Exclusivité-Le360. Ep4. Les bonnes feuilles de «Big Data Djihad», un roman de Hicham Lasri

Hicham Lasri montre son cinquième roman, «Big Data Djihad», paru aux éditions Outsiders. 

Hicham Lasri montre son cinquième roman, «Big Data Djihad», paru aux éditions Outsiders.  . Editions Outsiders

Artiste conceptuel et écrivain reconnu, Hicham Lasri fait un retour fracassant avec un cinquième roman, «Big Data Djihad», une déclaration de désamour sur fond de science-fiction et de frictions digitales, mais aussi le récit d’une catastrophe virtuelle, sans oublier une Revenge Fantasy. En voici les bonnes feuilles, un épisode après l’autre.

Le 03/09/2022 à 10h32

«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.

Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.

Avant d’attaquer la quatrième de couverture, il est utile de

convoquer l’esprit de tonton Freud pour emprunter son cri de détresse, son hymne masculin démuni: «Les femmes... mais qu’est-ce qu’elles veulent?»

Je ne sais pas tonton...

Je n’en sais foutrement rien.

Je n’ai jamais su, sans oublier que j’ai renoncé à comprendre.

J’ai préféré investir mon temps, ma passion et ma patience

à inventer un trou noir de poche au lieu de m’acharner à comprendre les femmes...

J’ai essayé pourtant...

Un regard,

Mais un regard un peu trop appuyé...

Une main,

Mais une main un peu trop retenue...

Un silence,

Mais un silence un peu trop lent...

Un mot,

Mais un mot qui refuse de se matérialiser...

J’ai essayé, mais un peu trop fort malheureusement.

Vers quinze ans, après avoir abîmé mes yeux et mes chaussettes à me masturber compulsivement, dépareillant mes chaussettes pour toujours, au grand drame de ma mère qui ne comprenait jamais ce qui leur arrivait. Après, je me suis rendu compte que la chaussette n’est qu’un palliatif pour une femme. Je sais, je suis un étudiant brillant mais un humain médiocre.

Mon intelligence a terra formé mon humanité. Quand on apprend à décharger sa semence dans une chaussette, on apprend naturellement à le faire sans autre forme de cérémonie, entre un repas et un livre, en écoutant de la musique. A contrario, une femme-chaussette demande une mobilisation des sens, une attention, un savoir linguistique tacite qui me dépasse. Et puis c’est une addiction: une fois goûtée la chaussette de la femme, on ne peut plus faire marche arrière vers la chaussette-chaussette. Il m’a fallu m’adapter. Survivre. Conquérir. Faire semblant. Fêter la Saint-Valentin. Faire semblant de faire du sport et manger sain. Le masque est devenu de plus en plus lourd, émoussant les traits du vrai visage. La servitude s’est transformée par la grâce de la suspension d’incrédulité en état civil. J’ai traversé une partie de mon adolescence, de mon adulescence, à jouer ce rôle du «geek jovial» en tee-shirt XXL afin de masquer ma boulimie derrière une bonne bouille et ma crasse mentale, derrière des études ésotériques et une culture livresque démonstrative et encombrante. J’ai sauté d’une femme à une autre comme on change ses chaussettes une fois abîmées par la frénésie de l’onanisme. Chaque femme m’a porté à bout de bras pendant quelques mois ou quelques années avant de tomber de fatigue. On achève bien les juments. Comme un parasite, je trouvais la force de faire un dernier saut quantique vers la femme suivante, celle qui allait me consacrer quelques mois ou quelques années en me laissant user son soulier de vair. De temps à autre, je pense à tonton Freud:

Ce que veulent les femmes?

Ça dépend...

Je peux faire une liste de courses, mais ce serait trivial.

Elles veulent des serviettes hygiéniques, un peu d’égard, beaucoup de tendresse, une émotivité rassurante, une épaule large, un ventre mou et une bandaison dure...

Un frigo plein, un évier vide, un compte en banque garni et une belle-mère morte de préférence...

Elles veulent que tu te rappelles de leur date d’anniversaire, de l’anniversaire de la rencontre sur Tinder, de l’anniversaire de la première baise, de l’anniversaire de la première sodomie,

de l’anniversaire du chat de gouttière qui veut occuper ta place

sur le lit, mais elles veulent aussi que tu oublies leurs bourdes,

leurs bourrelets, leurs promesses pas tenues, leur incapacité

à honorer la promesse d’arrêter de fumer ou de mettre des

prothèses mammaires...

La liste est longue.

La mémoire est courte.

Il est temps de commencer par un peu de mélodrame...

Par où commencer?

Par Le360
Le 03/09/2022 à 10h32