ALE Maroc-Turquie: les textiliens étouffent

Dans une usine textile en Turquie.

Dans une usine textile en Turquie. . DR

Revue de presseKiosque360. S’il y a des marques étrangères qui veulent vendre sur notre marché local, elles sont les bienvenues, mais à certaines conditions, se défend la profession.

Le 02/02/2020 à 20h16

Largement déséquilibré, l’accord de libre-échange conclu entre le Maroc et la Turquie penche clairement, et lourdement, en faveur de cette dernière. De nombreux secteurs en pâtissent. A commencer par le textile, relève L’Economiste dans son édition du 3 février.

Pour sauver ce secteur, «pas moins de 60% des volumes écoulés par les enseignes étrangères sur le marché doivent être fabriqués localement». Il faut également «encourager l’installation d’au moins cinq grands opérateurs turcs dans l’amont textile au Maroc, et instaurer un droit de douane commun de 30% sur les importations textiles de façon permanente», peut-on lire.

C’est du moins ce que propose Mohammed Boubouh, président de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH). «Essayer d’instaurer des droits de douane de 30% dans le cadre d’accords de libre-échange pourrait en interloquer plus d’un. Surtout que de tels accords sont supposés éliminer les obstacles au commerce, avec des droits de douane faibles ou quasi inexistants», remarque le quotidien. Mais «ce que nous demandons est légitime. S’il y a des marques étrangères qui veulent vendre sur notre marché local, elles sont les bienvenues, mais il faut des conditions», précise le président de l'Amith pour qui les droits de douane permettront la création et le développement de marques marocaines orientées vers le marché local.

L’objectif des textiliens est de se réapproprier le marché local, l’essentiel des acteurs du secteur s’étant tourné vers l’export. «Certaines marques marocaines ont, tout de même, réussi à se frayer une place sur le marché local et développer leur réseau de distribution, notamment Diamantine, Marwa, Anaé…Cependant, leurs ventes ne représentent même pas 10% d’un marché local estimé entre 40 et 50 milliards de dirhams», lit-on. «Les importations massives en provenance de la Turquie constituent un frein pour la production locale. Les destructions d’emplois se comptent par milliers. Beaucoup de nos confrères ont fermé. Des centaines d’entreprises ont fermé entre 2016 et 2019», s’alarme Mohammed Boubouh.

Pour rappel, les discussions menées actuellement concernent l’accord dans sa globalité. Des mesures de sauvegarde ont été instaurées jusqu’au 31 décembre 2021 pour protéger le marché local contre les importations massives.Les choses ne s’améliorent pas pour autant. Les grands donneurs d’ordres comme Inditex, qui représentent entre 55 et 60% des commandes réalisées au Maroc (exportations), se tournent de plus en plus vers les textiliens turcs.

Par Maya Zidoune
Le 02/02/2020 à 20h16