Vivement 2021!

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ChroniqueQuelle année, mes amis, quelle année. Beaucoup resteront inconsolables. Ils ont perdu des êtres très chers, pendant que d’autres ont perdu leur boulot, leurs repères et leurs certitudes.

Le 19/12/2020 à 09h00

Cette année 2020 est terrible. Nous avons connu beaucoup de désillusions et de mauvaises nouvelles, beaucoup de morts, dont le dernier en date, Noureddine Sail, un monument du cinéma et de la culture au Maroc, laissera un vide et beaucoup de regrets. De toutes ses casquettes, c’est surtout la lointaine et la plus ancienne qui nous laissera le plus grand regret: celle de l’homme de radio, cette voix qui nous entretenait tous les weekends des films de la semaine, et qui trouvait toujours le moyen de la «ramener» à John Ford et Anouar Wajdi, comme si tous les films devaient être étalonnés par rapport à ces deux standards du cinéma mondial ou mondialisé. Adieu à cet extraordinaire décrypteur et raconteur de film, adieu à cet Orson Welles marocain, qui aura été une voix off magique et parfaite pour les adolescents des années 1970-80… 

Quelle année, mes amis, quelle année. Beaucoup resteront inconsolables. Ils ont perdu des êtres très chers, pendant que d’autres ont perdu leur boulot, leurs repères et leurs certitudes.

Le pire, c’est peut-être de rester impuissant et perdu, sans capacité de réagir ni de changer quoi que ce soit, face à la dégradation physique, mentale, lente et irrémédiable, des êtres les plus proches, les derniers intouchables. Les voir sombrer dans la maladie, dans la démence et le déni, accepter de les voir si petits…

Alors, disons-le d’une manière triviale, comme ça vient: 2020, année de merde? Pas si vite!

Les dégâts du Covid-19 ont eu l’avantage de mettre à nu nos faiblesses et de nous rappeler que la vraie priorité du développement reste l’être humain. Il faut respecter cet être humain, il faut l’éduquer, le soigner, le laisser respirer, il faut lui donner toutes ses chances et éviter ce sentiment terrible de Hogra quand une clinique refuse de le soigner parce qu’il n’a pas assez d’argent, ou qu’une administration refuse de le recevoir parce qu’il a oublié de glisser un billet de banque dans la poche de tel ou tel.

Humilité, dignité et solidarité. Voilà ce que cette année 2020 peut a posteriori nous apporter. Humilité parce que nous sommes un pays où on peut décéder par la faute d’une ambulance qui arrive au bout de trente minutes et qui n’est même pas équipée d’un masque à oxygène. Dignité parce que c’est le seul capital qui reste à ceux qui ont tout perdu. Et solidarité parce que c’est le seul socle du vivre ensemble.

Vivement 2021 quand même!

Par Karim Boukhari
Le 19/12/2020 à 09h00