La CMOOA célèbre les légendes du "mouvement de Casablanca" avec une vente aux enchères d’envergure

Avec "Legends", la CMOOA rend hommage aux pionniers du "Mouvement de Casablanca".

Avec Legends, la CMOOA rend hommage aux pionniers du "Mouvement de Casablanca". . DR

J-1 pour la nouvelle vente aux enchères de la CMOOA, samedi prochain, 10 avril 2021 à 17 heures. Son catalogue de présentation regroupe l'ensemble des oeuvres qui seront proposées sous le titre générique de "Legends". Une vente qui revisite le "Mouvement de Casablanca", l’un des plus importants courants artistiques marocains du XXe siècle.

Le 09/04/2021 à 06h57

Mohamed Melehi, Farid Belkahia, Mohammed Chabaâ, Jilali Gharbaoui, Chaïbia Tallal, Mohammed Kacimi, Mohamed Hamidi, Miloud Labied… L'ensemble des artistes figurant dans le catalogue de cette vente aux enchères organisée par la Compagnie marocaine des œuvres et objets d'art, (CMOOA), ont participé à l’édification de la récente histoire, à la fois riche et complexe, de l’art marocain et peuvent être considérés à juste titre comme des légendes.

Au-delà de l’hommage rendu à Mohammed Melehi quelques mois après sa disparition survenue en octobre 2020, le catalogue de cette manifestation, qui présente 29 lots d'exception, entend aussi apporter un éclairage sur tous les autres artistes qui ont été associés au "Mouvement de Casablanca", notamment ceux qui ont fréquenté l’école des Beaux-Arts de Casablanca en tant qu’étudiants, entre 1966 et 1972 et qui ont joué un rôle déterminant, à l'instar de Ghattas Abdelkrim, Rahoule Abderrahman, Houssein Miloudi ou Abdallah El Hariri.

On retrouve ainsi à travers cette vente, l’opposition entre le Groupe de Casablanca, qui souhaitait lutter contre une peinture jugée émotionnelle, héritée de l’abstraction lyrique européenne, pour favoriser l’émergence d’une peinture dite "intellectuelle" et "rigoureuse", ou encore des œuvres de Jilali Gharbaoui, qui était en marge de cette dynamique artistique des années 60, largement portée par le trio Belkahia-Chabâa-Melehi.

© Copyright : DR

Au cours de cette vente, seront aussi présentées des œuvres de Mohammed Kacimi et Miloud Labied, dont le geste artistique s’est transformé après leur ralliement vers 1970 aux idées du "Mouvement de Casablanca", mais aussi Chaïbia Tallal, parce qu’elle fait indéniablement partie de cette histoire complexe, dont elle représente un autre pendant.

Seront aussi présentés d’autres artistes, qui n’ont été ni enseignants ni étudiants à l’école des Beaux-Arts de Casablanca, mais qui ont apporté, à des moments ou d’autres, une importante contribution à l’art marocain, lors de la création de l’AMAP en 1972, ou au cours de la biennale de Bagdad de 1974, ou encore lors de l’exposition transmaghrébine de 1975, mais aussi durant le festival d’Asilah en 1978.

Autant d’artistes de légende qui ont contribué au triomphe de la scène artistique des années 1960-1970 en inventant un nouveau langage plastique et en interrogeant autrement la modernité post-coloniale.

Parmi les oeuvres phares de cette vente, "Space Station, New York", acrylique sur toile réalisée en 1963 par Mohamed Melehi, ou une composition datée de 1964 de Jilali Gharbaoui.

© Copyright : DR

Une vente aux enchères d’exception, qui s’inscrit dans un calendrier mondial où les artistes marocains brillent par leur présence. En effet, pour la première fois de notre histoire, l’art marocain sera visible en trois musées importants au même moment: une rétrospective dédiée à Farid Belkahia au Centre Pompidou (la première dédiée à un artiste arabe), une exposition collective intitulée "Trilogie Marocaine" au musée Reina Sofia à Madrid, et enfin une grande exposition consacrée à Mohammed Chabâa au Cultural Center d'Abu Dhabi.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 09/04/2021 à 06h57