Affaire des engrais phosphatés: OCP kenya enfin blanchie

Le siège du groupe OCP à Casablanca.

Le siège du groupe OCP à Casablanca. . DR

Le tribunal kenyan vient de mettre fin au procès accusant la filiale kenyane du groupe OCP d’avoir importé une cargaison d’engrais phosphatés non conformes à la réglementation. Détails.

Le 09/05/2019 à 12h29

Le Procureur général Noordin Haji a retiré les poursuites pénales engagées contre la société OCP Kenya et quatre de ses responsables, en lien avec l’affaire d’engrais soupçonnés contenir du mercure.

Mieux encore, il a ordonné la libération inconditionnelle de cargaison retenue dans l’entrepôt de Bollore à Mombassa, à condition que OCP Kenya retire sa demande de nouvelle analyse de la marchandise.

Selon Alexander Muteti, directeur adjoint du parquet, le classement de cette affaire intervient suite à un arrangement conclu par les différentes parties à l’issue d’une procédure de négociation de plaidoyer, a affirmé Alexander Muteti, directeur adjoint du parquet, cité par la presse kenyane. Ce dernier a déclaré au tribunal que les poursuites pénales contre Benson Oduor Ngesa, Karimi Nhadji, Malika Kirama, Youne Addi et OCP Kenya avaient été retirées sur-le-champ.

Pour rappel, en juin 2018, les autorités kényanes avaient procédé à la prise d’échantillons et à leur analyse. Suite à cela, elles avaient affirmé qu’il "y avait une forte présence de mercure". La défense du groupe OCP a toujours contesté la légalité de ces tests car ils avaient été menés en l’absence des représentants de sa filiale, ce qui constitue une violation des droits de la défense.

L’avocat de l'OCP n’a cessé de demander à ce que de nouveaux échantillons et analyses soient effectués, en présence des responsables de l’entreprise. Demandes auxquelles les autorités kenyanes s’opposaient fermement.

Suite à l’insistance de la défense de l'OCP Kenya, le magistrat principal de Milimani Law Court, Kennedy Cheruiyot, a rendu, vendredi 15 février dernier, une nouvelle ordonnance de prélèvement d’échantillons et de test d’engrais. L’opération devait avoir lieu le mercredi 20 février. Mais à ce jour, elle n’a jamais été exécutée.

L’ancien directeur général du bureau kényan des standards (Kebs) et dix autres responsables font l’objet d’accusations dans cette affaire. Ils sont poursuivis pour "avoir autorisé l’importation et la livraison à l'OCP Kenya d’engrais non conformes".

L’année dernière, cette bataille juridique avait fait réagir le groupe marocain qui avait décidé de suspendre "temporairement tout acheminement de cargaisons vers le Kenya", après que les autorités de ce pays ont voulu immobiliser une cargaison d’engrais transportée par le navire MV Mykonos Bay.

Le groupe avait également affirmé respecter "scrupuleusement les normes éthiques les plus strictes dans ses pratiques commerciales et ses activités de production". D’ailleurs, le taux de mercure dans les engrais au Kenya est vingt fois inférieur à celui des engrais en Europe, tient à préciser nos sources. Voilà ce qui laisse supposer que cette affaire kenyane, dont les instigateurs cherchent à nuire à la notoriété et à l’excellence des engrais marocains, serait motivée par des intentions malsaines.

Car le groupe OCP, plus qu’un leader mondial des phosphates et produits dérivés, est perçu par bon nombre de pays comme le bras armé du royaume du Maroc dans sa vision africaine. Or, toute la stratégie du groupe OCP repose sur l’incitation à la consommation des engrais laquelle va accroître la rentabilité de l’agriculture africaine et, partant, assurer la sécurité alimentaire du continent. Surtout que toutes les projections démographiques tablent sur un doublement de la population d’Afrique qui va atteindre 2,52 milliards d’habitants à l’horizon 2050.

Par Wadie El Mouden
Le 09/05/2019 à 12h29