Mourir pour des idées

Zineb Ibnouzahir

Zineb Ibnouzahir . Achraf Akkar

ChroniqueNe pas condamner l'assassinat de ce professeur, c’est cautionner le fait qu’on puisse répondre par la violence à ce qui ne nous plaît pas, à ce que l’on ne comprend pas, à ce qui ne nous ressemble pas.

Le 18/10/2020 à 11h02

L’horrible assassinat d’un professeur à Conflans-Sainte-Honorine a créé une onde de choc qui s’est propagée en dehors des frontières de France, jusqu’au Maroc. Et bien que certains ne comprennent pas pourquoi ce sujet provoque autant d’émoi sous nos cieux, il est pourtant vital que l’on se sente concernés.

Tuer un professeur au nom de la foi, c’est une abomination qui ne peut laisser personne indifférent, quelles que soient notre nationalité, notre religion ou nos croyances, tant l’éducation et ceux qui en sont les garants sont les gardiens de la civilisation et de ses fondamentaux.

Pourtant, les religions ont bien des choses en commun à commencer par des commandements essentiels, parmi lesquels, l’interdiction de tuer son semblable. Malgré cela, c’est au nom de ces religions que les crimes les plus sanglants ont été commis tout au long de l’histoire. Au nom de cette religion que l’on prétend connaître, que l’on brandit comme un étendard, que l’on se fait un devoir de vouloir défendre, on se permet aussi de justifier des atrocités qui ne devraient pas être.

Il est essentiel de condamner cet acte abominable peu importe notre confession et l’endroit où l’on vit. Car ne pas le faire, c’est tourner le dos à notre humanité et cautionner le fait qu’on puisse répondre par la violence à ce qui ne nous plaît pas, à ce que l’on ne comprend pas, à ce qui ne nous ressemble pas.

Il est grand temps, aujourd’hui plus que jamais, de renouer avec l’art de la discussion, du débat et de la critique car bien que la communication et l’information soient caractéristiques de notre ère, jamais nous ne nous sommes sentis aussi isolés et seuls dans nos bulles. Jamais nous n’avons été exposés à autant de violence visuelle, psychique et verbale que depuis que nous passons notre temps cachés derrière des écrans.

Contrairement à ce que certains avancent, ce n’est pas tant la religion le problème, mais bien l’obscurantisme, ennemi de la foi, de la lumière, des libertés, de l’égalité, de la fraternité et de l’éducation, censée former des cerveaux éclairés, aptes à manier l’art de la critique et de l’autocritique.

La menace que représente l’obscurantisme, nous y sommes tous exposés et confrontés, où que nous soyons, quelles que soient nos croyances, encore plus en ces périodes de crise car ce mal se nourrit de la détresse humaine, de la colère, du ressentiment, de l’injustice, de tout ce qu’il y a de plus sombre en nous et de nos humeurs noires.

Former des esprits érudits et bien construits, c’est barrer la route à cette menace et ne pas risquer que des actes aussi barbares que celui perpétré en France continuent de se produire.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 18/10/2020 à 11h02