Bonne nouvelle pour le gouvernement El Othmani II: la Banque mondiale optimiste pour la croissance au Maroc

De g à d: Mohamed Benchaaboun, ministre de l'Economie et des Finances et David Malpass, président de la Banque Mondiale

De g à d: Mohamed Benchaaboun, ministre de l'Economie et des Finances et David Malpass, président de la Banque Mondiale . DR

Les experts de la Banque mondiale voient d’un bon œil les perspectives de l’économie marocaine. La croissance devrait s’accélérer progressivement pour s’établir autour d’une moyenne de 3,3 % en 2020-2021, prédisent-ils.

Le 12/10/2019 à 14h44

La Banque mondiale vient de publier une nouvelle édition de sa note de conjoncture sur l’économie marocaine. Il en ressort une prévision de croissance de l’ordre de 3,3% durant les deux prochaines années, tirée principalement par les activités secondaires et tertiaires, et soutenue par de substantiels investissements étrangers.

Ci-après, les principales conclusions du diagnostic établi par les économistes de la Banque mondiale:

- D’importants flux d’IDE continueront d’alimenter l’industrie automobile, notamment la nouvelle usine Peugeot (qui doublera à terme sa capacité de production du secteur) ainsi que les services logistiques et commerciaux liés à l’extension du port de Tanger. 

- L’inflation devrait, à moyen terme, se chiffrer autour de 1 % en moyenne.

- Les perspectives à moyen terme supposent des réformes soutenues, notamment pour maintenir la rigueur budgétaire, augmenter les recettes fiscales, améliorer la gouvernance et la surveillance des entreprises d’État, accroître la flexibilité des taux de change et réformer l’environnement des entreprises et les marchés du travail.

- La loi de finances, en cours d’élaboration pour 2020, devrait refléter l’engagement du gouvernement à accroître les dépenses sociales financées grâce au redoublement d’efforts pour mobiliser les recettes et maîtriser certaines dépenses récurrentes.

- La politique de subvention se poursuivra, notamment pour la consommation de GPL. Un système de couverture sera mis en place pour protéger le budget de l’État contre toute flambée des prix du GPL.

L’augmentation de la masse salariale dans le cadre de l’accord sur le dialogue social ponctionnera un total de 14,2 milliards de dirhams sur le budget de la période 2019-2021 (soit 1,2 % du PIB).

Pour maîtriser la masse salariale, le gouvernement entend rationaliser la création de nouveaux postes de fonctionnaires, notamment en optant pour des redéploiements de ressources humaines aux niveaux sectoriel et territorial. Il s’ensuit que le déficit budgétaire devrait légèrement se resserrer pour atteindre en moyenne 3,5 % du PIB pour 2020-2021.

Le solde du compte courant devrait s’améliorer progressivement au cours de la période de prévision à la faveur de la croissance des exportations de produits manufacturés – dont les automobiles, l’agroalimentaire, l’électronique et les produits chimiques – et de la hausse des recettes touristiques, soutenue par la baisse des prix des principaux biens et produits importés.

L’investissement direct étranger se stabilisera autour de 2 % du PIB au cours de la période de prévision. Les réserves internationales nettes devraient rester supérieures à cinq mois d’importations en 2019-2020.

Avec la maîtrise de l’inflation, et faute de réduction imminente des subventions, les revenus réels seront protégés. Mais la réduction de la pauvreté devrait être modeste, compte tenu des perspectives de croissance.

La pauvreté a fortement baissé au Maroc au cours de la première moitié des années 2010. Les prévisions fondées sur le PIB par habitant indiquent qu’elle continuera de reculer, mais à un rythme beaucoup plus lent. L’augmentation prévue des dépenses sociales associée à un meilleur ciblage peut accélérer le rythme de la réduction de la pauvreté au-delà des prévisions actuelles.

9 millions de Marocains risquent de basculer dans la pauvreté

Les risques restent orientés à la baisse, grâce à un solide cadre de politique macroéconomique et à un accord de précaution avec le FMI.

Parmi les risques extérieurs figurent la faiblesse et le ralentissement du commerce mondial, la volatilité des prix des principaux produits de base, auxquels s’ajoute un environnement géopolitique incertain.

Les risques intérieurs comprennent l’impact du changement climatique sur le secteur agricole et la demande sociale d’emplois (en particulier pour les jeunes), de services publics améliorés et de programmes de protection sociale.

Les importations énergétiques pourraient aggraver le déficit commercial si les prix du pétrole continuent d’augmenter, et les retards dans la mise en œuvre des réformes structurelles et financières essentielles pourraient nuire aux possibilités de croissance et ainsi accroître les tensions sociales.

La volatilité économique peut influer sur le bien-être des ménages, en particulier ceux dont les dépenses de consommation se situent juste au-dessus du seuil de pauvreté, car un choc négatif de faible amplitude peut les replonger dans la pauvreté. Le pourcentage de la population exposée au risque de basculer dans la pauvreté varie en fonction du seuil retenu pour les dépenses des ménages.

Avec un seuil de dépenses de 5,5 dollars, le nombre de pauvres et de non-pauvres risquant de basculer dans la pauvreté est étonnamment élevé: plus de 24 % de la population, soit près de 9 millions de Marocains, peuvent être considérés comme pauvres ou menacés de pauvreté.

Par Ayoub Khattabi
Le 12/10/2019 à 14h44