Grande première: un roman israélien traduit en arabe sera vendu au Maroc

Tranche, première et quatrième de couverture de La Fille à la Chemise bleue, de Gabriel Ben Simhon, premier roman israélien traduit en arabe.

Tranche, première et quatrième de couverture de La Fille à la Chemise bleue, de Gabriel Ben Simhon, premier roman israélien traduit en arabe. . DR

Un vent nouveau souffle sur le monde de l’édition avec, pour la première fois, la traduction en arabe marocain d’un roman israélien, qui sera également commercialisé au Maroc.

Le 20/01/2021 à 16h41

La Fille à la Chemise bleue raconte l’histoire d’amour entre un garçon immigré du Maroc et une Sabra (soit une Israélienne née en Israël), amoureuse d’un survivant de l'Holocauste, dans le contexte des premières années de l'Etat d'Israël et de la grande aliyah depuis le Maroc.

Ecrit par le Professeur Gabriel Ben Simhon, et publié en 2013 aux éditions Yedioth Books, ce roman a été traduit en arabe et sera prochainement commercialisé au Maroc, a annoncé dans un communiqué, hier, mardi 19 janvier 2021, l'Université de Tel-Aviv, où cet universitaire enseigne. Le roman a été sélectionné pour sa traduction à l'arabe par le Professeur Mohammed Elmedlaoui, de l'Université Mohammed V de Rabat. Mohammed Elmedlaoui "suit et étudie les travaux de Ben Simhon en littérature et au théâtre depuis de nombreuses années", explique l’Université de Tel-Aviv. Le roman de Gabriel Ben Simhon a donc été traduit par un étudiant de l'universitaire marocain, le Dr. Ayashi Eladraoui.

"C'est la première fois qu'un roman israélien est traduit en arabe au Maroc", se félicite l'établissement universitaire, sur le site duquel l’auteur a confié sa vive émotion, en expliquant "avoir le sentiment d’avoir réalisé un rêve", car "en tant que Juif marocain", originaire de Sefrou, le fait que "[ses] œuvres soient lues dans [sa] ville natale est pour [lui] une grande fierté".

Sans compter, explique le romancier, qui est aussi professeur à l’Ecole de cinéma et de télévision Steve Tisch de l’Université de Tel-Aviv, qu’au cours de sa carrière universitaire, il a "beaucoup étudié la culture marocaine, qui a toujours eu une place spéciale dans [son] cœur", pour la richesse et la diversité qui la caractérisent.

Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, Gabriel Ben Simhon a également annoncé que sa pièce de théâtre Un Roi marocain, produite par le théâtre national Habima à Tel-Aviv, lauréate du Prix Lieber pour le théâtre juif classique de l’Université de Tel-Aviv, doit sortir également prochainement au Théâtre national Mohammed V de Rabat.

"J'espère qu'à la suite des accords de paix, d'autres écrivains israéliens verront bientôt leurs romans traduits en marocain", a souhaité, à cette occasion, Gabriel Ben Simhon.

Cette grande première, qui intervient au lendemain de la reprise des rapports diplomatiques entre le Maroc et Israël, a également été saluée par le recteur adjoint de l’Université de Tel-Aviv, spécialiste des affaires du Moyen-Orient, le Professeur Eyal Zisser. "Nous sommes témoins ces derniers temps de l'intérêt croissant porté dans le monde arabe pour Israël et sa culture, en particulier pour les Juifs des pays arabes", a-t-il déclaré.

Un engouement qui n’est pas récent selon lui, car "nous l'avons vu en Egypte et dans d'autres pays du Moyen-Orient". Le Professeur Eyal Zisser analyse ce phénomène en se tournant vers l’histoire. "L’émigration vers Israël à partir des pays arabes de communautés juives qui y vivaient depuis plus de mille ans a causé de graves dommages économiques dans ces pays. Il n'est donc pas surprenant que nous voyions émerger, dans le contexte des accords de normalisation des relations diplomatiques, l’expression de la nostalgie d’un passé dans lequel Juifs et Musulmans vivaient ensemble. A cet égard, la traduction du livre du Professeur Ben Simhon en arabe marocain constitue une étape supplémentaire dans le processus de rapprochement des cœurs", conclut Eyal Zisser.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 20/01/2021 à 16h41