Wikipédia, le nouveau front de la guerre que mène l’Algérie contre le Maroc

Une véritable guerre numérique oppose les Marocains et les Algériens dans les coulisses de l’encyclopédie en ligne Wikipédia.

Une véritable guerre numérique oppose les Marocains et les Algériens dans les coulisses de l’encyclopédie en ligne Wikipédia. . DR

C’est à une véritable guerre numérique que se livrent les Marocains et les Algériens dans les coulisses de l’encyclopédie collaborative en ligne avec pour objectif, côté algérien, de réécrire l’histoire marocaine, en vue de se l’approprier. Enquête sur le nouveau front dématérialisé que le régime algérien a ouvert contre le Royaume.

Le 10/02/2022 à 10h28

Depuis quelques semaines, les pages Wikipédia qui ont trait au Maroc ont été prises littéralement d’assaut par des pirates informatiques algériens qui en modifient le contenu. Un sabotage dans les règles qui vise à modifier le récit national et l’héritage culturel du Royaume.

Le thé à la menthe ne serait pas marocain mais algérien, idem pour l’huile d’argan (!), les cornes de gazelle, la tanjia marrakchia, la pastilla ou encore, dans un registre historique, cette fois-ci, la dynastie des Almohades… Et la liste est longue. C’est à un véritable travail de réécriture de l’histoire que les trolls algériens s’attèlent, afin de tenter de déposséder le Royaume de son patrimoine historique, endémique, culturel, dans une volonté de se l’approprier.

Ce piratage consiste également à salir l’image du Maroc en introduisant notamment des données erronées dans des articles portant par exemple sur la prostitution, ou encore la pédophilie au Maroc. A contrario, les mêmes rubriques consacrées à l’Algérie sont quant à elles «nettoyées» afin de donner une image propre et respectable du pays.

Pour se rendre compte de l’ampleur de cette véritable guerre qui se livre en coulisses sur Wikipédia, il convient de se rendre dans l’onglet historique qui figure dans chaque page de contenu.

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Apparaissent alors l’ensemble des ajouts, modifications, révocations et suppressions effectuées chaque jour pour un même article par les différents utilisateurs de la plateforme. En rouge les mots supprimés, en vert ceux par lesquels ils sont remplacés… Et en règle générale, sur de très nombreuses pages relatives au Maroc et à sa culture, des dizaines d’actions sont entreprises chaque jour pour remplacer systématiquement le mot «Maroc» par le mot «Algérie». Souvent même, des paragraphes entiers sont supprimés des rubriques.

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Les utilisateurs marocains qui tentent de faire le tri dans ce flot de désinformation sont unanimes: il s’agit de trolls algériens, comme en témoignent leurs pseudos, leurs adresses IP et l’acharnement de ces profils qui n’interviennent que pour tenter de salir l’image du Royaume ou essayer de le déposséder de son patrimoine.

La guerre des mouches algériennes contre les fourmis marocainesCe travail de sape a été dénoncé sur Twitter par plusieurs internautes, utilisateurs de la plateforme Wikipédia, et qui œuvrent autant que faire se peut à contrecarrer les modifications effectuées par les trolls algériens en supprimant le contenu mensonger qu’ils intègrent –et que Wikipédia enregistre– pour le remplacer par de vraies données sourcées.

Le360 est entré en contact avec deux de ces utilisateurs marocains qui sont à l’origine de threads sur Twitter dénonçant ce phénomène. C’est le cas de Rania, qui se présente à nous sur Twitter comme étant une Marocaine née en France, diplômée universitaire en géographie. Contributrice occasionnelle de Wikipédia, la jeune femme nous explique comment elle a découvert le pot-aux-roses. «C'est en m'intéressant de plus près à l'histoire de mon pays d'origine, et donc au patrimoine qui me rend tout aussi fière que son histoire millénaire, que j'ai constaté beaucoup d'incohérences sur Wikipédia et depuis quelques mois, voire des années, je vois que l'Algérie mène une guerre de pillage massif du patrimoine marocain», explique-t-elle.

Pour mieux comprendre comment des utilisateurs peuvent parvenir à modifier du contenu de l’encyclopédie en ligne sans aucun problème, Rania explique que «lorsqu'il y a mention d’une source, le site considère que les informations sont “vérifiées“». Or, dans le cas de certains articles relatifs au patrimoine culinaire du pays, l’utilisatrice marocaine nous apprend que certaines sources ne sont pas du tout fiables puisque «très souvent issues de blogs culinaires ou d’autres sites vraiment pas sérieux».

C’est le cas de pages relatives au caftan, poursuit Rania, dont les sources «font référence à des sites de vente en ligne». Des fois même, des articles de propagande algérienne sont cités comme des sources pour tromper la vigilance des robots de l’encyclopédie en ligne.

