Montre-moi ton cinéma et je te dirai qui tuer

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ChroniqueLes gens sont prêts à aller au cinéma, mais à condition qu'ils puissent voir de bons films et dans de bonnes conditions. La preuve, c'est que durant ces semaines européennes, les salles concernées n'ont pas désempli d'un public nombreux, diversifié et très classe.

Le 06/12/2016 à 12h02

Je dois vous le dire une fois pour toutes: je ne suis jamais satisfait ni encore moins fier des titres que je donne à mes billets, et de celui-ci encore moins. Je les choisis un peu par-dessus la tête, et un peu au petit bonheur la chance, et mon plus gros problème c'est que quand j'en ai décidé un, je reviens rarement en arrière. C'est idem pour tout le billet. C'est simple, et pour vous dire toute la vérité, je ne me relis jamais pour ne pas avoir à renoncer à ce que je viens d'écrire. Heureusement qu'il y a les correcteurs qui corrigent mes fautes de frappe et mes coquilles. Pour le reste, tous ceux qui me connaissent savent que je suis incorrigible.

Maintenant que vous êtes au courant de ma méthode de travail, ou du moins ce que je veux bien vous en dire, permettez-moi de revenir au titre de cette chronique. Bien sûr, vous avez compris que je vais vous parler de cinéma. Et comment pouvais-je y échapper alors que depuis presque deux semaines, je suis en plein dedans? Il faut vous dire que ça ne me change vraiment pas beaucoup, puisque je passe le plus clair de mon temps dans les salles obscures. Ce n'est pas tout à fait mon métier, mais disons que c'est un peu ma passion. Un peu même beaucoup, mais là n'est pas tout à fait mon propos.

En fait, j'ai envie de vous dire beaucoup de choses sur le cinéma en général, et celui de notre pays en particulier, mais je ne sais pas par quoi commencer. J'en ai gros sur le cœur, mais j'ai peur de gaffer et de mettre les pieds dans le plat. En vérité, mon statut actuel m'oblige à un devoir de réserve et vous ne pouvez pas imaginer ce que ça me coûte de ne pas pouvoir dire tout ce que j'ai à dire, bref, de ne pas pouvoir... l'ouvrir. En attendant de me libérer un jour, je vais me contenter de vous parler de tout ce que j'ai vécu comme bons moments la semaine dernière et une partie de la semaine précédente grâce aux “Semaines du film européen” qui sont organisées, comme leur nom l'indique, par la Communauté européenne au Maroc et ce, depuis de nombreuses années.

Je ne pourrais pas vous citer ni vous décrire tous les super films qui nous ont été offerts, mais sachez que nous avons été vraiment gâtés. Nous, c'est le public merveilleux qui venait chaque soir dans les salles de Casablanca, de Rabat, de Marrakech et même de Tanger, et qui repartait à chaque fois assouvi et heureux.Tout cela constitue une preuve irréfutable que l'explication qui est souvent donnée par certains esprits chagrins de la désertion des salles au Maroc est absolument fausse.

Non, ce n'est pas vrai que les gens n'ont plus envie d'aller au cinéma. Ils sont prêts à y aller, mais à condition qu'ils puissent voir de bons films et dans de bonnes conditions. La preuve c'est que durant ces semaines européennes, les salles concernées n'ont pas désempli d'un public nombreux, diversifié et très classe.

Ce constat, je suis en train de le vivre et de le vérifier une fois de plus au Festival international du film de Marrakech qui, chaque année, nous fait vivre des moments exceptionnels. Vous n'êtes pas sans savoir que cette édition se déroule sous un temps souvent arrosé, mais il en faudrait beaucoup plus pour dissuader les cinéphiles de la ville, du pays et d'autres pays d'aller voir, matin, soir et nuit, des films exceptionnels venant de pays aussi divers que lointains. J'en profite pour donner mon avis - même si personne ne me l'a demandé - sur pourquoi aucun film marocain n'est dans la compétition de l'actuelle édition du FIFM et sur la polémique qui s'en est suivie.

D'abord, je n'ai jamais été d'accord avec le principe de la présence systématique d'un film marocain dans la sélection de ce festival sous prétexte que «ça se passe dans notre pays». Et alors? Pourquoi le responsable artistique du festival serait-il obligé de choisir obligatoirement un film marocain même si aucun ne répond positivement aux critères de sélection exigés? A mon avis, le fait même d'accepter cette soi-disant «discrimination positive» faisait de nous des néo-colonisés consentants.
Cela dit, au lieu de continuer à rouspéter bêtement contre je ne sais quel diktat et je ne sais quelle exclusion, il vaudrait mieux réfléchir et débattre sur pourquoi nos films sont pour la plupart médiocres ou à peine moyens, et comment sortir de cet engrenage collectif de non-qualité, et commencer enfin à créer et produire des films qui s'imposeront d'eux-mêmes.

En attendant, il faut continuer à aller voir les bons films quels que soient les pays d'où ils viennent, parce que le cinéma est avant tout universel. Quant à moi, je n'ai plus qu'à vous dire vivement un cinéma marocain dont nous serions vraiment fiers et vivement mardi prochain!

Par Mohamed Laroussi
Le 06/12/2016 à 12h02