Abdellatif Jouahri: «le taux de rejet des banques dans le cadre du programme Intelaka est anormal»

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, lors d'un point de presse à Rabat, le 17 décembre 2019.

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, lors d'un point de presse à Rabat, le 17 décembre 2019. . MAP

Taux de rejet, manque d'accompagnement, cas de fraude, le wali de Bank Al-Maghrib a fait le point sur les résultats du programme Intelaka, ce mardi 21 décembre 2021, à l’issue du dernier conseil de l'année de la banque centrale.

Le 21/12/2021 à 19h44

Abdellatif Jouahri, qui répondait aux questions des journalistes ce mardi 21 décembre 2021, à l’issue de la dernière réunion de l’année du conseil de Bank Al-Maghrib, est revenu sur le bilan du programme de financement Intelaka.

Le gouverneur de la banque centrale a estimé que le taux de rejet des dossiers des porteurs de projets par les banques marocaines est interpellant. «Dans le cadre du reporting qu’on a demandé aux banques, nous avons constaté que le taux de rejet des dossiers est supérieur à 30%. Ce taux n’est pas normal», précise le wali.

Pour le gouverneur de la banque centrale, la raison derrière ce refus important des demandes de financement réside dans le manque d’accompagnement des futurs entrepreneurs, souvent jeunes et méconnaissant les spécificités de l’écosystème national.

«Je me suis réuni la semaine dernière avec les patrons des banques pour discuter de ce sujet. Ce qui ressort de manière permanente, c’est le besoin incessant d’une politique d’accompagnement de ces porteurs de projets pour préparer un dossier bancable», souligne-t-il

Et d’ajouter: «On peut avoir une idée, mais ce n’est pas suffisant, une idée doit être soutenue par un dossier complet qui puisse permettre à la banque d’accorder son financement».

Pour remédier à ce manque de culture entrepreneuriale, Abdellatif Jouahri a fait savoir que la banque centrale est en train de travailler dans le cadre d’une commission avec les Centres régionaux d’investissement (CRI), le ministère de l’Intérieur et le ministère des Finances pour l’élaboration d’un programme d’accompagnement adéquat aux entrepreneurs, notamment à travers la labellisation des partenaires des CRI qui pourront assister les porteurs de projets.

«Nous avons un projet pilote au niveau du CRI de Fès-Meknès et nous l’avons monté en collaboration avec la Caisse centrale de garantie pour aboutir à un cadre d’accompagnement à la fois complet et simple pour rendre les dossiers bancables et permettre aux porteurs de projets d’accéder au financement», explique le wali.

Des cas de fraude…Revenant sur les cas de fraude qui ont été constatés dans le cadre de ce programme, le wali de BAM a confirmé que la banque centrale suit ces dossiers. Il a ainsi fait savoir que «certains de ces dossiers se sont terminés devant les tribunaux. On nous a fait part du cas d’une banque qui a poursuivi à la fois le corrupteur et le corrompu, son directeur d’agence a été lui-même poursuivi devant la justice».

Et d’ajouter: «le second cas n’a pas révélé l’existence de fraude et le troisième cas est en train d’être examiné par la banque elle-même, il n'y a pas encore de conclusions».

«Nous suivons de près ce dossier et nous lui accordons toute l’importance nécessaire. C'est quand même un chantier qui a été lancé en octobre 2019 devant Sa Majesté à des conditions qu’on n'a jamais vues sur le plan des taux, des garanties et des catégories à financer, il faut absolument rattraper tout cela», conclut Jouahri.

Par Safae Hadri
Le 21/12/2021 à 19h44