Affaire Drapor: Les dessous du rapport d’expertise

Lahcen Jakhoukh accuse son fils d'abus de confiance.

Lahcen Jakhoukh accuse son fils d'abus de confiance. . DR

Revue de presseKiosque360. L’affaire Drapor n’a pas fini de faire couler de l’encre. Et pour cause, quand un père accuse son fils et sa belle-fille et des collaborateurs d’œuvrer contre sa propre entreprise, l'imbroglio prendra sans doute du temps pour être éclairci.

Le 23/10/2014 à 21h49

En exclusivité, le journal Al Akhbar revient sur deux pages sur l’affaire Drapor et surtout sur le rapport d’expertise financière et comptable du groupe de sociétés Drapor. Le quotidien indique, en guise d’introduction, que le Tribunal de 1ère instance de Casablanca a reporté, mercredi dernier, le procès au 31 octobre, à cause de la non délivrance d’une convocation à comparaître à l’un des prévenus.

Al Akhbar revient sur le début de l’affaire de l’une des plus grandes sociétés de dragage de sable dans les ports du Royaume, mais aussi en Afrique subsaharienne, où le fondateur du groupe, Lahcen Jakhoukh, a amassé sa fortune à la force du poignet. Le litige oppose le fondateur du groupe à sa femme, son fils, Tarek, et un autre associé du nom d’Abdelbar M.

Des accusations graves

Selon Al Akhbar, les choses ont tourné au vinaigre quand le fils a pointé du doigt un homme de confiance de son père, un certain Dr Abdelaziz M, soupçonné de vouloir faire main basse sur le groupe. Al Akhbar soutient que cet homme d’affaires a roulé dans la farine plusieurs politiciens et businessmen, la plupart subsahariens, dans de grandes opérations dont l’écho retentit encore dans les colonnes de la presse. «Après cela, sont apparus sur le devant de la scène de grands noms, dont certains assument de hautes responsabilités. Cependant, à la fin, et de façon qui ne sied pas avec les évolutions du dossier et les enquêtes, il a été décidé de mettre en examen le fils Tarek et d’autres personnes sur la base d’une plainte déposée par son père», écrit Al Akhbar.Lahcen Jakhoukh accuse ces personnes d’abus de confiance et d’avoir orchestré des dépenses injustifiées, d’avoir usé des fonds de la société dans des desseins malveillants, de manipulation de données informatiques à des fins de dissimulation, et de favoriser d’autres sociétés au détriment de Drapor. Ils sont aujourd'hui poursuivis en état d'arrestation.

Les preuves manquentSeulement, le père Jakhoukh n’est pas sincère dans tous ses dires. Sur la base des PV de la PJ de 2013 et 2014, Drapor était une seule société avant de se scinder en trois entités : Med Ocean, Rimal et le groupe Drapor World. Mais Drapor World n’est pas détenu par Lahcen Jakhoukh majoritairement, il n’y est qu’actionnaire. Cette société relève de la compagnie Stream Marine, dont 67% des actions sont détenus par Stream Gabon. Le scandale Drapor a éclaté quand la société Rimal a commencé à accuser des pertes, révélant l’un des plus grands détournements de ces dernières années. L’expertise menée par le cabinet CEGEC sur ordre de Lahcen Jakhoukh n’aurait pas été objective, selon Al Akhbar. C’est pour cela que le Procureur du Roi a commandité une contre-expertise le 5 septembre 2013 pour démêler cet écheveau. La défense des prévenus argue, quant à elle, que le fondateur n’a pas l’ombre d’une preuve matérielle. Devant ce chassé-croisé de déclarations et de contre-déclarations, la justice est appelée à faire toute la lumière, en toute sérénité, loin de la pression des lobbyistes.

Par Amine Haddadi
Le 23/10/2014 à 21h49