Ces youtoubeurs marocains qui donnent le tournis à la junte

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, entouré du chef d'état major de l'armée algérienne, le général Saïd Chengriha, et du commandant de la garde présidentielle, le général Benali Benali. 

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, entouré du chef d'état major de l'armée algérienne, le général Saïd Chengriha, et du commandant de la garde présidentielle, le général Benali Benali.  . DR

ChroniqueMalgré les allégations de la junte algérienne, cette réaction des intellectuels marocains, aujourd’hui sur le net, est constituée d’initiatives libres et personnelles. Ce sont des professeurs, chercheurs, juristes ou économistes et des individualités de la société civile. Tous patriotes, attachés à leur pays et ses Institutions.

Le 13/07/2022 à 12h09

L’«avènement» du binôme Chengriha-Tebboune à la tête de l’Algérie en 2019 a ouvert, encore plus, les vannes de cette haine «énigmatique», mais bien structurelle, contre le Maroc.

Une déferlante qui a submergé leurs médias officiels et les réseaux sociaux, pour atteindre des seuils inédits dans la malveillance. Cette haine est, en vrai, à la hauteur de la déception et de la douleur de la junte.

Alors que le Royaume enregistre des percées historiques et irréversibles sur le Sahara atlantique, le régime algérien se contente de commenter les acquis et réalisations de Rabat. Une question: salué comme le messie par les médias de la junte, qu’est-ce qu’a bien fait Ramtane Lamamra pour redresser la barre de la diplomatie algérienne en perdition?

Depuis qu’il est en poste, deux pays européens majeurs ont reconnu la prééminence du plan d’autonomie, proposé par le Royaume, pour régler le différend qui oppose Rabat à Alger. L’Allemagne a cité pour la première fois le plan d’autonomie et l’Espagne a fait un choix historique qui reconnaît l’autonomie comme l’unique base pour trouver une solution. Sans parler du nombre de consulats ouverts par plusieurs pays à Laâyoune et à Dakhla… Au vrai, la diplomatie algérienne a enregistré ses pires échecs depuis le rappel par le duo Chengriha-Tebboune de Lamamra. Cela est la réalité, et quand on la saisit, on comprend la rage, l’hystérie et les excès qui sont devenus le pain quotidien de la junte.

Plusieurs observateurs internationaux déplorent que la «détestation» du Maroc soit devenue l’exclusive «grille de lecture» du monde pour le régime algérien.

Depuis la confiscation du pouvoir par ce duo bientôt octogénaires, il y a eu une radicalisation de la propagande.

Les Marocains, indignés, ont réagi spontanément face à cette dérive. Parmi eux, des internautes, dont une majorité d’universitaires, hommes et femmes, qui ont lancé des chaînes YouTube, dédiées à l’étude des turpitudes de la junte.

Leurs vidéos connaissent un grand succès et recueillent des millions de vues. Une riposte remarquable sur les réseaux sociaux par une élite rejetant un bellicisme absurde.

En plus de cette riposte spontanée sur les réseaux, l’Etat marocain oppose de la retenue et de la sagesse, et interdit aux chaîne publiques de suivre la folie furieuse du régime algérien.

La propagande algérienne s’appuie depuis longtemps sur une armée de youtubeurs, de trolls et de moucherons électroniques («doubabs») encadrés par le DRS ou le DSS. La nouvelle appellation de cette structure archaïque importe peu! Mais l’appareil militaro-politique vient de décréter une guerre totale contre le Maroc.

Tous les médias algériens, y compris ceux qui se présentent comme indépendants, sont mobilisés dans cette guerre. Et il ne se passe pas un seul jour sans qu’ils n’insultent les Marocains et les symboles de la Nation.

En face, quelques internautes marocains réagissaient, certes, mais ils étaient peu nombreux. Pour ne pas insulter l’avenir, le Maroc officiel a toujours privilégié la retenue et a refusé de répondre aux provocations.

