monde

DiaporamaLe modeste club chilien de football de Palestino, qui dispute cette année sa première Copa Libertadores en 36 ans, fait la fierté de tous les Palestiniens du monde en portant haut les couleurs de leur terre.

Le 03/04/2015 à 19h08

Des supporters du club chilien de Palestino regardent le match de leur équipe contre les Wanderers d'Uruguay en Copa Libertadores, le 10 mars 2015 à Santiago. . AFP/Martin Bernetti

La participation de la Palestine à la Coupe d’Asie des Nations avait réanimé un sentiment de fierté pour tous les Palestiniens dans le monde. Cette ferveur ne risque pas de s’éteindre de sitôt puisque le club de Palestino au Chili est en bonne place pour se qualifier pour les huitièmes de finale de la Copa Libertadores, la compétition reine des clubs en Amérique du Sud. Alors pourquoi une équipe palestinienne à Santiago ? Tout simplement parce que plus de 300.000 personnes d’origine palestinienne y vivent, suite au départ de millions d’entres eux de leur terre natale. Dans les années 50, les «Turcos», comme sont généralement surnommés les Arabes dans la région, ont créé le club professionnel de Palestino. Depuis, le club est l'unique équipe participant aux compétitions de la FIFA à porter le drapeau palestinien, mêlant les couleurs noire, verte, rouge et blanche. Ce qui fait la fierté du peuple palestinien à 14.000 kilomètres du Chili. A Ramallah, en Cisjordanie, les supporteurs tels que Mounzer Zahran suivent les matches du club sud-américain comme s'il s'agissait de leur équipe nationale, malgré le décalage horaire. «Parfois, je reste jusqu'à 5h du matin pour voir les matchs», raconte-t-il à l'AFP, face à l'ordinateur sur lequel il regarde les rencontres avant de reconnaître avec enthousiasme «sa fierté de voir les gradins remplis de drapeaux palestiniens.Cela n'a pas de prix».

Mahmoud Abbas : «Fierté pour le peuple palestinien»«Palestino génère beaucoup d'émotion. Il représente tout un peuple qui n'a pas de voix», explique à la même source Anuar Majluf, directeur de la Fédération palestinienne du Chili. «Maintenir la communauté palestinienne unie à travers le sport, hisser le drapeau palestinien sur le continent par le sport, c'est tout simplement merveilleux», ajoute-t-il. Qualifiée par le président des territoires palestiniens Mahmoud Abbas de «fierté pour le peuple palestinien», l'équipe a provoqué l'hystérie de ses fans après sa victoire en tour préliminaire contre les Uruguayens de Nacional. Reversé dans le groupe 5 avec les Argentins de Boca Juniors, les Wanderers de Montevideo et les Vénézuéliens de Zamora, le Palestino conserve encore toutes ses chances de qualification. A deux journées de la fin de la phase de groupes, le club de Santiago a trois longueurs de retard sur le 2ème, les Wanderers.

Une club où ne figure plus de Palestiniens

Il y a deux ans, la volonté du club d'intégrer sur les maillots une carte des territoires palestiniens avant la création de l'Etat d'Israël en 1948 a provoqué l'ire de la communauté juive locale. La Fédération chilienne a finalement sanctionné l'initiative, estimant qu'il s'agissait d'une prise de position politique, chose interdite dans le football professionnel. Cette carte polémique figure pourtant toujours sur les maillots, mais mieux cachée: elle est par exemple visible sur une manche. «Avoir cette carte sur le maillot est une forme d'identité et de résistance, au Chili comme en Palestine», affirme Nadia Garin, une descendante de Palestiniens de 39 ans.En un peu plus d'un siècle, la communauté palestinienne du Chili, originaire essentiellement des villages chrétiens de Bethléem, Beit Jala et Beit Sahour, est devenue l'une des plus influentes du pays. A ses débuts, les joueurs avaient tous un lien avec le monde arabe. Mais aujourd'hui, aucun joueur n'a d'origine moyen-orientale. «Le club a été créé car les Chiliens ne voulaient pas que les Palestiniens jouent dans leurs équipes», raconte Anuar Majluf. «Alors, quand nous avons mis l'équipe sur pied, nous avons pu jouer. Peu à peu, nous avons été acceptés et nous avons pu nous intégrer à la société chilienne jusqu'à aujourd'hui ».

Le 03/04/2015 à 19h08