Crédits & discrédit…

DR

Revue de presseKiosque360. Les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib font état d’une croissance timide de l’encours des crédits bancaires sur une année glissante. Pis, depuis le début de l’année, la tendance est assez alarmante.

Le 02/10/2015 à 02h46

“Les crédits bancaires tiennent bon”. Tel est le titre que s’est choisi Aujourd’hui Le Maroc, dans son édition du vendredi 2 octobre, pour commenter les dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib arrêtées à fin août. Le quotidien, qui se focalise sur les chiffres des emprunts accordés par les établissements bancaires, laisse miroiter une lueur d’optimisme dans un contexte des plus moroses. ALM nous annonce glorieusement que l’encours des crédits bancaires a progressé de 16,3 milliards de dirhams à fin août 2015, comparativement au même mois de l’année précédente. En pourcentage, cela ne représente pourtant qu’un modeste taux de croissance de 2,2% qui «pousse» l’encours global du secteur bancaire à 763 milliards de dirhams. Autant dire qu’il n’y a pas de quoi casser des briques!

Surtout que le classement par objet économique de ces crédits bancaires révèle que plus de 5 milliards sur les 16 milliards d’augmentation, sur une année glissante, proviennent de créances en souffrance. Autrement dit, un bon tiers de la hausse des encours provient de ces emprunts que les banques auraient elles-mêmes du mal à recouvrir.

On peut à cela ajouter que les crédits de trésorerie, en théorie prisés par les entreprises privées à la recherche de fonds de roulement, ont fondu de quelque 6,3 milliards de dirhams sur cette période. Cela reflète quelque part la méfiance des établissements de crédit et leur réticence à ouvrir les vannes à une clientèle entreprise qui peine à joindre les deux bouts.

Sur un autre registre, bien que les statistiques des crédits d’équipement et des crédits immobiliers affichent une timide croissance (respectivement 2,1 et 2,9%) entre août 2014 et août 2015, il suffit de changer de repère temporel par rapport à celui choisi par Aujourd’hui Le Maroc pour voir le côté peu reluisant de ces chiffres. Depuis le début de l’année 2015, les crédits à l’équipement ont reculé de plus de 3,1 milliards et ceux accordés aux promoteurs immobiliers ont reculé de plus de 3,4 milliards. Il n’y a finalement que les crédits à l’habitat et les crédits à la consommation qui ont continué de progresser entre le début de l’année et fin août 2015. En revanche, l’encours des crédits accordés aux entreprises privées (non financières) a reculé de quelque 9,3 milliards de dirhams. Pas très rassurant…

Par Khalid Mesfioui
Le 02/10/2015 à 02h46