À Safi, le non-respect du repos biologique impacte la pêche artisanale  

said bouchrit / Le360

Contrairement à Dakhla, ou à Boujdour, le non-respect de la période de repos biologique pour les sardines est de mise à Safi, ce qui entraîne l’érosion des réserves pélagiques. Si l’industrie de la conserve comble ce manque en s’approvisionnant auprès des chalutiers du Sahara, c'est la pêche traditionnelle safiote qui en pâtit. 

Le 09/01/2022 à 19h30

Port de Safi, vendredi 7 janvier, aux alentours de 9h30. Des bateaux de la flotte hauturière font leur entrée dans un bassin saturé par des barques traditionnelles. Sur le quai, des caisses de sardines multicolores prennent des jets de glace en attendant d’être embarquées dans des chambres froides, et les pêcheurs ne paraissent pas très satisfaits de leur prise. La plupart s’accordent sur ce qui semble s’imposer, depuis des mois, comme un état de fait: les sardines sont de moins en moins abondantes au large de Safi.

C’est en tout cas le constat remonté par les pêcheurs opérant sur des embarcations artisanales qui opère sur une zone allant jusqu’à 3 miles du littoral. Pour la communauté d'artisans pêcheurs, c’est le non respect de la période de repos biologique —qui s’étale entre décembre et mai— qui serait à l’origine de l’appauvrissement des ressources.

«C’est un phénomène qui prend de l’ampleur depuis des années, et qui perturbe le processus de reproduction des sardines et dont le résultat est visible aujourd’hui sur nos ressources halieutiques dont dépend toute l’économie safiote», tonne Mohamed, membre associatif, en contact permanent avec les pêcheurs. 

Il faut dire que la question de l’exploitation en commun des ressources halieutiques se pose de plus en plus dans le port de Safi. S’il n’est pas encore instauré dans les Abda, un mois de repos est déjà décrété à Dakhla et à Boujdour. A Safi, en revanche, une période de repos est prévue pour le poulpe, mais «elle ne s’applique pas pour les autres produits de la mer, comme les sardines», regrette ce responsable associatif. 

Autre facteur menaçant l’érosion des ressources pélagiques de la ville: le recours à des techniques de pêche peu orthodoxes. L'avidité de certains propriétaires de bateaux de pêche côtière les inciteraient à recourir à des filets plus fins, destinés à la pêche traditionnelle. 

Et si du côté des industriels, il n’y a pas de quoi s'alarmer, c’est parce que les conserveries de la ville ont toujours pour plan B de s’approvisionnement auprès des chalutiers opérant au large de Laâyoune, Boujdour et Dakhla… 

Il va sans dire que la pandémie n’a pas généré une pénurie de poisson au Maroc, et Safi ne fait pas exception, où sur les 65.000 tonnes pêchées chaque année, 60% sont destinés aux unités de valorisation des produits de la mer, alors que le reste est écoulé localement, dans différents points de vente du Royaume. 

D’après le rapport de la performance portuaire de l’Agence Nationale des Ports (ANP) relatif à l'année 2020, avec près de 6,5 millions de tonnes, le port de Safi est le troisième port du Royaume, devant le port d’Agadir, en terme de trafic: c'est 7% de l’ensemble du volume traité. 

Par Ayoub Ibnoulfassih
Le 09/01/2022 à 19h30