L'historien d'art Bert Flint tire sa révérence à Marrakech, dans son musée Tiskiwin

Bert Flint, 1931-2022 - Marrakech

Bert Flint, 1931-2022 - Marrakech . DR

Le 02/11/2022 à 20h40

VidéoL'historien de l'art hollandais, Bert Flint, grand passionné du Royaume, est décédé hier mardi 1er novembre 2022, dans sa maison-musée, à l'âge de 91 ans. Retour sur le parcours d'un amoureux du Maroc qui a marqué en lettres d'or une partie de l'histoire de l'art en travaillant sur la convergence entre l'art rural et l'art contemporain.

Bert Flint est décédé hier, mardi 1er novembre 2022, à Marrakech, à l’âge de 91 ans. Cet historien de l'art hollandais, arrivé à Tanger en 1954 pour un bref séjour, est tombé amoureux du Maroc et ne l’a plus quitté. Ses rencontres, en 1955 d’abord, dans cette ville du Nord du Maroc avec l’artiste peintre Mohamed Melehi et Mohammed Benaissa, fondateur du Moussem d’Asilah, et ensuite avec l'artiste-peintre Jacques Azema à Marrakech, seront décisives dans son parcours.

«Lors de mon premier voyage au Maroc en 1954, j’ai découvert que l’architecture et la décoration de nombreuses demeures privées d’anciennes villes du Maroc se rattachaient à la même tradition artistique que celle ayant inspiré l’Alhambra. J’ai été émerveillé de voir que les habitants de ces demeures menaient une vie guidée par la quête quotidienne de la beauté et de l’élégance dans le geste. La tradition andalouse, telle que vécue au Maroc, s’est révélée à moi comme un modèle de vie et c’est pour m’initier aux différents aspects de cette tradition citadine si accomplie que j’ai décidé de m’installer à Marrakech en 1957», raconte Bert Flint dans l’un de ses écrits.

Ce sont ces mêmes rencontres qui vont favoriser son entrée en 1965 à l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca où il enseignera durant deux ans. Ces années seront ponctuées par des voyages et des visites de terrain dans le Sud du Maroc pour ses travaux de recherches et d'enquêtes. C'est à cette époque, qu'il constitue une belle collection de bijoux, tissages, bois sculptés qu'il expose en 1967 à la Coupole, à Casablanca.

Il découvre donc rapidement la riche culture rurale marocaine et en devient un ardent défenseur. Il ouvre, en 1996, son propre musée (dans sa maison) à Marrakech, le musée Tiskiwin, qu’il finance de manière autonome et où il partage avec le public une collection comprenant des costumes, des bijoux, des meubles, des tapis, des textiles, provenant principalement de la vallée du Souss et de la région subsaharienne du Maroc.

«Un groupe de chercheurs et de commissaires d’exposition au Maroc et à l’international, dont je fais partie, s’attache à restituer la pensée de Bert Flint dans une perspective contemporaine. Fatima-Zahra Lakrissa et Maud Houssais co-dirigent un ouvrage retraçant l’aventure de l’école de beaux-arts de Casablanca, à travers une pluralité de récits, d’expériences et d’acteurs, dont Bert Flint constitue une des figures majeures, à paraître prochainement chez Zamân Books», confie la chercheuse et commissaire d'exposition Maud Houssais.

Au travers de ses collections, Bert Flint témoigne des liens profonds qui unissent le Maroc et sa culture au monde subsaharien. Une grande partie de sa collection de tapis a été cédée à la Fondation Jardin Majorelle et est exposée dans des expositions temporaires au musée Yves Saint Laurent de Marrakech.

Par Qods Chabaa
Le 02/11/2022 à 20h40