Exclusivité-Le360. Ep6. Les bonnes feuilles de «Big Data Djihad», un roman de Hicham Lasri

Hicham Lasri montre son cinquième roman, «Big Data Djihad», paru aux éditions Outsiders. 

Hicham Lasri montre son cinquième roman, «Big Data Djihad», paru aux éditions Outsiders.  . Editions Outsiders

Artiste conceptuel et écrivain reconnu, Hicham Lasri fait un retour fracassant avec un cinquième roman, «Big Data Djihad», une déclaration de désamour sur fond de science-fiction et de frictions digitales, mais aussi le récit d’une catastrophe virtuelle, sans oublier une Revenge Fantasy. En voici les bonnes feuilles, un épisode après l’autre.

Le 17/09/2022 à 12h01

«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.

Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse Internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.

Le gradé me rappelle à la réalité. Il a fait pousser une moustache à force de pousser des cris et des idées dans sa petite tête. Il se demande pourquoi la police du monde entier cherche à me confondre. Mais la vraie question est : comment j’ai fait pour remettre tous les compteurs à zéro ? L’impuissance spéculative du gradé le pousse à me haïr sans aucune netteté, une colère ni tranchante ni claire. Des rognures d’arguments sans rien du tout comme garniture. Du vide ! Que des niaiseries qui fermentent paisiblement dans sa petite tête toute sordide de petit bourgeois sans imagination qui, pour ne pas rêver, se met chaque nuit un bandeau sur les yeux au lieu de fermer les volets. Face à moi, il pagaie dans le couscous.

- C’est toi, ou c’est pas toi ?

Il tient à son tragique, le saligaud. Il confond avec une promotion ou une médaille. On fait le fanfaron ? C’est coquer dans la fesse étrangère qui donne cette vigueur. Cette bite en étendard ! C’est de sentir la chatte d’Interpol, du FBI, de la CIA, des Nations Unies et que sais-je qui te donne cette trique, mon petit satyre ? Petit tourmenté du périnée ! C’est les grosses cuisses de jument et les nichons montés sur des scies sauteuses qui te rappellent le bon souvenir d’une libido professionnelle synonyme d’avancement. Avancer, avancer ! Une politique d’étron !

Que du jus de caca encore. On fait du zèle ? On se décarcasse ? On sue et on fait des effets de manche comme un avocat miteux ? À la base, il ne dit jamais plus d’une phrase à la fois, il doit être poitrinaire, il manque de souffle ou de mots ; toujours une question de munitions avec ces agents de la paix.

- C’est toi, avoue !

Il me fait son numéro. Je le vomis en le regardant comme sur un vieux tube digestif cathodique encombrant dont je coupe le son pour admirer le spectacle. Et il y va, le con, il fait le flic avec moi, prétexte à fariboles chorégraphiques, déhanchement d’épaules et violentes tambourinades.

Histoires, enquêtes, angoisses. Il me jette ses émotions sur le visage comme si c’était un gant de hammam pour un duel après la prière de l’aube. J’ai presque envie d’applaudir quand il marque la pause pour laisser glisser un filet de sueur sur son front avant de continuer le numéro en glissando. J’ai l’impression de me faire pomper par cet ignoble halluciné embruiné.

Je me touche la bistouquette ! Présent ! À bout de souffle, le gradé termine son numéro de claquettes sans apothéose. Ses subalternes, la vermine qui grouille autour de nous, sont admiratifs et terrorisés. Ils commencent à remuer sur le cadavre de cette petite mise en scène.

- Avoue !

Il joue au dur pour enfoncer du gras. Que du mou et du raplapla, que du mou !

Derrière le gradé, il y a sa secrétaire qui sort de sa brume, incapable de fabriquer une phrase cinglante et définitive pour me remettre à ma place et m’obliger à courber l’échine face à l’autorité. Elle se jette sur moi et me gratifie d’une gifle qui coupe court à l’agonie de la mollesse narrative qui nous plaque contre le plancher du récit et l’empêche de décoller. Le silence qui s’ensuit coupe court au bavardage masculin, rallonge la sauce du passage à tabac féminin. Ça reste de la brutalité policière que la caméra de surveillance garde au chaud dans les circuits du disque dur. La grognasse n’a probablement pas de vocables, mais elle a des couilles, plus que ses collègues...

Par Le360
Le 17/09/2022 à 12h01