Covid-19: la CNSS évalue les dégâts

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Revue de presseKiosque360. L’impact de la crise sanitaire et bien évidemment économique, générée par la pandémie, risque de se faire sentir dans les prochains mois pour la caisse des salariés du secteur privé.

Le 16/06/2020 à 21h59

Nouvelle étude actuarielle à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale). Et pour cause. L’impact de la crise sanitaire et bien évidemment économique, générée par la pandémie, risque de se faire sentir dans les prochains mois pour la caisse des salariés du secteur privé. Les responsables réunissent donc, actuellement, les ressources et données nécessaires pour élaborer l’étude actuarielle, apprend-on auprès de la CNSS, citée par Aujourd’hui le Maroc dans son édition du 17 juin.

Les résultats de ladite étude permettront de connaître les répercussions directes des difficultés rencontrées par les entreprises du privé dans le contexte actuel. Il sera également question d'avoir une estimation de l’impact de la suspension des cotisations, décidée il y a quelques mois par le gouvernement. En effet, la loi instaurant des mesures exceptionnelles en faveur des employeurs adhérents à la CNSS, ainsi que des employés déclarés et touchés par les conséquences de l’épidémie du coronavirus, avait suspendu le versement des cotisations. Dans le détail, le texte en vigueur actuellement suspend, à partir du 1er mars et jusqu’à une nouvelle date fixée par voie réglementaire, le versement des cotisations de la part des employeurs comme condition nécessaire au versement des allocations et autres prestations fournies par la CNSS aux bénéficiaires déclarés. Autrement, les prestations de la Caisse (allocations, couverture médicale notamment) sont toujours assurées, mais les cotisations patronales et salariales ne le sont pas nécessairement depuis l’application de la nouvelle loi.

Par ailleurs, la validité de la suspension des cotisations n’a pas été indiquée, renvoyant sa fin à une décision réglementaire de la tutelle. Ces développements interviennent à un moment où la viabilité du régime dépend de multiples défis à relever dans les prochaines années. A ce propos, une réforme en deux étapes devient actuellement (sans comptabiliser l’impact de la crise Covid-19 et les résultats de l’étude actuarielle promise) inévitable et urgente. Dans les projections actuarielles disponibles et sous réserve de futures données susceptibles d'accélérer les choses, le premier déficit structurel du régime de retraite de la Caisse nationale est attendu dans moins de quatre années, alors que l’épuisement définitif des réserves suivra en 2038.

Pour prévenir ce scénario-catastrophe, une réforme paramétrique devient incontournable. Le but est d’améliorer la pérennité du régime à court et moyen termes en attendant la réforme systémique large et plus globale. Parmi les pistes préconisées dans la réforme paramétrique, il y a notamment l’amélioration de l’âge légal de départ à la retraite pour les salariés du secteur privé, la revalorisation des cotisations, la révision du plafond de l’assiette des cotisations réservées à la retraite, sans oublier la revalorisation des pensions des retraites elles-mêmes. Sur ce plan, la faiblesse de la valeur des pensions servies fait l’unanimité auprès de tous les intervenants. Une faiblesse qui découle d’ailleurs du caractère exceptionnel et largement dépassé de la gestion des réserves du régime.

Par Fayçal Ismaili
Le 16/06/2020 à 21h59