Le désintérêt des Marocains pour "Panama papers" expliqué au journal Le Monde

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ChroniqueCe n’est pas l’article de Le360 qui est responsable du peu d’intérêt des Marocains pour les révélations publiées dans le quotidien Le Monde. Les Marocains savent que le roi a un patrimoine. Ils savent leur souverain riche et en sont même fiers.

Le 06/04/2016 à 14h14

Je suis à Mexico, pas très loin de Panama. Je voulais envoyer une chronique sur cette ville bouillonnante de cultures, de contrastes et d’énergie, mais l’actualité de ce qu’on appelle le "Panama papers" m’a rattrapé. 

Fidèle lecteur du quotidien Le Monde et de Le360, je me retrouve confronté à une collision entre les deux supports. Je m’explique: déçu par le peu d’impact de son article consacré au roi du Maroc, le journal Le Monde rend le site Le360 responsable du désintérêt pour ses révélations.

Il juge “efficace“ la “frappe préventive“, en allusion à un article du Le360 qui avait montré que les deux biens acquis pour le compte du souverain étaient publics et ne revêtaient pas le caractère d’une révélation.

Je suis d’ailleurs un inconditionnel du trois-mâts Al Boughaz 1 que j’ai eu l’occasion d’admirer à plusieurs reprises à Mdiq et environs, à l’instar de dizaines de milliers de Marocains. Revenons à l’article du Monde!

Ce n’est pas l’article de Le360 qui est responsable du peu d’intérêt des Marocains pour les révélations publiées dans le quotidien Le Monde. Les Marocains savent que le roi a un patrimoine. Ils savent leur souverain riche et en sont même fiers.

Venir leur dire sur le ton de la révélation: «Votre souverain possède une goélette et un bien immobilier à Paris acquis via une société offshore», tout un chacun répondrait «Et alors?». Ou encore mieux: «Que Dieu l’enrichisse davantage!»

Il y a pourtant des constats simples que n’importe qui peut faire. En tant que chef de l’Etat, dont l’arrière grand-père correspondait avec Louis XIV, il est normal que Mohammed VI possède un patrimoine important. 

Par son exemplarité, le roi est à l’abri de tout soupçon et chaque Marocain en est persuadé. Donc, chercher à créer le buzz avec deux biens qui appartiendraient au roi, c’est faire preuve d’une grande méconnaissance de la réalité sociale dans le royaume du Maroc. D’où le désintérêt marqué pour l’article du journal Le Monde.

Dans le dossier de "Panama Papers", il existe des leads, des espèces de teasers pour rendre plus attractive l’impressionnante enquête. Et parmi les têtes d’affiche dont s’est servi Le Monde, figure le roi du Maroc. Or,dans cette enquête, qui a au demeurant son mérite, on jette le bébé avec l’eau du bain. On fait des amalgames entre ce qui est légal et ce qui ne l’est pas.

Pour rester près de Mexico où je me trouve actuellement, je suis très surpris que personne ne parle d’une société comme Google, domiciliée dans les Bermudes, à des fins d’optimisation fiscale. Qu’on explique la nuance à l’homme de lettres que je suis!

La semaine prochaine, je parlerai de Mexico, de culture, de la tombe de Léon Trotski et de l'étonnante curiosité de ce grand pays pour le Maroc. Sans faute!

Par El Arbi El Harti
Le 06/04/2016 à 14h14