Face à cette désinformation, Rania modifie à tour de bras les fausses données qu’elle repère. «J'ai tenté modestement de corriger au même titre que d’autres personnes, mais depuis mon smartphone, ce n'est pas évident, donc je n'ai pas su où ajouter les sources. J'ai constaté que dès que je modifiais une donnée, on supprimait mes corrections pour revenir aux versions initiales», nous explique-t-elle. «Quand les mouches électroniques algériennes surveillent leurs modifications, elles s'assurent que ça reste ainsi et agissent de façon acharnée pour remettre leur version chaque fois qu’elle est corrigée», précise-t-elle.

Autre utilisateur de la plateforme et à l’origine de plusieurs threads à ce sujet, le twitto @lehorla. «Je ne suis pas contributeur à Wikipédia mais simple “utilisateur“ ce qui est tout de même intéressant car je suis dans la position de la plupart des internautes qui peuvent être amenés à utiliser Wikipédia dans le cadre d’une recherche», explique-t-il, contacté par Le360.

Et voici comment celui qui se présente comme un MRE trentenaire «très attaché à [son] pays», a découvert ce piratage de masse et comment il a décidé d’y faire face. «J’avais entendu parler depuis quelques mois, voire des années, de manipulations sur Wikipédia mais sans jamais m’y intéresser dans les détails. C’est en décembre 2021, suite à l’excellente nouvelle de l’inscription de la Tbourida au patrimoine immatériel de l’Unesco, qu’un soir j’ai voulu me renseigner sur le cheval Barbe largement utilisé au Maroc, notamment pour la Tbourida. Ma surprise fut grande en découvrant qu’il existait une section “Maroc“ dans l’article mais quelle était vide», explique-t-il.

Et de poursuivre, «j’ai alors décidé de m’intéresser au système Wikipédia et j’ai parcouru l’historique des modifications de l’article. Cet historique montrait qu’un utilisateur dont le pseudo est Wahran18 était l’auteur des suppressions. Ce “contributeur“ Wikipédia est l’auteur de 50.000 modifications qui concernent toutes des pages relatives à la culture marocaine: tajine, caftan, etc.». Pas moins de 50. 000 modifications pour un seul homme, cela semble difficile à croire et donne une idée de la guerre de masse que mène le régime algérien contre l’histoire et le patrimoine marocains.

Cet utilisateur marocain décide alors de signaler ces comportements à la direction de Wikimédia France (association qui dirige entre autres projets l'encyclopédie en ligne Wikipédia) mais celui-ci ne s’attendait pas à la réponse qui lui a été faite. «Suite à un tweet en décembre 2021, j’ai eu un échange avec le DG de Wikipédia France peu fructueux, puisque pour lui, c’est aux internautes marocains de contribuer pour corriger s’ils jugent nécessaire de le faire. J’ai trouvé sa réponse plus que non appropriée, car dès que quelqu’un “corrige“, les armées de trolls algériens passent derrière pour altérer à nouveau l’article. Il y a clairement un problème de modération qui est quasi-inexistant sur cette encyclopédie en ligne!». 

Certes, conçoit-il, «il existe bien un système de protection des articles (cadenas) mais qui n’est pas du tout pertinent. Si je prends l’exemple de l’article sur le thé à la menthe, il est semi-protégé. Ce qui signifie que seuls les contributeurs qui ont plus de trois mois et 500 contributions peuvent modifier l’article. Ce qui est évidement une condition très facile à satisfaire pour une organisation mal intentionnée».

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C’est précisément ce à quoi le Maroc fait face, selon cet interlocuteur, qui nous explique avoir «constaté une véritable offensive concernant la culture marocaine sur les réseaux depuis disons deux ans». Ainsi, poursuit-il, «on peut dire que depuis l’épisode d’El Guerguerat, la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara et le rétablissement des relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv, sur la Toile la violence des trolls algériens s’est décuplée».

Wikimédia France et Wikimédia Maroc, deux visions différentes du problèmeFace à l’ampleur prise par cette polémique sur la Toile marocaine Pierre-Yves Beaudouin, président de la fondation Wikimédia France, est entré dans la danse. Wikimédia foundation, qui possède des relais dans plusieurs pays dont la France, est l’organisation qui héberge l’encyclopédie libre Wikipédia mais aussi d’autres projets tels que Wiktionnaire, Wikibooks, Wikimédia commons, etc…

A un tweet de Rania qui écrit: «la suppression d'une vraie information qui semble pertinente. Yves Saint Laurent a connu le caftan une fois à Marrakech, c'est écrit sur le site d'YSL. Pourquoi supprimer cette information? Ont participés à ces modif. “Waran18“ et “kingDZ“», Pierre-Yves Beaudouin répond: «Y'a 130 courageux volontaires, qui au lieu de s'indigner sur les réseaux sociaux, se sont formés, font des recherches bibliographiques, améliorent les articles et modèrent l'encyclopédie». Une «encyclopédie»? Rêve-t-on là? 

