Exclusivité-Le360. Ep1. Les bonnes feuilles de «Big Data Djihad», un roman de Hicham Lasri

Hicham Lasri montre son cinquième roman, «Big Data Djihad», paru aux éditions Outsiders. 

Hicham Lasri montre son cinquième roman, «Big Data Djihad», paru aux éditions Outsiders.  . Editions Outsiders

Artiste conceptuel et écrivain reconnu, Hicham Lasri fait un retour fracassant avec un cinquième roman, «Big Data Djihad», une déclaration de désamour sur fond de science-fiction et de frictions digitales, mais aussi le récit d’une catastrophe virtuelle, sans oublier une Revenge Fantasy. En voici les bonnes feuilles, un épisode après l’autre.

Le 13/08/2022 à 11h33

«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.

Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.

Bienvenue dans le monde d’après…

«Voilà des maladresses que rien ne saurait expliquer...Par où commencer ? Quand on naît, on sort des entrailles de sa génitrice pour entrer dans la vie tête par-dessous pieds, à tanguer entre les mains d’un médecin quelconque ou d’une pulpeuse sage-femme, et c’est comme ça qu’il faut commencer toutes les histoires. Cul par-dessus tête, jambes bien écartées pour laisser la vie t’enfiler avec sa bite de cheval appelée «Destin». Que d’émotions par le tube digestif. Voilà comment doivent commencer toutes les histoires: par effraction, à la renverse, pour prendre tout le monde de court afin de se donner une marge confortable de fausse intelligence et de minable manipulation narrative.

Je vais commencer mon récit avec son acmé et accepter la pénible, inévitable, lassante dégringolade pour déployer les motivations et les incongruités de la galerie de personnages qui pénètrent ma vie puis sortent de mon champ de vision comme on quitte des toilettes publiques: sans délicatesse, ne laissant derrière soi qu’une odeur de soufre qui t’agrippe les idées comme une crampe.

La vie m’a adoubé la troche à coups de taloches. Adouber signifie taper, frapper, un truc de fiotte maçonnique quoi...

La vie est un truc de tapette!

En fin de compte, c’est une histoire mesquine de braquage, un braquage sans magot et sans déplacement insensé de richesses. J’en suis le responsable, et l’unique témoin. Un braquage sans pragmatisme ni réalisme social. Je ne suis pas un voleur, ni même un criminel. Je me suis retrouvé au milieu des tours et des gigantesques machines à avaler et à chier du Big Data. Non, pas Wikileaks; c’est un braquage et non de la délation. Je ne suis ni un Anonymous, ni un manifestant d’Occupy Wall Street. En fin de compte, Je ne sais pas si c’est un braquage. Ce n’est probablement pas le bon élément de langage. Je n’ai rien dérobé à personne. Sabotage est le meilleur titre des Beastie Boys. Ma boule de cristal n’est pas très cristalline. Ce que j’ai commis est un acte de sabotage, probablement une effroyable action nihiliste et certainement une grasse connerie. J’ai un doute! Ce que j’ai fait n’est pas de la CyberGuerrilla puisque je ne valide pas cette philosophie Bisounours qui en émane: CyberGuerrilla est basée sur une vision optimiste de l’autonomie régnante, sur l’entraide, le partage des ressources, les connaissances participatives, la sensibilisation sociale, la lutte contre l’oppression, la création communautaire et la communication sécurisée. Je ne suis pas caché lâchement derrière un écran et un pseudonyme pour utopiser le monde. Mon action était analogique, old school. Listen all y’all, it’s a sabotage.

J’ai cassé le dos du Nouveau Monde comme on casse un œuf pour laisser sortir le poussin qui se révèle être un dragon. Comme Ben Laden, je suis un accoucheur d’histoire. Cul par-dessus tête. Lui, il a coupé le cordon ombilical du XXe siècle coincé entre les jambes du WTC pour faire naître ce XXe siècle craintif et précautionneux. Mais moi, sans rien détruire, j’ai ralenti ce siècle, pire encore que le coronavirus qui a mis le monde sous séquestre en 2020 pour laisser les chiens errants et les oiseaux jouir du titre de copropriété de la Terre. Donc, oui, hmmm, grrrr,

zzzzz, un sabotage sans cadavre ni destruction? Hmmm... Pas assez commercial, pas assez Coca-Cola. Encore une fois, «sabotage» n’est pas le bon identifiant. L’émotion par le tube digestif est probablement un leurre, comme l’empathie par le tube cathodique. Attention au retournement de situation. «Pragmatique» est un mot plus consensuel; pourquoi ne pas commencer par un peu de pragmatisme blafard? L’expression est moche, elle pique les neurones, mais comme la plupart des humains sont bloqués en mode sommeil à 2% de capacités intellectuelles, il est déjà suffisamment laborieux de garder tout le monde concentré et captivé. Une prise d’otages: c’est déjà mieux...»

Par Le360
Le 13/08/2022 à 11h33