Prix Goncourt: Leila Slimani grande favorite

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Le prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone, sera décerné jeudi. Deux romancières, la Franco-Marocaine Leïla Slimani et la Française Catherine Cusset, sont jugées favorites pour le remporter.

Le 02/11/2016 à 12h49

Ce pronostic, forcément hasardeux, émane de 14 critiques littéraires contactés par le magazine spécialisé Livres Hebdo. Six d'entre eux ont estimé que Leïla Slimani serait récompensée pour "Chanson douce" et quatre que la primauté serait donnée à Catherine Cusset pour "L'autre qu'on adorait". Les deux ouvrages, sont, notons-le, publiés aux éditions Gallimard.

Cela dit, deux finalistes masculins, le rappeur franco-rwandais Gaël Faye avec "Petit Pays" (Editions Grasset) et le Français Régis Jauffret avec "Cannibales" (Editions Seuil), espèrent déjouer ces pronostics.

Chouchou des critiques, Leïla Slimani "offre" pourtant "un profil idéal: femme, jeune, talentueuse, médiatique" pour être la lauréate du prix cette année, estime le chroniqueur littéraire de la radio RTL, Bernard Lehut.

"Chanson douce", histoire atroce et extrêmement bien construite, raconte l'assassinat de deux jeunes enfants par leur nourrice. C'est d'ores et déjà un succès de librairie. Deuxième roman de l'écrivain, née au Maroc il y a 35 ans, cet ouvrage se dévore comme un thriller mais peut aussi se lire comme un livre implacable sur les rapports de domination et la misère sociale. En accordant son prix à Leïla Slimani, le jury du Goncourt ferait d'une pierre deux coups, relève Bernard Lehut: "littérairement respectable et commercialement efficace".

L'autre femme en lice, c'est Catherine Cusset, 53 ans, qui avec "L'autre qu'on adorait" offre, selon le patron du mensuel Lire, Julien Bisson, "une oeuvre à la fois littéraire et populaire". Hommage à son ami Thomas Bulot qui s'est suicidé un jour d'avril 2008 à 39 ans, ce livre n'est pas une fiction mais il est "brillant, nourri de lectures proustiennes" pour la critique du quotidien Libération, Claire Devarrieux.

En 20 ans, le Goncourt n'a récompensé que quatre romancières, la dernière en 2014.

Forcément, les hommes n'ont pas dit leur dernier mot. La surprise pourrait venir du primo-romancier Gaël Faye, 34 ans, incontestable révélation de la rentrée littéraire avec "Petit pays", un livre qui se vend très bien en librairie. Lui donner le prix "serait un retour au testament des Goncourt qui souhaitaient encourager un jeune talent", affirme Catherine Fruchon-Toussaint, journaliste littéraire de la radio RFI.

L'autre homme en lice est Régis Jauffret, 61 ans, l'aîné de la bande, qui a déjà derrière lui une oeuvre considérable. "Cannibales" (Editions Seuil) est un livre "à s'en lécher les babines", a estimé Bernard Pivot, qui préside l'Académie du Goncourt. Porté par une écriture très XVIIIe siècle, sa force et sa faiblesse, "Cannibales", recueil de correspondance entre deux femmes machiavéliques discutant sur le meilleur moyen d'en finir avec un homme est délicieusement amoral.

Slimani et Jauffret, sont également en lice pour le Renaudot, prix concurrent du Goncourt, qui sera également attribué jeudi, au même moment et au même endroit que le plus convoité des prix littéraires.

Le verdict, souvent à l'opposé des prévisions, tombera comme chaque année à la mi-journée, dans le restaurant Le Drouant, situé au cœur de Paris et antre des dix membres du jury présidé par Bernard Pivot. Comme d'habitude, rien n'a filtré des délibérations.

Ce prix reste une aubaine pour les éditeurs: en moyenne, il dépasse les 345.000 exemplaires. L'an dernier, il a récompensé "Boussole" de Mathias Enard (Editions Actes Sud), un ouvrage exigeant sur les liens entre l'Orient et l'Occident.

Le 02/11/2016 à 12h49