Le Maroc de Delacroix s'expose à Paris

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C’est un véritable coffre à trésors que Dominique de Font-Réaulx a ouvert pour exposer, dans l’atelier-musée dédié à Delacroix, place de Furstenberg, à Paris, les objets rapportés du Maroc, en 1832, par l'artiste.

Le 11/11/2014 à 17h30

C’est un véritable coffre à trésors que Dominique de Font-Réaulx a ouvert pour exposer, dans l’atelier-musée dédié à Delacroix, place de Furstenberg, à Paris, les objets rapportés du Maroc, en 1832, par l'artiste. Un coffre peint dont cette femme qui tient avec un amour infini ce délicieux musée a révélé les secrets: des carnets de croquis et d’aquarelles déployant l’atmosphère feutrée des soirées au camp mais, aussi, une multitude d’objets d’artisanat qui s’avèrent être bien plus que des souvenirs ramenés par l’artiste de ce mémorable voyage qui restera majestueusement inscrit dans l’histoire de l’art. Ces objets l’accompagneront en effet toute sa vie, jusqu’à son dernier souffle. Car les boiseries travaillées, poudrières brodées, plats de Fès, fusils marquetés, sabres typiques, cuirs et autres merveilles soigneusement gardées reviendront dans les œuvres qu’il réalisera plus tard, et ce trente ans durant. Des objets qu’il reprendra en les détournant en fonction des scènes qu’il figure.

Fasciné par les orientalistes qui l’ont précédé, Eugène Delacroix a minutieusement observé leurs objets d’étude, notamment ceux renvoyant à l’Egypte, la Syrie, la Grèce, la Grèce ou encore Constantinople, tels qu’on les trouve chez Jules-Robert Auguste ou chez Dupré. Mais le Maroc restera pour lui une expérience unique. Celle d’une rencontre avec un pays ayant échappé à la présence ottomane et jouissant d’une authenticité unique. Un pays dont il s’éprendra de la beauté et de la simplicité, de la philosophie de ses hommes. «Ces gens-là ne possèdent qu'une couverture dans laquelle ils marchent, dorment et sont enterrés, note-t-il. Et ils ont l'air aussi satisfaits que Cicéron le devait être de sa chaise curule», dira-t-il, ajoutant que «L'Antique n'a rien de plus beau.» Rien de plus beau que ces traditions et mémoires vives, qui traversent, au Maroc, les temps comme un défi. Traditions équestres, vestimentaires, musicales, que ce grand artiste immortalisera en les ancrant, à travers ses chefs-d’œuvre, dans les mémoires du monde.

Par Bouthaina Azami
Le 11/11/2014 à 17h30