Homme de toutes les «premières», le grand intellectuel Abdelkrim Ghallab n’est plus

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Le grand journaliste, écrivain, militant et intellectuel marocain Abdelkrim Ghallab a rendu l’âme, dimanche soir 13 août, à El Jadida. Avec lui, c’est un véritable livre sur une grande partie de l’Histoire du Maroc qui se ferme.

Le 14/08/2017 à 11h15

Il aura été aux avant-postes de bien des combats: il y a d’abord eu la lutte pour l’indépendance, puis pour la démocratie et ensuite pour la culture et le savoir au Maroc. Grand journaliste, écrivain, militant (notamment au sein de l’Istiqlal) et intellectuel, fervent défenseur de la langue arabe, Abdelkrim Ghallab n’est plus. Il a rendu l’âme dans la soirée de dimanche à El Jadida. Il avait 98 ans. Le défunt sera inhumé demain mardi après-midi à Rabat.

Né en 1917 à Fès, Abdelkrim Ghallab a fait ses études à Al Qaraouiyine avant de les poursuivre à l'Université du Caire. Il fait partie des fondateurs de l'Union des écrivains du Maroc (UEM) qu'il a présidée de 1968 à 1976. Il appartient également à la première génération d'écrivains marocains et arabes contemporains. Tout comme il a occupé des rôles avant-gardistes au sein de l'école du mouvement national.

Un militantisme qu’il exprimait chaque jour dans Al-Alam, quotidien du parti de l’Istiqlal qu’il a dirigé pendant plusieurs décennies jusqu'au début des années 2000, notamment à travers son éditorial «Maâa Chaâb» (Avec le peuple, NDLR), véritable référence en la matière et rubrique des plus lues pendant des dizaines d'années.

Outre des articles de presse et d'opinion ou d'analyses, Abdelkarim Ghallab est l'auteur de plusieurs écrits ayant enrichi la bibliothèque arabe: des romans, des nouvelles, des biographies, sans oublier ses études sur l'Islam, la linguistique et la pensée. Parmi ses œuvres majeures, on notera Nabadat Fikr, Fi Athaqafa Wa Al Adab et Fi Al Fikr A-Ssiassi, et les romans Dafana Al-Madi, Lem'allam Ali et Akhrajaha mina Al Janna.

Membre de l'Académie du royaume du Maroc, il a été honoré, en janvier dernier, par cette même institution qui lui a décerné son Prix d’honneur en signe de récompense pour l'ensemble de ses œuvres littéraires et culturelles et son parcours patriotique et politique.

De ses récents combats, l’Histoire retiendra sa position ferme quant au maintien de l’arabe classique comme langue d’enseignement au Maroc, au moment où, en 2015, certains plaidaient pour l’introduction de la darija. Comme on notera sa prise de position, en pleins événements d’Al Hoceima. Avec 41 autres hommes politiques, intellectuels et acteurs associatifs de premier rang, il figurait, en juin dernier, parmi les signataires d’un plaidoyer en faveur d’un retour au calme et de la satisfaction des revendications de la population de cette ville et de sa région. Autant dire que, fidèle à lui-même, il aura véritablement été de tous les combats dont il était convaincu. Jusqu’au bout.

Par Youssef Bellarbi
Le 14/08/2017 à 11h15