Un message et un ton qui ne passent pas auprès des internautes marocains. Pierre-Yves Beaudouin rétorque alors «je vois surtout des personnes faire n'importe quoi sur Wikipédia parce qu'elles ne connaissent pas les règles de fonctionnement de l'encyclopédie car on ne peut pas écrire n'importe quoi sur Wiki. Les modérateurs n'arrêteront pas de supprimer ces modifications non sourcées».

S’ensuivent plusieurs échanges houleux entre le président de la fondation Wikimédia France et la twittosphère marocaine, qui ne comprend pas que ce piratage en règle des pages marocaines ne soit pas pris en compte par la plateforme.

Le360 a donc contacté Pierre-Yves Beaudouin pour en savoir plus sur sa position. Nous orientant dans un premier temps vers Wikimédia Maroc, celui-ci a tout de même accepté de répondre à nos questions. «Tout d'abord je ne constate pas de travail de désinformation actuellement sur les pages mentionnées sur les réseaux sociaux. Il s'agit surtout de modifications annulées car les personnes ne maîtrisent pas le fonctionnement de Wikipédia et ne veulent visiblement pas se former», nous répond-il d’emblée, en faisant référence aux informations non sourcées ajoutées au contenu.

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Questionné sur le rôle de modération et le travail des administrateurs, censés garantir la crédibilité du contenu de la plateforme, et dont il fait d’ailleurs partie, nous apprend par ailleurs une source marocaine, celui-ci explique que «la modération est faite par des bénévoles principalement, il y a également un peu d'outils (un robot et des filtres). Les administrateurs ont le pouvoir technique de protéger les articles et bloquer les contributeurs». Et de préciser dans le cas des administrateurs, qu’«il s'agit sans doute de Français, car la communauté francophone est essentiellement constituée de français (5000 versus 130 Marocains et Algériens)».

Pierre-Yves Beaudouin, qui tient à préciser que «les organisations Wikimédia n'ont aucun pouvoir sur Wikipédia» et qu’il n’est donc pas «le responsable de la Wikipédia francophone», nous affirme par ailleurs ne rien avoir vu «de particulièrement répréhensible» dans ce que dénoncent pourtant les utilisateurs marocains.

S’excusant enfin d’être un peu sec dans ses réponses, le président de Wikimédia France se dit «conscient des rivalités entre le Maroc et l'Algérie», mais concrètement, «il n’y a quasiment personne qui contribue à Wikipédia depuis ces deux pays. Et visiblement personne ne souhaite se former, faire des recherches bibliographiques, créer et améliorer les articles. Je suis conscient que ça prend du temps. Mais quand je vois le temps passé sur les réseaux sociaux par certains, ça me désole car Wikipédia peut être un outil pour promouvoir sa culture, ses passions, son pays».

Et de conclure, qu’en attendant «ce sont généralement les Français qui rédigent les articles sur le Maroc et l'Algérie. Ou bien il n’y a pas d'articles. Voilà la réalité».

Pour en avoir le cœur net, nous avons contacté Ismael Zniber, cofondateur de Wikimédia Maroc (créé en 2015) et contrairement à son homologue français, celui-ci a constaté un travail de sabotage patent de la part d’utilisateurs algériens de l’encyclopédie collaborative en ligne.

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«C’est un véritable cheval de bataille» confie-t-il, interrogé par Le360. Pourtant, poursuit Ismael Zniber, «nous avons toujours été assez proches de Wikimédia Algérie avec qui nous avons des rapports assez cordiaux». Mais une chose devient évidente, compte tenu des nombreuses attaques subies par les pages marocaines, «soit Wikimédia Algérie n’a pas forcément conscience de tout ce qu'il se passe, soit il ferme les yeux», explique celui qui a confondé Wikimédia Maroc à une période où tous les pays arabes avaient un portail, y compris l’Algérie qui était déjà bien avancée en comparaison au Maroc, qui n’avait pas encore créé son propre groupe d’utilisateurs.

«Ils sont bien structurés, ils sont plus anciens que nous, ils sont nombreux et je pense que quelque part ils n’ont pas grand-chose à faire (rires), sans compter qu’il y a peut-être une incitation et des fonds qui leurs sont dévoués car ils sont très réactifs. Au Maroc, nous sommes peu nombreux et nous faisons face à des soldats numériques».

La bataille sera dure à remporter pour le Maroc. Et pour cause, si Wikimédia Maroc compte certes quelques milliers d’utilisateurs, «en terme de contributeurs réguliers, on n’est pas plus d’une centaine, car ça reste du bénévolat», poursuit Ismael Zniber. En effet, Wikimédia Maroc, bien qu’affiliée à la Wiki Foundation de San Francisco, ne dispose pas du statut d’association, mais de groupe d’utilisateurs, contrairement à son homologue français qui en tant qu’association dispose de locaux, d’une équipe de salariés à temps plein et de fonds.

