Union Africaine, chassez l’intrus!

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Chronique«Anomalie fâcheuse», «erreur historique», «non-sens du point de vue du droit international»… Mais que fait donc alors la pseudo «république sahraouie» au sein de l’Union Africaine?

Le 23/10/2021 à 10h59

Comment se fait-il que la chimérique république autoproclamée du front Polisario, soit la seule à sièger en tant qu’entité non étatique ne disposant d’aucun élément constitutif d’un Etat, parmi les 54 pays souverains et indépendants de l’Union Africaine, jurant de fait avec sa charte et acte constitutif?

Dans quelle mesure l’organisation panafricaine peut-elle porter les idéaux de la construction et fonder une cohésion continentale, affichée depuis son appellation, tout en hébergeant une milice armée, source de division et symbole flagrant de séparatisme et de bellicisme?

Comment concilier cette présence incongrue avec la position des Nations Unies, qui n’accordent aucun statut à la république fantôme et fiction sans existence légale? Ni la Ligue Arabe, du reste, ne lui octroie une reconnaissance, ni l'Organisation de la Coopération Islamique, ni l’Union Européenne, non plus que 159 Etats membres de l’ONU voire -paradoxe suprême!- les deux tiers des membres de l'Union Africaine elle-même.

«Anomalie fâcheuse», répondent les uns. «Non-sens du point de vue du droit international» et «erreur historique», précisent d’autres.

Ce fut le cas encore récemment, au séminaire régional qui s’est déroulé le samedi 16 octobre à Dar-es-Salam, en Tanzanie, co-organisé par l’Institute of Peace and Conflict Studies et la Tanzania Peace Fondation, réunissant un parterre d’une centaine de personnalités politiques et académiques africaines.

A l’issue de la rencontre, ces personnalités furent unanimes à appeler, dans un communiqué final, à l’exclusion de l’entité fantomatique des instances de l’Union Africaine.

Une simple question de temps qui permettrait de corriger une injustice historique, d'assurer la prémunition de l'organisation contre le séparatisme, de restaurer sa crédibilité, de favoriser sa contribution constructive au processus des Nations Unies, qui considère le plan marocain d'autonomie comme une solution «sérieuse et crédible»…

Cet appel rejoint de nombreuses positions similaires, à commencer par la motion commune présentée par 28 Etats africains en 2016, au sommet de la capitale rwandaise, Kigali, demandant la suspension des activités de la pseudo-«rasd» et soutenant la réintégration du Maroc au sein de «sa famille institutionnelle».

Petit rappel des faits: en 1984, le Maroc quittait l’Organisation de l’Unité Africaine (ancêtre de l’UA) dont il fut un éminent membre fondateur en 1963.

«Voilà, et je le déplore, l'heure de nous séparer. En attendant des jours plus sages, nous vous disons adieu et nous vous souhaitons bonne chance avec votre nouveau partenaire», disait en substance le message du roi Hassan II, lu par son conseiller Ahmed Réda Guédira.

Cinq années auparavant, au sommet de Monrovia, au Liberia, le souverain annonçait la couleur: «ce qui se passe à l’OUA depuis des années sont des conférences tam-tam… Des conférences de danse de Saint-Guy… Je dois être isolé de ce cloaque… pour refaire cette Afrique (...) L’OUA a besoin d’un assainissement sur le plan moral».

Cause principale des griefs: l’admission hasardeuse de la «rasd» dans des circonstances opaques -qualifiées sans détours par certains de «sonnantes et trébuchantes»- et dans un contexte historique particulier, marqué par une division bipolaire du monde et par la domination de courants idéologiques, aujourd’hui obsolètes.

La donne a depuis bien changé en effet, des pays africains affranchis de certaines tutelles; les masques tombés sur une junte militaire téléguidant une bande de mercenaires; le mirage de la «république des sables» révélant la nature des violations des droits humains contre les populations séquestrées dans les camps de Tindouf; et le Maroc, qui n’a jamais cessé d’œuvrer dans le sens de ses perspectives panafricaines initiales, regagnant son siège à la faveur du 28e sommet de l’organisation à Addis-Abeba, après un vote favorable de 39 des 54 membres de l’Union.

Quoi de plus légitime pour un membre fondateur qui avait contribué à l’impulsion du premier embryon du panafricanisme!

En 1960, le roi Mohammed V rappelait à Rabat, devant Patrice Lumumba, héros de l'indépendance de l'actuelle République démocratique du Congo, auquel il apportait tout son soutien, la nécessaire unité du continent. «Une unité qui ne signifie pas la disparition des particularismes des croyances ou des idéologies, et qui doit être, fondée dans la diversité…».

Le 4 janvier 1961, aux lendemains des indépendances, feu Mohammed V réunissait à Casablanca quelques-uns des plus importants dirigeants du continent, de la stature de Gamal Abdel Nasser d’Egypte, Kwamé Nhrumah du Ghana, Modibo Keita du Mali ou encore Ahmed Sékou Touré de Guinée, adoptant une charte de l’Afrique nouvelle, dite «de Casablanca», traçant la voie à la réalisation d’un rêve continental.

Parmi ses objectifs: la consolidation de la paix et de la sécurité, l’élimination de la ségrégation raciale, la liquidation du régime colonial en soutenant, entre autres, l’Indépendance de l’Algérie... (Que dire de plus!)

Depuis, après tant de trahisons et de repentirs, tant de remous et de tensions, n’est-il pas temps pour l’Afrique de relever les défis majeurs de la solidarité et du développement dont le b.a-ba serait la mise en place de la Zone de libre-échange commune, incompatible avec l’entretien malsain d’un conflit artificiel qu’il convient de solder de toute urgence.

Alors là seulement, «au bout de la patience, dit le proverbe africain, il y a le ciel»…

Par Mouna Hachim
Le 23/10/2021 à 10h59