Malgré les allégations de la junte, cette réaction des intellectuels marocains, aujourd’hui sur le net, est constituée d’initiatives libres et personnelles. Ce sont des professeurs, chercheurs, juristes ou économistes et des individualités de la société civile. Tous patriotes, attachés à leur pays et ses Institutions. Plusieurs font partie de centres d’études marocains et internationaux réputés.

Sans citer de noms, on évoquera, ici, leurs convictions, leur vivacité, leur réactivité et leur niveau de langue. Ils n’attendent pas des éléments de langage ou des orientations (à l’instar des trolls algériens) avant de s’exprimer. Leur patriotisme chevillé au corps est à la fois leur motivation et leur inspiration!

Leur impact a ébranlé le régime algérien qui croyait agir en terrain conquis. Leurs vidéos, largement suivies, y compris en Algérie, ont renversé la situation. 

Acculé à la défensive, le chef d’état-major algérien Saïd Chengriha himself s’est exprimé sur ce sujet en octobre 2021, dans la «revue politicarde de l’armée algérienne», pour, dit-il, «dénoncer les graves actes d’hostilité et la campagne de propagande tendancieuse sur les plateformes des médias sociaux, contre l’Algérie, en général, et l’Armée nationale populaire, en particulier».

Le gouvernement algérien a même annoncé avoir mobilisé un budget conséquent pour, dit-il, contrer ce qu’il appelle improprement une «cyber-guerre».

La force et la crédibilité des youtubeurs marocains est que chaque vidéo reflète la personnalité, la formation et le style de son auteur. Chacun exprime ses analyses et commentaires dans sa singularité! Aucun angle ne ressemble à un autre. Une diversité qui fait de l’audience et déstabilise le camp adverse. Ils peuvent être sévères et rigoureux, mais ils ne sont jamais dans l’invective ou l’insulte comme les trolls algériens.

Illustrant cette diversité des profils et prouvant l’autonomie des démarches, il y a un petit nombre de youtubeurs marocains qui usent parfois d’un langage mordant! Cela reste de bonne guerre quand on écoute les insanités proférées en face! Mais cela ne correspond pas aux attentes du public marocain. Leur audience s’amenuise au profit des internautes au langage policé.

Réactifs et vigilants, ils suivent l’actualité du régime algérien et ses cascades de décisions irrationnelles. Ils en décortiquent tous les travers avec souvent ironie et humour. Ils sont aussi dans l’analyse sémiologique des images anachroniques que renvoie cette Algérie souffrante et brimée. Finalement, ils ne font que puiser dans le « grand bêtisier» de cette «nouvelle Algérie» triste et morose, marquée par les violations de tous les droits.

Par contre, les youtubeurs embrigadés par les renseignements algériens sont dans la récitation d’une langue de bois usée. Leurs vidéos sont vides et insignifiantes. Ils sont à court de sujets par rapport à notre actualité. Celle d’un pays concentré, paisiblement, sur sa dynamique de développement et ses chantiers. Alors ils compensent en créant des fictions… Pour toujours aboutir au racisme, à l’insulte et à la vulgarité. C’est leur zone de confort. Ils ne savent faire que ça!

Bien souvent, ces youtubeurs et autres moucherons sont mobilisés en masse pour accompagner les coups tordus et des provocations de la junte. Mais ces campagnes se dégonflent toujours. Comme lors de cet assaut sur Melilia, où la main d’Alger a été identifiée, mais dont les suites ont abouti, à la grande amertume des généraux, à plus de synergie entre l’Europe et le Maroc pour la gestion de la question migratoire.

Enfin, il faut souligner que les youtubeurs algériens «opposants» à la junte –au-delà des divergences qu’on peut avoir avec certains d’entre eux– se distinguent par la crédibilité de leur démarche, le sérieux de leurs propos et font de grandes audiences.

Ils participent efficacement à la mise à nu, aux yeux du peuple algérien, et aux yeux du monde, de cette dictature militaire en perte totale de repères.

Par Jalal Drissi
Le 13/07/2022 à 12h09