«C’est notre talon d’Achille», concède Ismael Zniber qui a bon espoir de voir évoluer cette structure, lui qui a, en tant que rédacteur de la première heure, effectué un travail colossal pour rédiger des pages francophones dédiées au Maroc et à ses monuments en se servant de sources arabophones qu’il traduisait. Une méthodologie qui lui vaudra un véritable bras de fer avec les contributeurs français dont les pages marocaines étaient la chasse gardée et qui se référaient exclusivement à des sources françaises et francophones. A chaque période, son défi…

Comment contrer les soldats numériques?Quels sont les recours pour contrer ce piratage? C’est la question qui se pose et qui pourrait être résolue, partiellement du moins, de bien des manières et sur le long terme.

Dans l’immédiat, «il ya des mécanismes de protection. On peut par exemple contacter un administrateur pour signaler un acte de vandalisme et si c’est un utilisateur qui n’a pas de compte, on va localiser son adresse IP et la bloquer le cas échéant», nous explique Ismael Zniber.

Mais ce travail de signalement demande du temps et ne résout surtout pas le problème. A moins, explique de son côté Rania, d’accepter «que Wikipédia n'est pas une source fiable et le considérer comme un outil de propagande dès qu'il s'agit de sujet de discordes, de patrimoine, de politique... ».

Le dénommé Le Horla sur Twitter considère diverses solutions réalisables en plusieurs étapes, la première étant de dénoncer l’inaction de Wikipédia car, argumente-t-il, «nous faisons la comparaison avec Google et les spams: Google fait un énorme travail pour filtrer les spams sur nos mails. Ce n’est pas à l’utilisateur de le faire».

En terme de proposition, ils sont quelques internautes marocains présents sur la Twittosphère à souhaiter «interpeler le ministre de la Culture», nous informe le Horla. «Nous sommes conscients que son budget de 60 millions de dirhams ne permettra pas de faire des miracles. Mais nous sommes persuadés qu’il y a des solutions non coûteuses. Notre idée la plus avancée serait la mise en place d’un partenariat entre le ministère de la Culture et le ministère de l’Enseignement supérieur, pour la diffusion et la protection de la culture. Ce partenariat se traduirait par l’obligation pour chaque étudiant marocain en Licence, Master, Doctorat de produire/améliorer/corriger des articles Wikipédia. Chacun le ferait dans son domaine d’étude (histoire, littérature, etc.). Les étudiants en langue étrangère pourraient également contribuer dans leur langue d’étude. Pour rendre cette obligation opérante, il faudrait y associer des crédits permettant la validation du diplôme. Le Maroc disposerait alors de dizaine de milliers de contributeurs constamment. Nous pensons que c’est une réponse efficace, formatrice pour les étudiants, bénéfique pour le rayonnement culturel marocain, gratuite».

Une proposition qu’Ismael Zniber soutient et applaudit, d’autant que Wikimédia Maroc l’a d’ores et déjà adoptée en organisant des editathons dans des ateliers, des écoles, des établissements publics pour encourager les étudiants, les professeurs, les doctorants».

Une initiative qui s’est par ailleurs soldée par la mise en place par le ministère de la Culture, sous le mandat de Othman Ferdaous, d’un prix des meilleures contributions sur Wikipédia, d’un montant de 20.000 DH pour les trois premiers prix dans chaque catégorie.

Reste donc à encourager les contributeurs marocains à maîtriser les outils internes de Wikipédia afin de combattre les trolls algériens sur le même terrain, celui des règles d’une encyclopédie collaborative en ligne.

Mais pour ce faire, entrevoit Ismael Zniber, encore faut-il que les Marocains connaissent leur histoire et lisent davantage. «Il faut mettre à contribution les passionnés, les chercheurs, les doctorants car les Algériens ont peut-être des contributeurs intempestifs, occasionnels et pas professionnels mais si nous avions un bataillon de doctorants celaferait la différence en matière de contenu et de qualité de contenu», explique-t-il.

Reste à mettre à disposition du grand public la documentation nécessaire pour pouvoir rédiger et sourcer les articles, et de facto, de procéder à un vaste travail de numérisation des ouvrages, des archives et de la documentation iconographique disponibles dans les bibliothèques et les différentes fondations du Maroc afin de démocratiser le savoir en le rendant accessible au plus grand nombre. Car il ne faut surtout pas minimiser le travail de sape et de dépossession que mènent les soldats numériques algériens. Ils ont gagné la bataille de la désinformation, mais pas la guerre de la vérité.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 10/02/2022 à 10h28