Famille Ben Jelloun

ChroniqueFermer les frontières avec l’Espagne et la France par exemple aurait pu être évité. La fermeture totale relève d’une vue d’esprit rigide et pas assez subtile. Ce qui porte un coup très dur aux opérateurs et agences de voyages, ainsi qu’à la RAM dont la plupart des appareils sont cloués au sol.

Le 17/05/2021 à 11h00

On ne peut que se réjouir à propos de la rigueur qu’a adoptée le Maroc dans sa lutte contre la pandémie. Des décisions fermes, un engagement magnifique du personnel soignant, une solidarité entre citoyens.

La vaccination avance bien. Les précautions sanitaires sont imposées même si certains citoyens manquent de vigilance. Les cas de contamination ne cessent de baisser et presque plus de décès ces derniers jours.

Bien mieux que la France, le Maroc a démontré qu’en temps de crise, il est capable d’être sérieux et efficace. Il a été souvent cité en exemple.

Il a bien fait de fermer les frontières avec une cinquantaine de pays, surtout l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud qui ont été envahis par des variants très dangereux. En même temps, la rigueur n’empêche pas une certaine souplesse selon l’évolution de la situation.

Fermer les frontières avec l’Espagne et la France par exemple aurait pu être évité. Il aurait suffi de n’accepter l’entrée sur le territoire que des personnes qui ont été vaccinées et testées négatives. Cela n’aurait en aucun cas propagé le virus. Mais la fermeture totale relève d’une vue d’esprit rigide et pas assez subtile. Ce qui porte un coup très dur aux opérateurs et agences de voyages ainsi qu’à la RAM dont la plupart des appareils sont cloués au sol.

Le tourisme souffre lui aussi de cette politique sans nuances. A partir du moment où le vaccin s’est généralisé (20 millions de Français vaccinés), il aurait été tout à fait normal et sans risque de permettre à des Européens vaccinés de venir se reposer dans notre beau pays. Mais la gravité que constitue cette pandémie rend aveugle et favorise des précautions inutiles.

Que faire alors ?

Le fait d’avoir mis en place des vols spéciaux pour rapatrier des Marocains bloqués en Europe est une bonne chose, encore faut-il savoir que ne pourront en profiter que ceux qui ont les moyens de payer dix nuits d’hôtel où ils seront en quarantaine. Cela exclut beaucoup de gens. A moins que le gouvernement ne prenne en charge cet isolement obligatoire.

Alors, le gouvernement devrait réfléchir à changer de politique en se concertant avec les professionnels du tourisme. On ne peut pas condamner plusieurs corps de métier dont dépend le tourisme alors que des solutions existent pour ouvrir les hôtels et permettre aux futurs touristes vaccinés d’arriver.

Ce n’est pas grave de se tromper et de reconnaître ses erreurs. La reconduction de l’état d’urgence sanitaire aurait pu considérer que la situation s’est beaucoup améliorée grâce à la vaccination qui atteindra bientôt le tiers de la population.

Dans l’une de mes dernières chroniques, je tirais une sonnette d’alarme, parce que j’avais remarqué un certain laisser-aller dans la vigilance à l’égard du virus. Là, je me permets de lancer un appel aux autorités afin qu’elles reconsidèrent leur position en faisant confiance aux personnes complètement vaccinées désireuses de venir au Maroc. Munis en plus d’un test PCR négatif, elles ne représenteraient à mon avis aucun risque qui aggraverait la situation.

Le peuple marocain est connu pour sa sagesse, son esprit d’ouverture et de tolérance. Il a pris conscience des conséquences multiples et graves de la pandémie. Personne ne minimise les effets de cette crise. Plusieurs secteurs de l’économie sont touchés. Il faut savoir peser le pour et le contre et trouver une solution humaine et réaliste. L’économie touristique est à réparer d’urgence. 

Par Tahar Ben Jelloun
Le 17/05/2021 à 11h00